La Chronique Agora

Qui tire les ficelles du tungstène ? (2)

L’essentiel des réserves de tungstène sont elles aussi chinoises
A elle seule, la Chine détiendrait 50% des réserves mondiales de tungstène, qui sont notamment concentrées dans le Jiangxi et le Hunan. Suivent le Canada, la Russie et les Etats-Unis, la Bolivie, la Corée et le Portugal.

Mais attention, je me méfie des statistiques chinoises comme de la peste !

Il y aurait donc des réserves chinoises pour satisfaire la demande mondiale pendant 28 ans. Notez tout de même qu’il n’y a pas eu de découverte depuis plus de 30 ans. Nous vivons donc sur des réserves découvertes en 1920 et 1940-1950.

Quant au stock stratégique des Etats-Unis, initialement important, il ne doit pas en rester grand-chose. 25 000 tonnes tout au plus.

Ah ! Je vois poindre votre question : si seulement 50% des réserves sont chinoises, pourquoi le reste du monde ne produit-il pas plus de tungstène ? Un coup de maître des Chinois. Je vais vous expliquer tout cela dans un instant…

Les consommateurs dépendent de la production chinoise
La consommation mondiale se répartit grosso modo entre la Chine, les Etats-Unis et l’Europe (25% chacun). Arrive ensuite le Japon (12% environ). Bien entendu, ils sont tous dépendants de la production chinoise. Une situation pas vraiment confortable à mon goût.

Notez qu’un tiers du métal consommé est issu du recyclage (déchets d’usinage et scraps d’outils de coupe usés). C’est toujours bon à prendre pour les pays développés. Mais on ne pourra pas faire grimper significativement ce taux. Il stagne depuis longtemps.

Comment en est-on arrivé là ?
Les pays développés avaient beaucoup de mines en activité il y a quelques décennies… et nous avons des réserves.

Les Chinois ont orchestré l’effondrement du marché du tungstène survenu il y a une vingtaine d’années pour ensuite installer leur position de quasi-monopole sur l’offre. Une stratégie sans bavure, d’une efficacité implacable… Regardez :

La Chine a méthodiquement sapé les fondements du secteur pour construire un monopole
Dans les années 60, 70 et 80, la Chine, riche en tungstène, a massivement exporté son minerai à des prix cassés, noyant le marché de son tungstène. Ce qui a provoqué, vous vous en doutez, un effondrement des cours du concentré, obligeant la plupart des mines, notamment européennes et américaines, à mettre les clés sous le paillasson.

Une fois les concurrents éliminés, la Chine s’est créé une situation de monopole qui tient toujours 25 ans plus tard. Aucune mine ne peut égaler les coûts d’extraction chinois !

Mieux, ce qu’elle a fait avec le minerai tungstène, elle l’a reproduit en aval sur toute la filière du tungstène. Une fois le marché du concentré en main, la Chine a détruit la chaîne des transformateurs de tungstène à son profit.

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora

(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
 
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