** Alors que l’inflation fait la majeure partie des gros titres, les nouvelles affluent du côté de la déflation également.
* Un titre dans la presse nous dit que les propriétaires ne redécorent plus comme autre fois. Comme on pouvait s’y attendre, les vendeurs de revêtements de sol en ardoise se reposent enfin.
* Et pauvre General Motors… GMAC a annoncé la fermeture de bureaux aux Etats-Unis et au Canada suite à des pertes de 2,3 milliards de dollars. Pour commencer, la société en prend plein les dents à cause des pertes de prêts immobiliers. A présent, ce sont les pertes dues aux financements automobiles qui passent à l’attaque. Là aussi, les saisies grimpent.
* Selon Jeremy Grantham, les prix de l’immobilier aux Etats-Unis baisseront de 20% à 30% par rapport à leur sommet. Pour la richesse implicite des Américains, cela représente une perte potentielle allant jusqu’à 6 000 milliards de dollars. C’est en partie ce qui pousse Martin Wolf, éditorialiste du Financial Times, à décrire le ralentissement qui se dessine aux Etats-Unis comme "la mère de toutes les crises".
* Wolf fait allusion à Nouriel Roubini, économiste à l’Université de New York, qui affirme que le déclin de l’immobilier mettra 10 millions de propriétaires "sur la tête" — c’est-à-dire qu’ils auront une plus grande quantité de prêt que de maison. Cela engendrera l’effondrement du crédit… des défauts de paiement… et des pertes énormes pour les prêteurs. Cela provoquera aussi une réduction considérable des dépenses de consommation, et, inévitablement, cela poussera les Etats-Unis dans une profonde récession.
** L’une des inconnues, dans ce scénario d’apocalypse, est la performance des marchés de dérivés. Personne ne sait exactement ce qu’il y a dans certains de ces instruments… et personne ne sait comment ils se tiendront durant une crise.
* Nous savons une chose, ici à la Chronique Agora : ils ne se tiendront pas comme on l’avait prévu. Nous le savons parce que les suppositions sur lesquelles les produits dérivés sont basés sont, essentiellement, des absurdités. Le modèle mathématique le plus sophistiqué de la planète ne vaut pas une promesse de campagne électorale si sa théorie sous-jacente est inexacte. Et l’idée selon laquelle on peut modéliser les futurs prix sur la base des prix passés et ainsi obtenir des prévisions fiables est tout simplement fausse. D’une certaine manière, c’est le problème observé par Heisenberg lorsqu’il essayait d’observer et de mesurer des particules atomiques en même temps. L’acte même d’observation provoque des distorsions. Dès qu’on note que "les actions surperforment les obligations sur le long terme", par exemple… on créée une distorsion sur le marché. Les gens achètent des actions, et en attendent une meilleure performance. Leurs achats font grimper les cours. Et ces cours plus élevés entraînent des rendements moins favorables à long terme.
* En utilisant le modèle de Black-Scholes… et d’autres trucs sophistiqués… les commerciaux du secteur de la finance ont réussi à prouver qu’ils pouvaient produire des rendements plus élevés avec moins de risque. Ces modèles dépendaient bien entendu du fait que l’avenir ressemblerait au passé. Mais jamais encore les investisseurs ne s’étaient vu offrir de telles occasions de fausser la courbe des prix !
* Le marché des produits dérivés a explosé entre 2001 et 2006, avec des taux de croissance annuels (de mémoire) atteignant près de 100%. Puis la dette subprime a implosé… et les acheteurs ont commencé à poser des questions. En 2007, le marché des dérivés est tombé en morceaux. Et à ce jour en 2008, les ventes de nouveaux dérivés sont en baisse de 93% par rapport à l’an dernier. Les CDO, les SIV, les monolines… ils ont tous de gros problèmes.