La Chronique Agora

Raid chinois sur le métal critique dont vous ne pouvez vous passer

▪ C’est un métal stratégique très peu connu ; les trois quarts de sa production mondiale sont chinois ; les technologies du futur ne peuvent s’en passer et les industriels sont totalement dépendants de la Chine pour leurs importations. La Chine est en train de verrouiller le marché et d’en fermer le robinet…

Ce ne sont pas les terres rares.

▪ Opération prise de contrôle au fin fond du Hunan
Au fin fond de la région du Hunan, des champs à perte de vue : bambou, thé, riz… et des montagnes. Dans ces montagnes, des mines. Plus de 200 mines ; des mines de graphite.

Il y a trois mois, Pékin frappe à nouveau, jetant son dévolu sur ce métal critique. Même mode opératoire que d’habitude : on ferme les petites mines non rentables, on exproprie, on consolide le tout et on met tout ça sous la coupe des camarades capitalistes.

Une fois la production sous contrôle, et sachant que la Chine produit à elle seule 70% du graphite, Pékin contrôle le prix, de fait : restriction des quotas d’exportation, hausse des taxes sur les exportations… vous connaissez le procédé si vous me lisez régulièrement.

Pour le graphite, nous n’en sommes qu’au tout début du processus. Mais déjà le couperet tombe : hausse de 20% des taxes à l’export et mise une place d’une TVA à 17% pour les importateurs.

Bien entendu Pékin vous dit qu’il fait tout cela « pour des raisons de sécurité des mineurs et pour protéger l’environnement ».

Pour ma part j’y vois la volonté de la Chine d’avoir la mainmise sur le prix de ce métal critique ; et la volonté de le garder (de plus en plus) « pour ses propres besoins, croissants ». C’est exactement ce qui s’est passé avec les terres rares, le magnésium, le tungstène…

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▪ Mais de quoi parlons-nous ?
Le graphite est surnommé « le plus pur des charbons ». C’est un minéral conducteur de chaleur et d’électricité dont le point de fusion est de 3 600°C. Il existe sous plusieurs variétés : une seule nous intéresse : la forme cristalline (flake graphite).

Trois principaux débouchés :
– les batteries lithium-ion. Le deuxième matériau en dehors du lithium utilisé par ces batteries est le graphite. La croissance annuelle est prévue entre 30% et 40%. Cet usage met la pression à court terme sur le graphite ;

– les réacteurs modulaires à lit de boulets, dans le nucléaire. Il s’agit de petits réacteurs (d’où leur nom de modulaire) dans lesquels l’uranium combustible est enchâssé dans des galets de graphite de la taille d’une balle de tennis. Avantage : un meilleur rendement car le graphite améliore le refroidissement et une meilleure sécurité car les galets de graphite contribuent également au refroidissement naturel en cas d’arrêt ;

La Chine prévoit de construire 30 réacteurs de ce type d’ici à 2020. Chaque réacteur consomme 300 tonnes de graphite au démarrage et 60 à 100 tonnes par an en usage. Vous comprenez donc pourquoi la Chine ne rouvrira pas aisément le robinet du graphite

– le graphène. Il s’agit d’une application encore futuriste donc de long terme. Le graphène pourrait remplacer le silicium, multipliant la vitesse des processeurs par trois ou quatre. IBM vient de sortir un condensateur capable de travailler à la fréquence de 150 GHz à comparer au 40 GHz du silicium. Derrière ce seront les transistors, puis les processeurs qui verront leur rapidité multipliée par 1 000.

▪ Un marché ultra-riche et une demande qui dépasse l’offre
La demande de graphite est en forte hausse car il est utilisé dans les nouvelles technologies en fort développement (batteries lithium-ion, téléphones portables, tablettes, caméras, voitures électriques…)

Le problème, c’est que l’offre ne suit pas. Voilà pourquoi les prix du graphite ont été multipliés par trois depuis le début de la crise. Imaginez un instant ce qui va se passer si par-dessus le marché la Chine ferme le robinet du graphite…

▪ Les chiffres
La production mondiale est d’environ un million de tonnes, essentiellement chinoise. L’Inde produit 10% du graphite ; viennent ensuite le Brésil et … la Corée du Nord. Peu de fournisseurs…

Les industriels européens importent 95% de leur graphite de Chine. Les Américains sont un peu mieux lotis avec « seulement » 50%.

En 2011, la consommation de graphite était de 1,1 million de tonnes. Depuis 2000 la consommation de ce métal a crû de 83%, soit une hausse moyenne annuelle de la demande de 6% l’an. Depuis 2001, les importations américaines de graphite sont en hausse de 8% chaque année en moyenne.

Selon Byron Capital Markets, la consommation de graphite d’ici 2020 pourrait atteindre deux millions de tonnes. Le double d’aujourd’hui, sachant que l’accès à l’offre chinoise est en train de se fermer. Voilà pourquoi…

Il y a urgence
Les Occidentaux prennent pelles et pioches et se remettent à creuser… à la recherche du fameux graphite. Objectif : sortir du piège chinois, détendre l’étau des prix, avoir accès au métal critique. Mais cela va prendre du temps.

Quelques rares minières sont extrêmement bien placées pour en profiter. Et pour ne pas vous tromper voici deux conseils :

– optez pour une mine qui affiche des teneurs élevée en graphite ;
– vérifiez que la mine a assez de cash et de financement pour arriver (idéalement) jusqu’à la production.
[NDLR : Et si nous pouvons nous permettre un troisième conseil… ce serait de suivre la recommandation de Simone Wapler, qui a déniché pour les lecteurs de L’Investisseur Or & Matières une très belle valeur graphite : retrouvez-la sans plus attendre…]

Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 06/07/2012.

 

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