▪ Nous sommes revenu à Baltimore la semaine dernière. Les gens traînaient dans les bars. Des petits groupes revenaient du stade à pied, les épaules basses, la mine triste. La ville était sombre… et malheureuse.
Baltimore boudait dimanche soir. Baltimore est une ville sportive. Les Ravens [« corbeaux », NDLR.] — la seule équipe appelée d’après un poème, à notre connaissance — avaient perdu. Ils n’iraient pas au Superbowl.
Baltimore est une ville étrange. Nous étions heureux de la quitter pour venir vivre en Europe. Et nous sommes heureux d’être de retour. Vivre en Europe était difficile. Ici, c’est facile. Pour vivre en Europe, il faut être chic et dans le coup. A Baltimore, emménager dans un mobil-home est une promotion sociale. Vivre en Europe était cher. Baltimore, en revanche, est l’une des villes les moins chères au monde.
▪ Pendant ce temps, sur les marchés…
Qu’y a-t-il de neuf dans le monde de la finance ? Le Dow a grimpé. Le rendement des obligations US à 30 ans est passé sous les 3%. L’or a grimpé.
Les rendements obligataires signalent une récession. Les actions indiquent une reprise. Et l’or ? Dans ce domaine, la correction de marché haussier n’est pas allée aussi loin que nous l’attendions. Et elle semble terminée. Que faut-il en penser ? Les gens s’attendent-ils à de l’inflation ? Pourquoi achètent-ils de l’or ?
Nous savons pourquoi les Syriens achètent de l’or. Ils sont en guerre. L’or a toujours été LA chose à détenir dans une région en guerre. Mais aux Etats-Unis, les gens pensent que l’économie se remet.
Le public et l’investoriat semblent penser que tout va bien. Les Etats-Unis viennent de connaître l’un de leurs meilleurs mois de l’histoire boursière. Bon nombre d’investisseurs sont convaincus de voir le début de quelque chose d’énorme.
Notre vieil ami Mark Hulbert, par exemple, nous dit que certains des gourous de l’investissement parmi les plus vieux et les plus sages sont désormais haussiers sur les actions.
Nous n’avons pas d’opinion quant aux actions. Simplement, nous ne les aimons pas. Et nous pensons que si elles étaient aussi précieuses que le pensent les gens, leurs propriétaires ne seraient pas si impatients de s’en débarrasser. Du moins pas en nous les donnant. Ils les garderaient.
Mais certaines personnes sont toujours en train de vendre. D’autres semblent être toujours en train d’acheter. Les prix grimpent… et baissent… le monde tourne…
… et qui sommes-nous pour nous y opposer ?
▪ Ce que cachent les chiffres US
Le problème, c’est que l’économie n’est de loin pas aussi vigoureuse que le pensent la plupart des gens. Il n’y a pas de croissance digne de ce nom. Et sans croissance, il n’est guère sensé de payer ses actions aussi cher. Forbes :
« Le PIB US du quatrième trimestre est ressorti à +2,8%, produisant ce qui semble être un chiffre respectable — un point de pourcentage de plus par rapport aux +1,8% du troisième trimestre. En surface, les chiffres du quatrième trimestre soutenaient également la comparaison avec l’augmentation du PIB réel de 1,7% pour l’ensemble de 2011. Mais 2,8%, même à première vue, restent inférieurs aux 3% de gains réels enregistrés en 2010, répétant un schéma auquel nous assistons depuis quelques années : le PIB grimpe… pour ensuite retomber ».
« Bien qu’il soit tentant de regarder l’économie comme un verre à moitié plein, j’ai peur qu’il ne soit bien plus vide qu’il le semble. Lorsqu’on se plonge dans le rapport sur le PIB du quatrième trimestre, on constate que les deux tiers de la croissance (1,9%) étaient dus à l’accumulation de stocks dans le secteur privé. (Selon les pratiques comptables standard, l’augmentation des stocks augmente le PIB, tandis que les ventes de stocks le réduisent). Si l’on continue de creuser, la statistique la plus significative concerne les ventes réelles de produits domestiques — le PIB moins l’évolution des stocks privés. Ces données ne montrent qu’une augmentation de 0,8% au quatrième trimestre 2011, à comparer à une hausse de 3,2% au troisième trimestre 2011. C’est très significatif ».
« L’autre faiblesse des dépenses de consommation a été rapportée par le département du Commerce US : les revenus personnels ont augmenté de 0,5% en décembre, par rapport à 0,1% en novembre. Les dépenses, cependant, ont stagné. Dans le même temps, le taux d’épargne personnelle était de 4% en décembre, à comparer à 3,5% en novembre. Epargner plutôt que dépenser est peut-être bon pour les finances personnelles des consommateurs, mais cela ne sert guère à une économie qui doit prendre de la vitesse. De plus, la hausse des ventes semble toujours nourrie par des augmentations de dettes, ce qui ne peut pas durer ».
Sans croissance, l’action moyenne n’ira nulle part. Comment le pourrait-elle ? Il n’y a nulle part où aller. Pas de croissance, ça signifie que l’économie n’est pas plus conséquente à la fin de l’année qu’elle l’était au début. Pour se développer, une entreprise doit donc s’emparer des ventes et des profits d’une autre. Pour que l’une puisse grandir, une autre doit diminuer. Dans l’ensemble, il n’y aura pas de croissance, et pas de plus-values pour les investisseurs.
Le problème, c’est que le rendement du marché boursier, en termes de dividendes, n’est qu’aux alentours de 2%. Ce n’est pas assez. Si l’on tient compte de l’inflation et des impôts, déclare Rob Marstrand, stratégiste pour notre bureau familial, il faudrait un retour de 8% rien que pour rentrer dans ses frais.
Si vous achetez des actions sur un marché sans croissance… avec un rendement de 2%… vous perdez 6% sur votre argent.
Vous feriez bien mieux d’acheter de l’or…
L’or grimpe tous les ans depuis 11 ans. Même en 2011, alors qu’il a soi-disant subi une grosse correction, il a terminé sur une hausse de 300 $ environ — c’est-à-dire ce qu’on aurait dû payer pour une pleine once d’or en 1999.