La Chronique Agora

Pression fiscale : en ressentez-vous des effets concrets ?

▪ « C’est bien simple, on n’arrive plus à mettre de côté ».

Votre correspondante dînait avec un couple d’amis il y a quelques jours. Tous deux ont un travail, un prêt immobilier raisonnable (si tant est qu’on puisse qualifier l’immobilier parisien de raisonnable…), un style de vie ordinaire, aucun goût pour les dépenses somptuaires.

Sauf que le fait est là : il leur est devenu impossible d’épargner comme avant. La note fiscale de cet automne les a forcés à puiser dans des réserves initialement destinées à autre chose ; l’incertitude quant à leur taxation future change leurs habitudes financières — et de consommation.

Certes, ils ne sont pas à plaindre, comme le dit l’expression consacrée. Un toit sur leur tête, un emploi stable. C’est vrai aussi qu’on râle au sujet des impôts quoi qu’il arrive — c’est presque génétique, surtout en France ! Mais depuis quelques temps, je note que même chez des gens pour qui cela ne devrait pas être le cas, on est « un peu juste » à la fin du mois. On rogne sur les vacances, on n’achète pas de nouvelle voiture. (Imaginez, même les clubs de football sentent passer la douleur !)

Je sais, je sais : cela peut s’apparenter à des jérémiades de privilégiés. Tout de même — on parle là de gens comme tout le monde, qui ne sont ni nantis ni sous le seuil de pauvreté. La majorité de la population. Des gens « normaux »… qui ne le sont plus tant que ça désormais.

Mais oui, après tout : est-il « normal » que payer leurs impôts — ce qui ne posait aucun problème jusqu’à maintenant — devienne soudain difficile ? Pour payer cette année, ils ont sacrifié le compte-épargne ouvert à la naissance de leur petite fille ; certes elle n’a que 18 mois, ce n’est donc pas (encore) une fortune… mais tout de même, je répète, est-ce normal ?

▪ Ce qui me frappe surtout, c’est l’inquiétude qui se généralise. De mes parents à mes amis en passant par mes collègues, plus personne n’est sûr de rien.

« On attend que les impôts tombent, avant de voir si on fait des travaux ». « Mais les plus-values de mon PEA, je les ai déjà dépensées il y a bien longtemps ! S’ils se mettent à faire des taxes rétroactives, comment va-t-on s’en sortir ? » « De toute façon, ça ne sert à rien de mettre de côté, si l’Etat veut prendre, il prendra » — telles sont les petites phrases que j’entends au fil des conversations.

Ce n’est pas ainsi qu’on gère un pays. Ce n’est pas ainsi qu’on redresse un déficit abyssal, ce n’est pas ainsi qu’on entretient la solidarité nationale… Bref, pour reprendre les termes de Bill Bonner, on ne force pas une économie à faire ce qu’elle ne veut pas.

La preuve ?

Malgré cette pression fiscale accrue, les recettes fiscales sont en baisse. Huit milliards d’euros manquaient à l’appel en juin dernier par rapport aux prévisions gouvernementales.

Messieurs les politiques… ne serait-il pas temps de revoir un peu votre copie (voire de faire carrément l’école buissonnière) ?

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile