Considérée comme une horrible théorie du complot il y a encore quelques années, la manipulation du prix de l’or (et de l’argent) est aujourd’hui largement évoquée dans les médias grand public. Inutile de crier au scandale, cela dit – soyez plus malin : faites comme les Chinois !
Qui manipule le prix de l’or ?
En septembre 2020, la banque JP Morgan est condamnée à payer 920 millions de dollars pour manipulation des cours de l’or, de l’argent, du platine et du palladium ainsi que ceux des bons du Trésor pendant au moins huit ans, en utilisant une technique appelée « spoofing », qui consiste à passer des dizaines de milliers d’ordres sans intention de les honorer, et de les retirer juste avant leur exécution.
Cela donne aux acteurs du marché une idée erronée de l’état de l’offre et de la demande sur un actif.
Une amende d’un tel montant, c’est historique.
Et JP Morgan n’est de loin pas la seule…
En 2016 déjà, c’était au tour de la Deutsche Bank de se faire prendre la main dans le sac, payant une amende de 60 millions de dollars pour clore l’affaire.
En janvier 2021, la Deutsche Bank accepte à nouveau de payer 130 millions de dollars contre l’abandon de poursuites.
Ce ne sont là que quelques exemples où le coupable est puni, promet de ne plus recommencer, se tient tranquille pendant un moment avant de reprendre le « business as usual ».
Maintenant, la technique du spoofing peut avoir une influence sur le prix à plus ou moins court terme, c’est vrai, mais pas inverser une tendance de fond.
L’or et l’argent-métal sont dans un marché haussier de long terme, et ni le spoofing ni aucune autre technique de manipulation (comme la vente d’un même lingot non-alloué à plusieurs acheteurs en même temps) ne pourra changer cela.
Mais pourquoi manipuler les prix de l’or et de l’argent ?
L’or est le canari dans la mine.
L’or est le baromètre du système.
L’or est la seule véritable monnaie universelle et elle existe depuis des milliers d’années.
L’or est l’étalon qui permet de déterminer la valeur des autres actifs.
Il ne faut pas que l’illusion de la monnaie papier s’effondre – en tout cas, pas tout de suite et pas de manière incontrôlée.
Comme Jim Rickards nous l’explique très bien dans son Nouveau plaidoyer pour l’or : c’est une partie d’échecs entre les deux grands pôles de la scène géopolitique mondiale.
D’un côté, les banques centrales occidentales organisent la manipulation du prix de l’or et de l’autre, la Chine s’en accommode très bien, car cela lui permet d’acheter de l’or moins cher.
On peut considérer l’or comme les jetons à une table de poker.
Il faut posséder le plus de jetons possibles pour le moment où la partie s’arrêtera, au moment du Great Reset, quand ils réinitialiseront le système monétaire mondial comme ce fut le cas lors des accords de Bretton Woods.
Et la Chine veut au minimum traiter d’égal à égal avec les Etats-Unis. C’est le patron du Nouveau monde qui traite avec celui de l’Ancien monde.
La Chine est aujourd’hui le premier producteur mondial d’or avec 383 tonnes en 2019 contre 200 pour les Etats-Unis.
Officiellement, la Chine possède 1 950 tonnes d’or (chiffres de décembre 2020).
Même si la Chine sous-estime très certainement ses réserves pour des raisons stratégiques évidentes, elle est encore loin des 8 133 tonnes officielles détenues par les Etats-Unis.
Donc, la Chine veut acheter davantage d’or et un prix plus bas lui convient bien.
De leur côté, les Etats-Unis ne veulent pas que le dollar s’effondre, mais ils veulent un dollar plus faible pour que l’inflation allège le poids de la dette.
En face, la Chine ne veut pas d’inflation, car cela érode la valeur de ses réserves en dollars. En guise de compromis, la Chine peut acheter de l’or moins cher. La Chine se sert de l’or comme « couverture » (hedge) pour contrebalancer ses avoirs en bons du Trésor US.
La Réserve fédérale américaine, de son côté, est d’accord pour que le prix de l’or monte, mais de manière ordonnée. Surtout pas trop fort, ni trop vite.
Pourquoi acheter de l’or si ces gros acteurs peuvent manipuler le prix ?
Parce que la manipulation ne peut pas durer éternellement. Même si c’est moins de 1%, il faut toujours un minimum d’or physique pour manipuler le prix par le biais du marché papier – et il arrivera un moment où les manipulateurs tomberont à court.
Il arrivera aussi un moment où la Chine aura assez d’or, avec un bon ratio or/PIB, égal ou supérieur à celui des USA.
Le ratio or/PIB nous indique la quantité de « vraie » monnaie qui soutient l’économie réelle. C’est l’inverse de l’effet de levier de la dette publique.
En 2017, le ratio des Etats-Unis était de 1,8%. Pour la Chine, le ratio était estimé à 1,5%, mais la Chine n’est pas transparente sur la quantité d’or détenue dans ses réserves. Pour information, la Russie affichait un ratio or/PIB de 5,6%, soit trois fois le ratio américain.
On devine un peu quels seront les champions du Nouveau monde…
Quand la Chine possédera suffisamment d’or, les Etats-Unis pourront dévaluer le dollar par le biais d’une hausse du prix de l’or.
Donc, soyez malin.
Faites comme les Chinois et achetez de l’or pendant qu’il est moins cher.
En fin de compte, le prix n’a aucune importance !
Le prix ne sert qu’à avoir le plus de métal possible pour son « argent ». Une fois que vous possédez de l’or (et de l’argent), le prix n’a plus d’importance.
Déjà parce que, comme le dit Charles Gave, les banques centrales trafiquent les taux d’intérêt et les taux de change, dont dépendent tous les autres prix. De sorte qu’aujourd’hui, tous les prix sont faux.
Par ailleurs, si les taux d’intérêt sont artificiels, le prix de l’argent est faux et la monnaie ne peut donc plus servir d’outil pertinent pour mesurer la valeur des biens et des services. Le prix de l’or en euros ou en dollars n’est donc pas un bon outil de mesure.
En réalité, il n’existe plus aucune véritable monnaie. Plus aucune n’assure la fonction de « réserve de valeur »
Et quand tout est faux, on se tourne vers la seule valeur qui a survécu pendant des milliers d’années : l’or.
C’est du simple bon sens… et nous n’avons pas d’autre choix.
Oui, la monnaie, c’est l’or. Enfin, la seule véritable « bonne » monnaie. Comme le dit la Loi de Gresham : « la mauvaise monnaie chasse la bonne ».
La mauvaise monnaie, c’est l’euro. On l’utilise pour effectuer nos dépenses, payer nos factures. La bonne monnaie, c’est l’or. Elle sera chassée par la mauvaise monnaie et thésaurisée comme réserve de valeur.
Mais ils manipulent les prix pour nous empêcher de comprendre cela.
Cela ne fonctionne d’ailleurs pas trop mal, car pour le moment, très peu le comprennent en réalité.
Ne perdez pas de temps
Actuellement, l’or représente moins de 0,5% des actifs financiers mondiaux, contre 3% il y a 40 ans. Donc, ne perdez plus de temps, car quand le nombre de personnes à avoir compris l’intérêt de l’or sera trop important, les autorités imposeront un contrôle des changes, des prix, des capitaux.
Au premier déclic, le prix de l’or exprimé en monnaie actuelle explosera à la hausse, et encore davantage dans la monnaie de demain érodée par l’inflation.
Manipuler le marché physique, c’est plus compliqué – on l’a d’ailleurs vu pendant la pandémie au printemps 2020. Avec une hausse de la demande et une offre restreinte, le prix du métal physique a explosé, avec des primes très importantes (+30%) par rapport au cours.
Il était quasi impossible de mettre la main sur du physique (peut-être quelques lingots, mais les pièces étaient introuvables !)
Ce fut une situation jamais vue en 30 ans, d’après plusieurs acteurs du secteur.
Les investisseurs doivent bien comprendre le véritable enjeu et l’absolue nécessité de posséder de l’or et de l’argent physiques malgré les replis à court terme.
Et il faut le comprendre avant que trop le comprennent, car à ce moment-là, ils fermeront les portes et nous serons pris au piège, avec un euro numérique sans valeur que nous serons autorisés à dépenser comme on nous le dit et pas autrement.
Bref, manipulés ou pas, il faut posséder de l’or et de l’argent. Il sera toujours temps ensuite d’échanger cette richesse, au moment opportun, contre la prochaine monnaie saine ou la prochaine classe d’actifs sous-évalués.
En attendant, accumulez tant que le prix est manipulé.
[NDLR : Retrouvez plus d’analyses et de recommandations de Vincent Denis sur son site, www.goldconsulting.be]