La Chronique Agora

Qui est le vrai voleur de hamburger?

Payer un dollar pour un hamburger McDonald’s, ça me semble cher — parce que je me rappelle de l’époque où on pouvait obtenir un hamburger McDonald’s pour 15 cents, en 1966.

Donc, chers étudiants, fermez vos livres et sortez une feuille de papier pour l’Interro Surprise Mogambo (ISM) du jour. La question est la suivante : "Si, en 1966, je commence à épargner pour ma retraite, combien devrais-je mettre quotidiennement de côté pour pouvoir acheter un hamburger par jour à l’avenir, sachant que les hamburgers se vendent actuellement à 15 cents mais vaudront un dollar dans 40 ans ?".

Dans la mesure où toute la classe grogne, geint et se gratte la tête, je leur donne gentiment un petit indice : "pour commencer, nous notons que l’inflation du prix du hamburger a été de 670% sur 40 ans. Cela revient à 4,9% d’inflation composée par an".

Abandonnant ma pédanterie revancharde caractéristique, j’annonce que j’ai magnanimement décidé de "partir du principe que l’inflation et les dépenses égalent les plus-values nettes".

Je pensais bêtement que cela leur suffirait pour résoudre ce problème, mais grâce à ma Super Ouïe Mogambo (SOM), je peux les entendre murmurer dans leurs petits téléphones portables : "de quoi diable ce crétin de Mogambo est-il en train de parler ?"

Je note mentalement que le gouvernement enregistre toutes nos conversations téléphoniques actuellement : je pourrai donc simplement demander au FBI une liste de qui parlait exactement à qui dans ma classe — et peut-être même une transcription de leurs petites conversations, de sorte que je serai en mesure de prendre une revanche calculée sur leurs notes finales.

Ceci fait, je plaque un sourire aussi immense que faux sur mon visage, de sorte qu’ils ne se doutent de rien, et je continue avec un autre indice utile : "si vous aviez épargné votre retraite en liquide, vous avez en fait ‘perdu’ de l’argent, votre épargne ayant perdu de son pouvoir d’achat au rythme de 4,9% par an".

Nouvelle pause. Je m’attendais à ce que leurs jeunes visages tout frais s’illuminent d’une soudaine compréhension. Mais rien ! Rien de rien ! En fait, leurs visages sont encore PLUS ahuris, et ils sont encore PLUS stupides qu’ils l’étaient une minute avant. Et ils se demandent pourquoi je les déteste à ce point !
Perdant soudain patience, je bondis sur un bureau et me mets à brailler : "si vous aviez investi cet argent dans des actifs à long terme, année après année, il semblerait que vous avez gagné de l’argent, pas vrai ?". Effrayés, ils hochent tous la tête affirmativement. Enragé, je continue : "mais une fois payés les impôts sur les plus-values, les impôts sur le revenu, les diverses autres taxes, frais, dépenses et commissions, on peut déduire de ce ‘gain’ pitoyablement diminué la vaste érosion de votre richesse causée par l’inflation dévorante et persistante — et en fin de compte, vous avez gagné des cacahuètes !

Hahaha ! Des cacahuètes ! En fait, vous avez même perdu du capital, petits nigauds ! Hahaha ! Vous êtes dans une situation pire que lorsque vous avez commencé ! Bienvenue dans l’épouvantable réalité économique, bande de crétins des Alpes !".

Ils restent tout de même assis là, perplexes et apparemment paralysés de crainte, pour une raison ou pour une autre. Me lassant de ce petit jeu, je leur donne la réponse : "mathématiquement, avec des gains nets réels (ajustés à l’inflation) de zéro, pour obtenir un hamburger dans le futur, vous devez économiser un hamburger aujourd’hui".

Un murmure parcourt la classe ! J’ai enfin établi une connexion avec ces petits bêtas ! Plein d’excitation, je continue rapidement en disant : "en extrapolant, pour une retraite qui dure 20 ans, après avoir travaillé durant 40 ans, et si l’on désire obtenir une pension égalant 100% du pouvoir d’achat de votre revenu actuel, en tenant compte de l’inflation et des impôts, vous devez économiser 50% de votre revenu annuel, sur toutes les années que vous travaillez — c’est-à-dire les 40 ans de votre carrière ! Hahahaha ! Cinquante pour cent !".

A ces mots, tous se lèvent en hurlant et s’enfuient de la classe, pleins d’horreur — si bien que je n’ai pas l’occasion de leur dire que la situation empire si l’on n’est qu’à 20 ans de la retraite : dans ce cas, il faut épargner (hahaha !) 100% de votre revenu actuel !

Si l’on en croit le Plan de mon Cours, le moment est venu de vous enseigner que les choses sont Très Très Moches (TTM) dans le monde réel de la Dure Réalité Mogambo (DRM).

Toute cette misère est due à l’inflation des agrégats monétaires par la Réserve fédérale — inflation qui doit se manifester par une inflation des prix à mesure que tout ce nouvel argent inonde l’économie. Et malheureusement, c’est bien ce qui se passe. Et c’est ainsi que le citoyen américain et son argent partent en fumée — et il en va de même pour son pitoyable compte d’épargne-retraite, lequel est si parfaitement inadéquat que j’en Ris De Mépris (RDM).

Et à ce sujet, ce dont on n’a pas (selon moi) assez parlé dans les médias, c’est la publications des trois grands indicateurs de tendance — leading, coincident et lagging. Le seul organe de presse digne de confiance ayant réellement fait un scandale à ce sujet, ça a été le Services de Nouvelles Monétaires du Vrai Patriote Mogambo (SNMVPM), que vous trouverez sur le canal 1776 de votre radio ; vous pouvez le capter partout, sauf dans les régions où le gouvernement brouille le signal dans une tentative de réduire le Mogambo au silence — empêchant sa Mogambo-ité d’annoncer aux quatre vents que "vous pouvez faire vos adieux à vos sales petites personnes, crétins de Yankees, parce que vous avez ignoré la Constitution, et vous avez laissé votre devise n’être rien d’autre que du papier et des chiffres électroniques, à la suite de quoi le gouvernement et les banques sont devenus cinglés à force de créer et de dépenser trop de monnaie, et vous voilà tous complètement maudits par l’inflation des prix et l’enfer d’une économie basée sur les dépenses gouvernementales ! Hahahaha !".

Enfin bref, pour ceux d’entre vous que les censeurs du gouvernement ont empêché d’entendre cette communication si excessivement importante, ce qui s’est passé, c’est que le leading indicator (qui indique les futurs profits) a baissé de 0,3. C’est assez mauvais. Le coincident indicator(l’indicateur d’activité économique actuelle), quant à lui, a grimpé du plus petit chiffre possible, 0,1. C’est assez pire, si vous me passez l’expression. Mais les nouvelles vraiment terrifiantes, c’est que le lagging indicator (qui est l’indicateur de l’inflation) a grimpé en flèche (relativement) de 0,4 ! C’est assez plus pire encore !

Si vous vérifiez cette curieuse combinaison de choses dans la section "risque/récompense" de votre Manuel Pra
tique de Bureau Mogambo (MPBM), vous remarquerez que ça va très très très loin dans la Dimension de la Malédiction, qui est un peu comme la Quatrième Dimension — au sens où les choses sont plutôt bizarres et tordues. Sauf qu’en général, dans la Quatrième Dimension, tout le monde est encore vivant à la fin de l’épisode, tandis que dans la Dimension de la Malédiction, tout le monde passe l’arme à gauche dans d’atroces souffrances, dévoré vivant par l’inflation, avec des tas de cris de crainte et de douleur, et les épisodes terminent dans le silence, après un rot retentissant.

Mais on parlait d’inflation, parce que c’est tout ce dont je sais parler — et nous en venons au fait que la sécheresse a sévèrement réduit les récoltes de choses mangeables cette année, comme par exemple les champs de blé, les tiges de maïs, les buissons de soja et les arbres à pizzas. Nous apprenons aussi de Bloomberg que "les Etats-Unis continentaux ont subi l’été le plus chaud depuis les années 30, le deuxième au palmarès depuis qu’on a commencé à enregistrer les chiffres il y a plus d’un siècle de cela".

Et cela n’a quasi-certainement rien à voir avec El Nino, dans l’océan Pacifique — qui est, une fois encore cette année, très gros et très chaud, et a incommensurablement plus d’influence sur la météo. On apprend par exemple de FreeMarketNews.com que "John Ing, de Maison Placements Canada, prend le côté inflationniste dans un article posté sur gold-eagle.com, notant que les anchois manquent encore une fois à l’appel sur la côte péruvienne".

Qu’est-ce que les anchois ont à voir avec ça ? Eh bien, avant que je puisse expliquer comment cette offre réduite de protéines d’anchois et la hausse de la demande globale de protéines qui en résulte se répercutent sur la dynamique offre/demande de sources alternatives de protéines, ils m’interrompent grossièrement en disant : "la dernière fois que cela s’est passé, le soja a atteint des niveaux record, entraînant avec lui les prix des métaux précieux".

 

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