La Chronique Agora

Les ravages du « plus haut, plus longtemps »

Fed

Les politiques de la Fed provoquent une dynamique mondiale déstabilisatrice.

Le nouveau mot d’ordre de la Fed « plus haut, plus longtemps » est un gros problème, pour plusieurs raisons. Je vais essayer d’en lister quelques-unes, mais je crains d’en oublier ou d’en sous-estimer. Sans ordre particulier :

C’est un problème majeur dans un monde surendetté, et des pays quasi ingérables coincés comme le Japon et les pays en développement.

« Plus haut, plus longtemps » est un problème terrible pour le yen japonais. Le dollar/yen a clôturé à 148,37, un plus bas de onze mois pour la monnaie japonaise.

La Banque du Japon (BOJ) a désespérément besoin d’entamer la normalisation de sa politique monétaire, mais une nouvelle réunion s’est encore déroulée sans suite. La banque du Japon est dans la seringue.

Ils avaient besoin d’une baisse de l’inflation mondiale pour atténuer la pression de la hausse des rendements des marchés. « Plus haut, plus longtemps » ne fait qu’exacerber les différentiels de taux d’intérêt, exerçant une pression cruciale sur le yen.

La hausse des rendements mondiaux exerce une pression supplémentaire sur le marché obligataire japonais, les achats sous contrôle de la courbe des rendements (YCC) équivalant à une création supplémentaire de liquidités par la BoJ, ce qui exerce une pression supplémentaire sur le yen. Le dollar/yen a franchi la barre des 150 en octobre pour la première fois depuis 1990. Une cassure au-dessus de ce niveau risque de provoquer une dislocation désordonnée du marché des changes.

« Plus haut, plus longtemps » risque d’exacerber la « boucle catastrophique » du deleveraging. La force du dollar et la hausse des rendements mondiaux exercent déjà une pression sur les « carry trades » des pays émergents et les stratégies en levier.

Je n’évoque pas la situation sur le yuan chinois, mais l’alarmisme sur ce sujet est tel qu’il pourrait se développer une dynamique mondiale déstabilisatrice de réduction des risques et de désendettement contagieuse.

22 septembre – Bloomberg :

« Une race d’investisseurs quantitatifs qui répartissent leurs paris sur les actifs est ébranlée cette semaine alors que l’ère monétaire belliciste s’intensifie. La chute synchronisée des actions, des obligations et de nombreuses matières premières après la réunion de la Réserve fédérale a pulvérisé l’approche d’investissement connue sous le nom de parité des risques (risk parity). La stratégie… divise un portefeuille en actifs en fonction du risque perçu de chacun. Elle a tendance à s’appuyer sur la dette publique pour couvrir la baisse des actions, et peut donc souffrir d’une vente massive. Les baisses multi-actifs ont fait de l’ETF RPAR Risk Parity de 926 millions de dollars sa pire journée depuis décembre et ont envoyé le fonds à son plus bas niveau en 10 mois. Un indicateur clé de la stratégie a subi l’une de ses plus fortes baisses cette année. »

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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