La Chronique Agora

Quand le Titanic de la finance coule, ne faites pas comme si tout allait bien…

Par Jean Chabru (*)

Dans une note publiée mi-juin, un stratège de JP Morgan explique que les marchés financiers internationaux lui rappellent l’histoire du Titanic. Si en aucun cas cette grande banque ne voulait suggérer que le système financier mondial se trouvait au bord du gouffre, l’analogie prend tout son sens quand vous connaissez le comportement des passagers du bateau peu après la collision. Le Titanic a heurté un iceberg juste avant minuit le soir du 14 avril 1912 et a coulé deux heures et 40 minutes plus tard.

Les réactions des passagers et des membres de l’équipage ont été révélatrices. Certains passagers ont été réticents à quitter le confort et la sécurité (apparente) du salon, en l’absence de signes extérieurs de danger. D’autres se sont rués à temps vers les canots de sauvetage — insuffisants en nombre.

Eh bien… que font les investisseurs actuellement ? Suite au vif rebond des marchés depuis le 9 mars, le sentiment général des investisseurs a versé dans l’euphorie. D’après le dernier sondage de Merrill Lynch Global Fund Managers, les prévisions de croissance sont orientées à la hausse, seulement 7% des sondés s’attendant à une récession au cours des 12 prochains mois, contre 70% il y a encore à peine deux mois. La majorité des gestionnaires est à présent surpondérée en actions et sous-pondérée en obligations.

En d’autres termes, la majorité des passagers a quitté les canots de sauvetage et est retournée au salon ! Il y a encore des analystes sell-side qui n’adhèrent pas à cette vision… mais ils sont une minorité en voie de disparition. Sauf qu’eux sont à bord des canots de sauvetage.

Comme nous.

L’iceberg est pourtant si proche
Nous pourrions méditer et apprendre longtemps de cette réflexion de Warren Buffet : "il faut uniquement acheter un titre que vous seriez content de conserver si le marché fermait pour 10 ans". Pas si simple à trouver et pourtant, puisque je pense que l’été sera chaud, voire meurtrier pour certaines valeurs, j’ai essayé de trouver des sociétés qui correspondent à ce profil dans mon domaine de prédilection, les small caps.

Le navire prend déjà l’eau par la cale
Le très fort rebond enregistré par l’ensemble des places mondiales commence à trouver ses limites, et beaucoup d’investisseurs se demandent s’ils n’ont pas anticipé la reprise un peu trop tôt. Concernant les statistiques économiques, il faut être très optimiste pour voir un quelconque signe de reprise aux Etats-Unis. Si les marchés sont connus pour leur grande faculté d’anticipation, cette fois-ci on peut dire que les investisseurs utilisent une longue-vue, voire un télescope.

Heureusement, encore une fois, nous ne regardons pas nos investissements par le bout de la lorgnette : nous avons une vision globale, et ce n’est pas parce que nous n’avons pas encore les pieds dans l’eau glacée que nous ne devons pas flairer le danger et nous en préserver.

Petit exemple : vous constatez tous les jours que les prévisions des économistes sont systématiquement prises à revers. Aujourd’hui, une seule publication est parlante pour moi : celle de Caterpillar, le groupe qui fabrique du matériel de BTP et minier, véritable baromètre mondial de l’investissement industriel. Il annonce avoir enregistré une chute de 43% en mai sur trois mois glissants par rapport à la même période 2008. En avril, les ventes mondiales avaient baissé de "seulement" 39%.

L’évolution constatée en mai traduit bien entendu une détérioration des conditions de marché. Dans la zone Europe/Afrique/Moyen-Orient, les ventes ont reculé de 46% alors qu’en Amérique du Nord, la baisse atteint 57% (contre -51% à fin avril). Hors Amérique du Nord, les ventes dans le monde sont en retrait de 35%.

Je pense, et je ne suis pas le seul à le penser, que le risque de connaître un mouvement de correction sur les marchés actions est très fort car les déceptions sur les résultats des sociétés vont être énormes. L’espérance mise dans le rebond ne résistera pas à la dure réalité.

Il est vrai qu’il convient d’être prudent car il s’est formé "un cocktail toxique" de données fondamentales. Car si le doublement du prix de pétrole est interprété comme un signal de reprise économique, il constitue pour le compte de résultats des sociétés une très mauvaise nouvelle puisque l’activité en Europe et aux Etats-Unis continue d’être très faible.

Cela étant, notre stratégie d’investissement dépend plus que jamais de l’appétit pour le risque des investisseurs et des horizons d’investissement. Ici ou là, il semble qu’il y ait une large prise de conscience que l’ajustement économique sera long et difficile, et durera des années et non des mois.

C’est pour cela que, loin de renoncer à tout investissement, j’ai décidé de vous faire jouer durant cet été de tous les dangers une thématique forte (les infrastructures) en vous faisant découvrir deux valeurs (une ce mois-ci et une en août) qui présentent tous les fondamentaux qui nous permettront de lézarder tranquillement sur la plage… en regardant couler le Titanic.
[NDLR : Pour retrouver les valeurs sélectionnées par Jean Chabru — et surtout profiter de leur hausse ! — suivez le guide…]

Meilleures salutations,

Jean Chabru
Pour la Chronique Agora

(*) Jean Chabru est le rédacteur en chef de Small Caps Profits, un service de recommandation ultra-efficace se concentrant sur les petites valeurs. Spécialisé dans le segment des small caps, Jean Chabru et son équipe de spécialistes mettent à votre disposition l’une des plus grandes bases de données françaises sur les petites valeurs. Le but ? Vous positionner sur des petites valeurs explosives avant le reste des investisseurs… et attendre que le marché s’en aperçoive et fasse monter les cours !

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