La Chronique Agora

Qui investit encore dans le secteur pétrolier ?

secteur pétrolier

Le prix du baril de pétrole est passé de 55 à 85 $ environ cette année. Une hausse tout à fait logique pour ceux qui suivent les politiques publiques et les investissements liés au secteur.

Vous rappelez-vous qu’il y a encore 18 mois, le monde croulait tellement sous le pétrole que son prix avait chuté en dessous de zéro ?

Selon CNN Business :

« Le pétrole brut américain a clôturé le 20 avril 2020 à -37 $ le baril, plongeant ainsi sous ce seuil de zéro que peu de gens pensaient qu’il franchirait un jour. Un cours du pétrole négatif, c’est comme se faire payer par son Starbuck local pour boire un café de sa marque. »

Depuis, les gouvernements et les entreprises privées – qui se livrent à un tel greenwashing qu’ils finissent par ressembler à des légumes verts géants – ont œuvré inlassablement pour faire baisser l’offre de ce redoutable combustible fossile.

Il y a des subventions en faveur des voitures électriques, des éoliennes et des panneaux solaires, mais des pénalités quand on produit du pétrole.

L’Angleterre vient juste d’annoncer que les maisons neuves devront être équipées d’une borne de chargement pour véhicule électrique. Les moteurs à combustion interne devraient être bannis des voitures neuves d’ici 2030.

L’Union européenne dit qu’elle va placer des contrôleurs de vitesse dans les voitures pour qu’elles ne roulent pas aussi vite, ne tuent pas autant de monde et ne consomment pas autant de pétrole.

Le secteur pétrolier a saisi le message

Par ailleurs, en Europe, du fait de l’ingérence américaine, le gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne a encore eu des ennuis, la semaine dernière.

Le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, a annoncé de nouvelles restrictions sur les ventes de gaz de la Russie à l’Europe, sous-entendant qu’il y avait là quelque coup fourré. Le gazoduc est achevé mais n’est pas encore en service.

Parallèlement, la secrétaire du Trésor américain, Janet Yellen, déclare que la « transition » vers une économie verte coûtera jusqu’à 150 000 Mds$ sur les 30 prochaines années.

Naturellement, les compagnies pétrolières ont saisi le message. Elles ne sont pas près d’investir des sommes considérables pour forer de nouveaux puits alors que l’Etat se donne autant de mal pour leur faire mettre la clé sous la porte.

Selon Oilprice.com :

« Chez les producteurs de pétrole de schiste, les taux de réinvestissement ont atteint un plus bas historique au troisième trimestre 2021, générant ainsi un niveau de trésorerie record sur ce trimestre, et on estime qu’ils devraient chuter encore plus bas d’ici la fin de l’année, d’après une analyse de Rystad Energy.

Cette analyse se concentre sur un groupe comparable de 21 producteurs de pétrole de schiste cotés en Bourse, excluant les majors, et qui représentent collectivement 40% de la production attendue en 2021. »

Collectivement, ce groupe a affiché au troisième trimestre 2021 un taux de réinvestissement de 46%, en baisse par rapport aux 53% enregistrés au cours de la même période en 2020, et bien plus bas que les moyennes historiques supérieures à 130%.

Et ce désinvestissement ne concerne pas que le pétrole de schiste. Total, BP, Chevron, Exxon et Shell – les plus grands producteurs du monde – réduisent leurs investissements depuis près de 10 ans.

Une mauvaise décision

A quoi vous attendiez-vous ?

Face à des paroles aussi décourageantes, le secteur pétrolier a fait marche arrière… la production a baissé… Et le prix du pétrole est remonté… Le baril de Brent a atteint les 86,5 $ fin octobre, avant de progressivement retomber vers 82 $ durant le mois de novembre. Et avant que le nouveau variant du Covid ne cause une panique, faisant chuter le prix de ce même baril sous les 70 $.

Cependant, comme le pétrole est crucial pour les économies modernes… et crucial pour le niveau de vie de la plupart des électeurs… et comme l’équipe Biden s’inquiète de sa victoire aux prochaines élections…tout d’un coup, il y a urgence.

Voici l’histoire qui faisait les gros titres, avant la chute du 26 novembre :

« Biden annonce le prélèvement de 50 millions de barils dans les réserves stratégiques afin de faire baisser les prix du pétrole.

[Mardi 21 novembre], le président des Etats-Unis, Joe Biden, a annoncé que le département de l’Energie allait prélever 50 millions de barils de pétrole dans les réserves stratégiques de pétrole afin de faire baisser les prix élevés de l’essence, en concertation avec d’autres grandes nations consommatrices de pétrole.

Le département américain de l’Energie va prélever 50 millions de barils de pétrole dans les réserves stratégiques, dont 32 millions de barils devant faire l’objet d’un échange au cours des mois à venir, libérant ainsi du pétrole qui devra ensuite être restitué aux réserves stratégiques au cours des années à venir.

D’après ce qu’a déclaré la Maison-Blanche, les 18 millions de barils restants accélèreraient ces prochains mois une vente de pétrole déjà autorisée par le Congrès. »

Oh mon dieu ! Les réserves de pétrole se contractent ? Les prix grimpent ? Son futur approvisionnement est remis en question ?

Que pourrait-on faire de pire ? Puiser dans les réserves stratégiques !

Les conséquences des agissements de l’état

Il y a des éléments connus, des inconnues, et des choses dont nous n’avons pas la moindre idée. A la Chronique, nous sommes raisonnablement certains que, face à deux solutions possibles, l’Etat optera toujours pour la pire.

Mais les conséquences varient.

Le projet ruineux de Biden, le plan Build Back Better, va nous appauvrir. Et nous sommes raisonnablement certains qu’il ne rendra pas plus agréable la vie de la plupart des gens.

En ce qui concerne les politiques énergétiques, le feu avec lequel l’Etat joue brûlera probablement les doigts de tout le monde.

Les combustibles fossiles ne permettent pas uniquement de regarder Netflix : ils permettent de nourrir sept milliards de personnes.

A notre avis, l’urgence vient à peine de commencer.

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