La Chronique Agora

Qui tire les ficelles du tungstène ? (1)

Par Isabelle Mouilleseaux (*)

Infiniment plus rare que le pétrole
Voici ce que m’écrivait un lecteur, Cyrille J., il y a quelques jours : 

"Le tungstène est infiniment plus rare que le pétrole. Il semblerait que les réserves dans le monde occidental seraient de 25 ans… 28 ans si on inclut la Chine, qui détient aujourd’hui entre 75 et 78% de la production mondiale. Le Hunan est la province chinoise qui recèle l’essentiel du tungstène. Et le tungstène qui a végété à 50 $ la tonne pendant des années s’est envolé à 200 $ l’an passé, et même 250 $ aux dernières nouvelles"…

"Cherchant tous azimuts sur le sujet, j’ai trouvé une small cap américaine, North American Tungsten Corp. ainsi qu’une chinoise, la Hunan Nonferrous Metal Corp.".

"Sachant que la Chine essaye de fermer les petites mines artisanales de tungstène pour structurer et mieux contrôler la production de ce minerai stratégique et puisque l’Occident est très largement dépendant des exportations chinoises, la Hunan Nonferrous va certainement devenir la pierre angulaire du système"…

Avouez que ce petit message a de quoi retenir votre attention. En tout cas, il a retenu la mienne. J’ai donc décidé de vous brosser un petit tableau de la situation mondiale du tungstène.

Dur, lourd et très résistant
Le tungstène (symbole W) est un métal très dur et lourd, de couleur gris blanc.

Il présente le point de fusion le plus élevé de tous les métaux (3 420°C). Voilà pourquoi on l’utilise pour fabriquer les filaments des ampoules électriques, ainsi que dans les applications aérospatiales et aéronautiques.

Il présente aussi une excellente résistance à la corrosion, résistant aux acides et à l’oxydation de l’air. On l’ajoute donc souvent aux alliages d’acier pour en augmenter leur dureté et leur résistance. Ces alliages et superalliages sont utilisés dans l’armement (blindages) ainsi que dans la fabrication des engins miniers et pétroliers (forages).

Voilà pourquoi on qualifie souvent le tungstène de métal stratégique. Les Etats-Unis ont d’ailleurs uns stock stratégique de tungstène…

La mainmise chinoise sur la production mondiale de tungstène
Depuis l’effondrement du marché du tungstène survenu il y a une vingtaine d’années, la Chine a une position de quasi-monopole sur l’offre.

Sur une production mondiale de tungstène de 89 600 tonnes en 2007, la Chine a produit à elle seule plus de 86% de ce métal (77 000 tonnes). Vous imaginez la concentration du secteur !

Très loin derrière, la Russie ne produit que 5% du tungstène mondial (4 400 tonnes), le Canada 3% (2 600 tonnes) et l’Autriche 1,5% (1 300 tonnes).

Il n’y a pas photo — et la Chine n’est pas au bout de ses arguments, comme nous le verrons demain…

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora

(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
 
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Source : L’Edito Matières Premières

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