La Chronique Agora

Que disent les moyennes mobiles du S&P500 ?

▪ Vous me connaissez, l’analyse technique et moi, ça fait deux. Pourquoi ? Parce que l’analyse technique, en général, ça me soûle… Et que je te tire des traits de toutes les couleurs dans tous les sens ! — et personne n’y comprend plus rien du tout, vous voyez le topo ?

Moi aussi, si vous me donnez le graphique d’un indice ou d’une action imprimé sur une feuille de papier, même avec un bandeau sur les yeux je peux tirer une quinzaine de traits de toutes les couleurs et dans tous les sens — à un endroit ou deux, il y a bien un de mes gribouillis qui touchera le prix de l’indice en question. Cela signifiera-t-il pour autant quelque chose ? Non.

Mon problème avec l’analyse technique ? Dans l’immense majorité des cas, je ne comprends tout simplement pas où l’analyste veut en venir. Or comme le disait Nicolas Boileau, ce qui se conçoit bien s’énonce clairement.

Si une société vient de terminer son IPO (Initial Public Offering c’est-à-dire sa mise sur le marché) au prix de 20 $, que l’action a grimpé ensuite à 40 $ pour retomber à 20 $, je suis d’accord qu’il s’agit là d’un seuil important. Cela n’a rien de technique…

Je me dis tout simplement que la personne qui l’a achetée 20 $ aurait pu faire un profit de 100%. Maintenant qu’elle se retrouve à zéro, elle choisira peut-être de ne pas subir une perte. Pour cela, je n’ai pas besoin de tirer force traits, je peux l’expliquer simplement et tout le monde comprend. Ce n’est en tout cas pas à base d’analyse technique que j’ai choisi mes recommandations.

▪ Golden Cross et Dark Cross
Une autre chose que tout le monde comprend, ce sont les tendances. Voilà pourquoi je respecte ce que les analystes techniques appellent en anglais le Golden Cross et le Dark Cross, qui pourraient être traduits en Croisement Doré et Croisement Sombre.

Voilà comment ça marche. Vous prenez le prix moyen d’un indice ou d’une action pendant les 200 derniers jours de marché, et vous comparez ce que l’on appelle donc "moyenne mobile à long terme" — à la Bourse, 200 jours c’est du long terme — à une autre, à plus court terme, comme la moyenne mobile à 50 jours par exemple.

Lorsque la tendance courte passe au-dessus de la longue, c’est haussier (Croisement Doré), quand c’est la tendance longue qui passe au-dessus de la courte, c’est baissier (Croisement Sombre).

Cela se conçoit tout à fait bien, c’est un peu comme Roger Federer et Rafael Nadal. Tantôt c’est l’un qui domine le tennis mondial, tantôt c’est l’autre. Quand l’un recommence à tout gagner, il est parti pour tenir le haut du pavé sur une certaine période. Avec les tendances du marché, c’est kif-kif… pas de vaudou là-dedans.

▪ Le croisement en pratique sur le S&P 500
Sur l’indice S&P 500 des actions américaines, il y a eu en moyenne un signal par année, avec bien sûr, la moitié de croisements haussiers, et l’autre moitié de croisements baissiers. Chaque signal a généré une performance de plus de 7%. Ce n’est pas beaucoup, vous me direz. Je vous répondrais oui et non.

Bien sûr, sur les cinquante dernières années, il suffisait d’être haussier pour faire 7% par an ou davantage mais là, cela n’a rien à voir. Il s’agit d’une stratégie neutre à long terme puisque les signaux sont baissiers la moitié du temps. En réalité, une telle stratégie aurait dû avoir une performance de zéro.

Il y a mieux, mais pour cela il vous faut regarder ce graphique.

Voilà les rendements d’une telle stratégie, sans levier, depuis 1953. Belle régularité, non ? Et, au contraire d’une approche haussière, les gains n’ont pas été interrompus depuis l’année 2000.

Haussier ? Passez votre chemin !
Si je vous en parle aujourd’hui, c’est bien sûr parce que, en début de mois, nous venons d’avoir un signal baissier — encore une fois. Pour être clair, une telle chose n’arrive qu’une fois tous les deux ans environ. Un croisement tous les ans en moyenne, cela signifie un signal haussier tous les deux ans, et un baissier tous les deux ans.

Pour vous donner une idée, le dernier signal "sombre" en date, donné à la clôture du 21 décembre 2007, a permis un profit de 40% en moins de dix-huit mois pour les baissiers.

Vous le savez, en bon Suisse, je privilégie plutôt la neutralité au marché. Je ne vous pousse pas nécessairement à jouer la baisse si telle n’est pas votre nature. En revanche, si vous décidez d’être haussier après un tel signal, je n’ai plus que deux mots pour vous : bonne chance…

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile