Deux économistes de l’école autrichienne, spécialistes de l’or, se penchent sur le bitcoin et autres cybermonnaies et indiquent en quoi ces « monnaies » sont utiles.
Le point de vue de Ronald-Peter Stöferle et Mark J. Valek (Incrementum Liechtenstein AG) à propos de l’année écoulée sur l’or est désormais célèbre. Le rapport annuel « In GOLD we TRUST » ne se limite néanmoins pas à l’or. Il est également l’occasion pour les auteurs d’aborder de nombreux sujets connexes dont cette année un qui m’intéresse particulièrement et sur lequel je souhaite revenir aujourd’hui : l’essor des cybermonnaies.
Ce sujet est particulièrement d’actualité (même s’il est vrai que le marché des cryptos n’est pas vraiment réputé pour son calme !) puisque la sévère correction qui a fait suite au plus haut atteint par le bitcoin le 12 juillet dernier est venue rappeler aux intervenants trop hardis que dans un marché haussier, nous sommes tous des génies !
Le bitcoin, enseigné dans les universités
C’est la question à laquelle Stöferle et Valek ont consacré les pages 113 à 120 de leur dernier opus. Il est à noter que cela n’est pas la première fois que les deux Autrichiens s’intéressent aux cryptomonnaies puisqu’ils avaient déjà abordé le sujet sous l’angle de leur caractère « antifragile », en comparaison avec l’or.
Le 1er juin 2017, à la publication du dernier rapport, le bitcoin cotait 2 400 €. En dépit de la forte croissance du prix, les auteurs estiment qu' »une exposition au bitcoin reste une bonne décision en 2017″, et ce pour cinq raisons.
Tout d’abord, comme l’or, le bitcoin fait l’objet de « caractéristiques fondamentales et statistiques uniques » et constitue à ce titre une « classe d’actif » en tant que telle. « La corrélation entre l’or et le bitcoin ayant été faible et légèrement négative », ces deux classes d’actifs présentent des propriétés différentes et ont chacune leur place dans une stratégie de diversification de portefeuille.
Par ailleurs, il n’est pas exclu que malgré la forte croissance du cours, le public se retreigne encore vis-à-vis de l’achat de bitcoin. Pourquoi donc ? En vertu du paradoxe d’Ellsberg, selon lequel les investisseurs préfèrent « les rendements faisant l’objet de probabilités de distribution connues plutôt que ceux faisant l’objet d’une probabilité de distribution inconnue ».
Bitcoin n’étant coté que depuis quelques années, « il n’y a tout simplement pas assez de données pour réaliser des analyses statistiques ». On peut donc émettre l’hypothèse que les cours sont biaisés à la baisse du fait de « l’aversion à l’ambigüité » des investisseurs.
Ensuite, la popularité et l’utilisation de bitcoin ont fortement augmenté au cours des dernières années. Les auteurs ne font pas ici référence aux 125 000 commerçants qui acceptent les règlements en bitcoins, mais aux poids lourds que sont le New York Stock Exchange, sur lequel est entrée en 2014 la plateforme d’échanges américaine Coinbase, ou encore aux cours spécialement dédiés au bitcoin dispensés à Stanford, Princeton et dans une dizaine d’autres universités américaines depuis 2016.
Les taux d’intérêt négatifs constituent une autre raison pour détenir du bitcoin. La cyberdevise constitue « une alternative aux devises fiat inflationnistes dont la détention implique des frais ». L’offre de bitcoin est fixée à 21 millions et la cyberdevise peut-être « stockée gratuitement ».
Je rejoins le constat des auteurs, à la nuance près que le stockage gratuit, en particulier sur une plateforme d’échange sujette au risque de piratage, n’est pas la meilleure solution. Un portemonnaie physique comme le Ledger Nano S coûte dans les 70 €. Si la question des solutions de sécurisation des cryptomonnaies vous intéresse, je vous recommande cette vidéo dans laquelle le youtuber et chef d’entreprise Hasheur présente plusieurs solutions.
Bitcoin et société sans cash libre
Enfin, dans un contexte où la société sans cash se rapproche doucement mais sûrement, le recours à un portemonnaie offline pour cryptodevises permet notamment de pallier le problème des frais de transactions, ainsi que le risque de voir ses avoirs gelés.
Si vous pensez que vous seriez condamné d’avance à mourir de faim au bout de trois jours sans CB ni espèces, je vous recommande cette vidéo du youtuber Autodisciple, qui a vécu 30 jours en n’utilisant que des bitcoins (d’accord, sauf à la quête de la sortie de l’église, pour être tout à fait juste !). Cette expérience valide la proposition de Bill Gates selon laquelle « c’est l’activité de banque qui est nécessaire, pas les banques elles-mêmes ».
Au final, les auteurs estiment que le bitcoin et les autres cyberdevises « pourraient devenir une partie intégrante de la gestion de fortune dans la perspective de la diversification de portefeuille ».
Mais le bitcoin ne présente-t-il pas trop d’inconvénients en comparaison à l’or ? Et, s’il peut être pertinent de détenir du bitcoin en portefeuille dans une optique de diversification, quel serait le pourcentage à ne pas dépasser ? C’est ce que nous verrons dès demain !
[NDLR : Pourquoi et comment ces cybermonnaies pourraient-elles devenir des « valeurs refuges », en quoi peuvent-elles vous être utiles, comment les acheter et les vendre ? Toutes les réponses sont ici.]