La Chronique Agora

Les rachats d’actions sauvent Wall Street

Veldhoven, Netherlands, July 20, 2023: ASML Holding corporation headquarters glass building concept. Semiconductor technology company symbol on front facade 3d illustration.

Il y a toujours une rotation sectorielle pour apporter un soutien providentiel.

Le bal des trimestriels a débuté vendredi, sans qu’une tendance n’émerge parmi les premières entreprises à publier (quatre institutions financières et un labo). En revanche, cela s’animé mardi, avec ASML qui a commis un impair rarissime : publier par erreur ses chiffres sur son site dans l’après-midi.

ASML a vite tenté de rectifier le tir en retirant rapidement son communiqué, mais le titre avait déjà dévissé de 18% en une poignée de minutes. Tous les « trackers » de New financières (de gigantesques « aspirateurs de datas » qui passent la toile au peigne fin, 24h/24 et dans toutes les langues) avaient immédiatement disséqué, comparé et mémorisé les données… Le mal était fait.

ASML a donc décidé de tout remettre « en ligne » une demi-heure plus tard : un chiffre d’affaires presque de moitié inférieur aux attentes au T3 et des prévisions peu réjouissantes pour le T4… mais pronostiquant une ré-accélération des commandes en 2025, ce que les investisseurs ont accueilli avec un scepticisme non dissimulé.

Pour ne rien arranger, l’administration Biden veut s’assurer que les Etats-Unis vont garder le leadership dans le secteur des puces premium en « rationnant » la Chine, pour éviter de parler d’embargo, car chacun sait que Pékin appliquerait aussitôt la réciproque en privant les Etats-Unis de composants essentiels pour l’industrie automobile, puis l’électronique et le secteur de l’armement qui a besoin de métaux stratégiques comme le titane et les terres rares.

L’impact sur l’industrie des semi-conducteurs a été brutal, avec -5% perdu sur le SOXX mardi. Une nouvelle baisse semblait inéluctable mercredi avec une rafale de replis compris entre -3 et -6% à mi-séance… mais ils furent largement compensés par les +3,2% de Nvidia, qui conforte sa place de seconde capitalisation planétaire avec 3 330 Mds$, loin devant Microsoft avec ses 3 093 Mds$ « seulement » (cela fait un LVMH d’écart !).

Mais à 48h des « Trois sorcières », sans grande surprise, Wall Street s’est consolé de la baisse du SOXX avec les valeurs bancaires : JPMorgan Chase a renoué avec son record absolu des 225 $ du 25 août (soit 636 Mds$ de capitalisation), Morgan Stanley a pris 6,5% et pulvérisé un record à plus de 220 $.

Quand le régime de Wall Street faiblit – et ce fut un peu par accident mardi avec ASML –, il ne faut pas 24h au S&P 500 pour mobiliser ses moteurs auxiliaires et retrouver une bonne carburation : le revoici à +0,4% de son zénith absolu, et le Dow Jones (avec +0,8%) ensoleillait la séance en inscrivant sa meilleure clôture de l’histoire à 43 075 points.

C’est une forme d’évidence. Depuis le flash krach de volatilité japonais du 1er au 5 août dernier, les « sherpas » ont totalement repris le contrôle, et pas 1 $ ne déserte le compartiment action et une rotation sectorielle – sans perte de capitalisation – assure un maintien des indices en lévitation, avec comme principal horizon le 5 novembre et le scrutin présidentiel.

Mais un grain de sable s’est glissé dans le scénario haussier quasi-parfait des 10 dernières semaines – dont 9 de hausse et 6 consécutives – et il s’agit de la volatilité, retombée mercredi soir sous les 20 pour la première fois depuis le 1er octobre.

Et 19,50, cela reste un score assez élevé, très éloigné du seuil médian des 15/15,50.

Ajoutez à cela une once d’or qui revient tutoyer ses sommets à 2 684 $, et vous pouvez être relativement certains que Wall Street ne reflète que cette volonté inflexible de la plupart des entreprises de premier plan d’avantager le camp démocrate en accélérant l’exécution de leurs programmes de rachats de titres.

Et ce, afin d’entretenir le sentiment de richesse des électeurs, et les convaincre que voter Trump, ce serait prendre le risque de remettre en cause la trajectoire haussière de leur épargne en actions, alors que ni la hausse des taux, ni le contexte géopolitique n’y sont parvenus.

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