La Chronique Agora

Quelques mots sur l'effet boule de neige

▪ Aujourd’hui, votre correspondante se jette quelques fleurs (de cerisier, bien que ce ne soit pas la saison — mais après tout, on a bien le droit de s’accorder un peu de licence poétique, de temps en temps, non ?)

La raison ? L’effet boule de neige, d’Alice Schroeder, la première et seule biographie officielle et autorisée de Warren Buffett est en librairie. Votre correspondante a participé à la traduction de cet ouvrage, qui a pris près d’un an.

Certes, je ne suis pas objective, mais… je vous recommande vraiment de le lire. Vous n’y trouverez pas de formule miracle pour transformer votre épargne en millions de dollars. Il n’y est pas révélé LE secret de la richesse de l’Oracle d’Omaha. Mais il y a de quoi prendre une belle leçon d’investissement — et d’en apprendre long sur des caractéristiques humaines comme l’avidité, l’honnêteté, la droiture, le travail, l’obsession… et le refus de manger des sushi.

Surtout, on y passe en revue un demi-siècle d’histoire économique américaine. La morale, c’est que les autorités comme le monde de la finance ne retiennent pas grand’chose de leurs erreurs. Salomon Brothers, Long-Term Capital Management… autant de situations qui n’étaient que des "répétitions" de ce qui s’est passé en 2008-2009. Elles ont permis à la Fed de mettre en place et d’affiner ses interventions, menant à la situation actuelle.

Une citation de W. Buffett suite à la crise des subprime… mais qui reste d’une actualité criante, en ces temps d’assouplissement quantitatif :

"On pourrait facilement mettre fin au problème en inondant le système avec assez de liquidités, mais une telle tactique a des conséquences. Parmi elles, il y a l’arrivée immédiate d’une gigantesque inflation. Beaucoup de choses se passeraient alors qu’on n’apprécierait guère. L’économie est sans aucun doute en train de couler. Ce n’est pas ma partie, mais si je devais parier sur un sens ou sur un autre — tout le monde dit que la récession sera courte et légère, moi je dirais qu’elle sera longue et profonde".

"Dans le monde financier, il ne faut absolument pas se retrouver dans une position où, du jour au lendemain, on se retrouve à dépendre de la bonté des étrangers. J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir à tout ça. Je ne veux pas avoir besoin d’un milliard de dollars du jour au lendemain. Enfin, un milliard, ce serait possible. Mais une somme significative, disons. Parce qu’on ne peut être sûr de rien. On doit réfléchir à des choses qui ne se sont encore jamais produites".

Personnellement, je pense que 600 milliards de dollars font "une somme significative", même pour Warren Buffett. Quant à dépendre de la bonté des étrangers… vous avez vu ce qui est en train de se passer au sommet du G20 ?

Je dirais, cher lecteur, qu’il est plus temps que jamais de "réfléchir à des choses qui ne se sont encore jamais produites"… et surtout d’en tirer les bonnes conclusions.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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