La Chronique Agora

L’assouplissement quantitatif rallonge le trajet entre déflation et inflation

▪ L’or stagne. Le Dow stagne.

Qu’est-ce qui ne stagne pas ?

Notre ami Hugh Hendry. Il est à la hausse ou à la baisse. Pas de stagnation pour Hugh.

Hugh faisait partie des plus baissiers des baissiers. Maintenant, il est devenu le plus haussier des haussiers. Son fonds, Eclectica, perd de l’argent. A contrecoeur… Hugh a capitulé.

Nous rend-il service à tous ? Est-il "le dernier à jeter l’éponge"… le dernier bastion, signalant la fin du marché haussier ? Peut-être…

Hugh dit qu’il ne pouvait pas "se regarder dans le miroir". Mais il ne peut pas non plus passer à côté de ce qui pourrait être un grand marché haussier.

Nous avons assisté au débat entre Hugh et un autre de nos amis, Liam Halligan. Le style de Hugh inclut la moquerie, la condescendance et les insultes. Très distrayant.

Liam semble raisonnable, par opposition. Sensé. Bien intentionné. Sans pour autant se laisser aplatir par Hendry.

Le sujet de leur discussion ? Les effets de l’assouplissement quantitatif.

Selon Liam, le QE mènerait à l’inflation. Il la constate déjà.

Hugh a dit que le QE ne fonctionnait pas… qu’il ne menait pas du tout à l’inflation mais à une baisse des prix — sauf pour ceux des actifs d’investissement.

"Achetez des obligations !" a dit Hugh.

"Vendez des obligations !" a dit Liam.

▪ Qui aura raison ?
Qui sait ?

Il est très probable qu’ils auront tous deux raisons. Tour à tour. Hugh, puis Liam. Ou, comme nous l’avons formulé il y a des années : Tokyo, puis Buenos Aires.

Un collègue australien, Vern Gowdie, nous rend visite à Baltimore cette semaine. Nous avons eu presque la même conversation avec lui. C’est probablement un dialogue clé pour les investisseurs, parce qu’il affecte toutes vos décisions financières importantes.

"On dirait que nous pourrions rester à Tokyo pendant longtemps", a conclu Vern.

Tokyo subit une déflation par intermittence depuis 23 ans. Le Japon a essayé les renflouages. Les usines à gaz. Le QE. Et les taux zéro.

Qu’a-t-il obtenu en échange ? Une stag-nation. Il a tenté de faire grimper les taux d’inflation — sans succès. Au lieu de ça, les banques zombies gardent leur argent pour elles. Peu de nouvelles entreprises sont lancées. Les gens vieillissent et dépensent moins. Le taux de natalité chute à pic… et le pays tout entier avance en chancelant, encore et encore… et encore.

Nous avons prévu la même chose pour les Etats-Unis. Mais nous pensions que ça arriverait plus vite.

Le désendettement prendrait sept ans, pensions-nous. Nous sommes déjà à la sixième année. Est-ce que ça finira l’an prochain ? On ne dirait pas. Les niveaux de dette aux Etats-Unis sont en fait plus élevés — si on inclut la dette fédérale.

Et dans la mesure où l’assouplissement quantitatif ne cause pas directement l’inflation, il pourrait continuer pendant des années encore — comme c’est le cas au Japon — sans véritable résultat… à part une dette gouvernementale beaucoup plus importante.

"Le QE", ricane Hugh, " ne marche pas. Il ne marchera pas à l’avenir. Il ne générera pas d’inflation. Dans ces conditions, je vais choisir des obligations d’Etat US offrant un rendement de 4%".

▪ Quand le désastre aura-t-il lieu ?
Vous voulez voir le QE en train de ne pas faire son office ? Regardez le graphique ci-dessous. La Fed injecte de l’argent. Il ne va nulle part :

C’est pour cette raison que Hugh pourrait garder ses obligations gouvernementales US pendant de nombreuses années avec bonheur.

Pas éternellement, bien entendu. Prêter sur la future production d’une économie paresseuse finira par se révéler désastreux. C’est ce qui se passe quand on arrive finalement à Buenos Aires. C’est à ce moment-là que le gouvernement passe au "QE Plus"… une stratégie conçue pour court-circuiter le système bancaire et faire passer plus d’argent dans plus de mains, plus rapidement.

Cela arrivera. Mais ça pourrait prendre de nombreuses années.

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