Nous poursuivons aujourd’hui notre analyse des meilleurs pays candidats où stocker vos métaux précieux.
Hier, nous avons commencé un zoom sur le Liechtenstein et ses possibilités – car elles sont nombreuses.
Au sein de cette monarchie constitutionnelle, le pouvoir de décision est partagé entre le prince Hans-Adam II et le Parlement démocratiquement élu. Le monarque dispose par ailleurs d’un droit de veto.
Cependant, la Constitution de la principauté, promulguée en 1921, pose une limite très efficace au pouvoir de Hans-Adam II. Le pays est en effet la seule démocratie européenne où existe… un droit de sécession unilatéral des communes vis-à-vis de l’Etat !
Dans son article 4, le texte suprême dispose en effet ceci :
« Chaque commune a le droit de faire sécession de l’Etat. La décision d’engager une procédure de sécession doit être prise à la majorité des citoyens résidant dans la commune et habilités à voter. »
Le peuple a également « le droit d’abolir la monarchie s’il le souhaite ou de lancer une initiative de censure contre le prince, avec seulement 1 500 signatures requises pour relancer chacun des deux processus », expliquent Stoeferle & Valek (S&V). Autant vous dire que le monarque n’a qu’à bien se tenir.
Or, jusqu’à présent, force est de constater que la famille régnante s’est imposée en championne mondiale de la défense des droits fondamentaux !
Elle est notamment à l’origine du Centre européen de l’économie autrichienne (ECAEF), un think tank qui « défend fermement la responsabilité personnelle, la liberté individuelle et un gouvernement limité », aujourd’hui dirigé par plusieurs membres de la famille royale.
Comme vous le voyez, on est à mille lieues d’Oxfam France et des rapports sans queue ni tête produits par la très étatiste Cécile Duflot…
Le prince Hans-Adam II lui-même a publié en 2009 un essai intitulé « L’Etat au troisième millénaire », dans lequel il promeut une monnaie saine comme l’or ou l’argent, mais aussi le droit de sécession jusqu’au niveau municipal, un Etat aux prérogatives limitées, le commerce international ou encore la liberté d’expression.
Bref, « les familles dirigeantes du Liechtenstein adhèrent pleinement aux valeurs de liberté individuelle et financière et reconnaissent l’importance du droit de propriété privée », comme le résument S&V.
Compte tenu des opinions politiques de la famille qui le gouverne, vous ne serez pas étonné si je vous dis que le Liechtenstein aligne les surplus budgétaires comme des perles, à la fois au niveau central et au niveau local. La dette publique du pays avoisine les… 0,5% du PIB.
En faillite après la Deuxième guerre mondiale, le pays a réussi à devenir en quelques décennies « un centre financier hautement concurrentiel, innovant et agile de renommée internationale. » Et ça continue.
Grâce à l’attrait de la famille régnante pour l’innovation, le pays s’est en effet très tôt ouvert à l’industrie des crypto-actifs et n’a eu aucun mal à devenir un crypto-hub rivalisant avec la crypto-vallée suisse de Zoug.
Au final, « le droit de propriété est encore mieux protégé étant donné que le Liechtenstein n’a pas de législation d’urgence. Même en période de bouleversement politique ou économique, une expropriation ad hoc est donc inapplicable », comme l’indiquent S&V.
Zoom sur la Confédération suisse
En tant que Français, la Suisse nous est plus familière que le Liechtenstein. Le pays est bien connu pour sa capacité à rester souverain en dépit des pressions extérieures et pour sa tradition de neutralité militaire, laquelle lui a permis de traverser deux guerres mondiales sans être trop inquiété.
S&V jugent par ailleurs que « le système est resté solide face aux pressions exercées par l’Union européenne (UE) au cours des 20 dernières années pour que le pays suive son chemin ». (Je félicite au passage le peuple suisse pour leur ténacité.)
Bref, on dispose largement du recul nécessaire pour dire qu’historiquement, dans la nation alpine, l’économie a toujours primé sur le politique.
Au niveau institutionnel, la Confédération est l’un des pays les plus décentralisés au monde. Le référendum d’initiative populaire permet le traitement des questions politiques à l’échelon le plus proche des citoyens, comme le veut le principe de subsidiarité, profondément ancré dans l’identité suisse. La Suisse est donc ce qui se fait de mieux aujourd’hui en termes de démocratie directe.
Notez d’ailleurs que toutes les dernières propositions étatistes comme l’intégration à l’UE, une sixième semaine de congés payés obligatoire ou encore la mise en place d’un revenu universel de base ont été rejetées par référendum. Le peuple helvète a donc un excellent track record pour ce qui est de la défense de ses libertés.
Niveau finances, la Suisse est beaucoup plus prudente que ses voisins européens. Grâce à des budgets excédentaires, la dette publique est passée de 32% du PIB en 2009 à 27,7% en 2018.
Historiquement, le pays a toujours favorablement accueilli l’innovation technologique. Il n’est donc pas surprenant que le canton de Zoug soit dénommé « la crypto-vallée suisse ».
Enfin, le cas échéant, nul doute que les Suisses sauront exercer leur droit de résistance à l’oppression étatique puisque 50% de la population est armée. Cela ne devrait cependant pas être demain la veille que les Helvètes auront l’occasion de sortir leurs fusils de leurs fourreaux puisque comme le relèvent S&V :
« Les limites strictes imposées aux pouvoirs [du] gouvernement [suisse] et sa longue expérience dans le respect de ces limites rendent très improbables les scénarios de confiscation de métaux précieux stockés sous le droit suisse. Une telle démarche nécessiterait un changement constitutionnel historique ; le peuple suisse aurait le dernier mot à ce sujet ; et son track record en termes de votes parle pour lui-même. Ainsi, la Suisse peut certainement être considérée comme un refuge sûr. »
Après la Suisse, un pays plus éloigné présente des avantages intéressants pour l’investisseur : Singapour. Nous verrons cela plus en détails dès demain.