La Chronique Agora

Problèmes de liquidité…

** L’image avait de quoi frapper les esprits au journal de 20 h, en fin de semaine dernière : une file de Britanniques angoissés patientant devant un établissement Northern Rock, afin d’en retirer leur argent.

La banque, spécialiste du prêt hypothécaire, a vu ainsi deux milliards de livres sterling disparaître de ses caisses en un peu plus de 24 heures. Cela faisait suite à une annonce selon laquelle elle aurait de sérieux problèmes de liquidité — au point que la Banque d’Angleterre a dû intervenir, accordant un prêt d’urgence à Northern Rock.

De quoi frapper les esprits, donc… mais peut-être un peu rapidement ? On apprenait lundi dans La Tribune que selon la Bank of England et Northern Rock elle-même, « Northern Rock est ‘solvable, ayant des fonds propres supérieurs eux critères fixés par la loi, et disposant d’un portefeuille de prêts de bonne qualité’. »

La Tribune continue : « en clair : la banque basée à Newcastle, dans le nord-est de l’Angleterre, n’est pas exposée au marché américain des prêts immobiliers subprime. Mieux, elle prête d’abord son argent à une clientèle britannique solvable (prime market). Seulement, avec la contraction soudaine du marché du crédit interbancaire, Northern Rock a dû faire face à de sérieux problèmes de liquidité. Mais pas de solvabilité ! »

Vraies ou pas, ces données n’ont pas empêché le titre de dégringoler de 30% supplémentaire — il a perdu plus de 70% depuis le début de l’année.

Nous verrons bien ce que ça donnera par la suite… mais les clients de Northern Rock verront sans doute les dépôts bancaires d’un œil bien plus prudent à l’avenir. Peut-être même que certains d’entre eux ont utilisé les liquidités retirées pour s’acheter quelques onces d’or… et peut-être que cette mode est partie pour durer : le métal jaune a en effet enregistré une belle journée vendredi, grimpant de 10 $ entre le premier et le second fixing ; il a ainsi terminé la semaine à 716 $, contre 704,5 $ la veille au soir.

** Du côté boursier, la journée a été marquée par les nombreuses statistiques économiques en provenance des Etats-Unis. Prenons les choses dans l’ordre : les ventes au détail ont grimpé de 0,3% selon le département du Commerce… mais hors automobiles, elles ont reculé de 0,4% — alors qu’on attendait des hausses respectives de 0,6% et 0,2%. Malgré cette augmentation des ventes, les stocks des entreprises sont eux aussi en hausse, de 0,5% pour juillet, contre 0,3% attendus.

Le département du Travail US est ensuite entré dans la danse en annonçant le recul des prix à l’importation : -0,3% le mois dernier. La Fed publiait quant à elle les chiffres de la production industrielle, +0,2% contre +0,3% pressentis.

Mais l’indice de confiance du Michigan est venu consoler tout le monde — le moral du consommateur américain est en hausse, avec 83,8 ce mois-ci contre 83,4 points en août. Spectaculaire…

Les marchés ne s’y sont pas trompés : la journée de vendredi a été franchement médiocre sur les places européennes et américaines. Le CAC 40 a ainsi perdu 0,49%, rejoignant les 5 538,92 points — tandis que le Footsie, à Londres, chutait de 1,17%. A Francfort, le DAX a baissé de 0,51%.

A New York, le Dow Jones a grimpé d’un petit 0,13%, pour atteindre les 13 442,52 points. Le Nasdaq grappillait 0,04%, terminant la semaine à 2 602,18 points… et le S&P 500 s’est contenté de faire du surplace toute la séance, pour clôturer à 1 484,25 points.

** Le dollar a profité du petit regain de confiance des consommateurs pour grimper lui aussi un peu ; il a clôturé vendredi à 1,3877 pour un euro, contre 1,3903 la veille. Du côté des taux, le rendement du bon du Trésor US à 10 ans s’est détendu d’un point de base, à 4,46%.

Tout cela risque de changer demain, à l’issue de la réunion de la Fed ; reste à savoir dans quel sens les choses vont bouger…

Françoise Garteiser,
Paris

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