Donald Trump a popularisé les fake news mais il y a beaucoup à dire aussi sur les statistiques, ou « données macroéconomiques », pour reprendre le style guilleret de l’INSEE. Il y a plus de fake statistics que de fake news.
Hier, je vous parlais de notre pouvoir d’achat, de nos revenus et des statistiques.
Quelle ne fut pas ma surprise de lire dans l’étude de l’OFCE la phrase suivante :
« Ce sont surtout les revenus réels du capital par ménage (qui intègre les loyers ‘fictifs’ des ménages occupant le logement dont ils sont propriétaires) qui ont connu une forte hausse sur cette période, augmentant deux fois plus vite (1,7% en moyenne par an) que les revenus réels du travail »
Une fois que vous êtes propriétaire de votre logement, les statisticiens considèrent que vous avez un revenu du capital (le loyer que vous ne payez pas). Les revenus des propriétaires sont donc artificiellement gonflés et vous remarquerez qu’ils augmentent plus que les « revenus réels » du travail. A ce propos, je me suis demandée ce qu’étaient les « revenus irréels » du travail, mais je n’ai pas creusé cette question. A chaque jour suffit sa peine…
Si, après avoir consenti à un sacrifice, nous sommes riches de ce que nous ne payons pas, voilà qui arrange bien le tableau économique.
Ne nous étonnons donc pas d’un décalage croissant entre ce que nous vivons au quotidien et les « vérités statistiques » dont les gouvernements nous bombardent pour nous démontrer qu’ils agissent au mieux de nos intérêts.
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Ces statistiques ne nous empêchent pas de constater notre perte de pouvoir d’achat et une augmentation continue de nos dépenses contraintes, obligatoires. Pratiquement, nous perdons la main sur notre liberté financière. Ne nous étonnons pas dans ces conditions des votes « populistes » qu’on pourrait aussi bien qualifier de sceptiques.
Lorsque vous payez très cher de l’immobilier en contractant un crédit, le secteur financier obtient une rente, l’Etat obtient des rentrées fiscales (droit de mutation, taxe foncière, taxe d’habitation, plus-value) et on vous fait croire que vous êtes riche d’un loyer fictif !
L’os à ronger du « pouvoir d’achat arbitrable »
Face à ce croissant « décalage de ressenti », l’INSEE a accouché de deux nouvelles mesures : celui de « revenu disponible arbitrable » et de « consommation finale pré-engagée ». Le tout débouchant sur un « pouvoir d’achat arbitrable ».
Nos statisticiens d’Etat quantifient ce qui nous reste vraiment, l’os qu’on nous laisse à ronger après avoir fait face à toutes nos obligations.
Voici ce que cela donne. Sur ce graphique, l’évolution (en%) de l’os à ronger est en rouge. Lorsque le rouge est sous l’horizontale, l’os est diminué ; lorsque le rouge est au-dessus de l’horizontale, l’os grossit un peu.
Cliquez sur le graphique pour l’agrandir
Source INSEE
Vous constatez que depuis 1979, en moyenne, ce « revenu arbitrable » progresse de moins en moins. C’est certainement une coïncidence, mais depuis cette date, la mainmise de l’Etat sur notre économie ne cesse de croire. Elle est passée de 45% à 57%.
Et encore, ces jolis graphiques de statisticiens ne disent pas tout.
Prenons un exemple :
En 2011, le revenu baisse de 0,5%. Vous aviez 100, il vous reste 99,5.
En 2012, le revenu baisse de 3%. Vous aviez 99,5, il vous reste 96.
En 2013, le revenu baisse de 2,2%. Vous aviez 96, il vous reste 93,3.
En 2014, le revenu progresse de 0,6%. Il vous reste 93,9.
En 2015, le revenu progresse de 1,3%. Il vous reste 95,1.
Pour simplement récupérer votre niveau de 2011, il faudrait en 2016 une progression de 5,15%. Du jamais vu depuis… 1978 !
Comment votre pouvoir d’achat arbitrable se rétrécit comme une peau de chagrin
Oui, nous sommes volés de nos gains de productivité depuis des années. Ces gains de productivité, l’économie réelle les conquiert face à une concurrence, souvent mondiale. Mais cet argent est allé arroser le sable des subventions et du capitalisme de copinage.
Car c’est bien le but de ces normes, règlements, subventions : vous contraindre à dépenser là où l’Etat pense que c’est bien. Et l’Etat pense mieux et plus que vous.
Récemment, le gouvernement a ainsi pensé que les copropriétaires étaient incapables de planifier leurs travaux. Pourtant, en constatant le délabrement de certains bâtiments publics, vous auriez tendance à penser que c’est l’Etat lui-même qui a du mal à planifier ses travaux d’entretien et ne devrait pas nous donner de leçons, mais revenons à notre sujet…
Le législateur, dans sa grande bonté, a voulu protéger contre eux-mêmes les propriétaires imprévoyants. Depuis le 1er janvier 2017, une loi contraint les copropriétaires à bloquer au moins 5% du budget de dépenses d’une copropriété dans un compte spécial.
Evidemment, cette loi fait le bonheur des syndics de copropriété et des banques dépositaires.
Bien sûr, cette loi ampute aussi votre « pouvoir d’achat arbitrable » 2017 qui va encore en prendre un coup.
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On attend le jour où sera adoptée la taxe sur le compte de provisions pour travaux (parce que les riches copropriétaires peuvent payer) ou encore l’intégration dans notre revenu imposable de la rémunération du compte de provisions pour travaux… A moins qu’un lobby quelconque, en mal de commandes et de clients captifs, ne décide qu’il faille imposer des travaux de mise aux normes des fenêtres pour empêcher les occupants de se défénestrer, ou de faire parler les chaudières comme les ascenseurs.
Ne vous inquiétez pas : l’imagination de la Parasitocratie pour capter notre argent est sans limite.