La Chronique Agora

Pourquoi l'inflation des prix à la consommation ne suit-elle pas la hausse de l'or ?

▪ Nous nous sommes toujours demandé pourquoi il y avait tant de débats autour du taux d’inflation. Il semble si simple à suivre : on entre dans un magasin, on achète une boîte de céréales, on note le prix. Le mois suivant, on fait la même chose. Qu’y a-t-il de si difficile ?

Mais que se passe-t-il si la boîte est plus petite le mois suivant ? Si les céréales sont deux fois meilleures ? Si on aime autant d’autres céréales deux fois moins chères ?

Quel est le taux d’inflation réel ? Tout dépend de la manière dont on le calcule. Le département du Travail US montre que l’inflation des prix à la consommation dépasse à peine les 2%. John Williams de shadowstats.org met ce chiffre plus près des 8%.

Nous disons « à peine » et « près des » parce que les chiffres ne sont jamais plus que des approximations ; inutile de les habiller de décimales comme s’ils étaient précis et fiables.

Et voilà qu’arrive l’université du MIT, avec un projet de suivi des prix par Internet. Au lieu de créer un petit échantillon de prix que l’on vérifierait périodiquement, le Billion Prices Project [« Projet ‘Un milliard de prix' », NDLR.] examine une gigantesque série de prix sur l’ensemble du Web, en temps réel.

Les chiffres ainsi obtenus ne sont peut-être pas parfaits, mais ils sont nombreux. En utilisant un tel volume d’information, le Billion Prices Project est probablement la mesure de l’inflation des prix à la consommation la plus fiable qu’on ait développée jusqu’à présent.

▪ Vous vous demandez donc probablement… quel est le fin mot de l’histoire ? A combien se monte l’inflation américaine ?

Au cours des 12 derniers mois, les prix ont grimpé de 3,2%, déclarent les professeurs Alberto Cavallo et Roberto Rigobon, qui ont développé cet indice.

Mais attendez ! Le taux va en accélérant ! Si l’on annualise les données des trois derniers mois, on obtient 7,4%.

Inutile de vous en dire plus, cher lecteur. Si ce taux perdure, le monde financier actuel se délitera.

Selon les calculs les plus récents du Billion Prices Project, les rendements des obligations gouvernementales américaines ne font que la moitié de l’inflation des prix à la consommation. Comment est-ce possible ? Pourquoi les investisseurs achèteraient-ils une obligation ne rapportant que la moitié du taux d’inflation ? Sont-ils idiots ?

Peut-être parient-ils que les derniers chiffres sont un coup de hasard. Ben Bernanke l’a dit lui-même.

« Je pense que l’augmentation de l’inflation sera transitoire », a déclaré l’homme portant plus de responsabilité, pour ces hausses de prix, que tout autre être vivant. Selon lui, les hausses ne sont que les caractéristiques des « conditions de l’offre et de la demande dans le monde ».

▪ D’accord. Peut-être que c’est bien le cas. Mais qu’en est-il de l’or à 1 500 $ ? L’offre de métal jaune est à peine supérieure à ce qu’elle était lorsqu’il cotait 1 000 $ l’once.

Vous direz que la demande a augmenté de 50%… mais cela ne fait que générer une série de nouvelles questions. L’or n’a pas d’utilisations — sinon ornementales et monétaires. Que s’est-il passé qui en augmente si soudainement la demande ? Et si quelque chose a fait grimper la demande l’or, peut-être cette même chose a-t-elle affecté aussi le pétrole et le blé.

Les autorités essaient de comprendre — avec beaucoup de mauvaise foi. Le président Obama lui-même leur a demandé d’examiner les augmentations de prix et de rapporter toutes les bizarreries potentielles. Bien entendu, les vraies bizarreries sont visibles comme le nez au milieu de la figure. La Fed a triplé ses détentions de dette privée et publique — et ajouté près de 2 000 milliards de dollars de liquidités supplémentaires pour y parvenir. La majeure partie de cet argent reste gelé dans le système bancaire. Mais que se passera-t-il lorsque la situation commencera à chauffer… et que cette somme sera multipliée, peut-être jusqu’à 10 fois ? Est-ce que ça ne fera pas augmenter les prix encore plus rapidement ?

C’est peut-être de ça que les gens s’inquiètent. Pour se protéger, ils achètent de la devise solide et éprouvée, de la devise traditionnelle. Parce qu’ils ont peur que la variante moderne ne tienne pas le coup.

Et pendant ce temps, « la glissade du dollar s’accélère », rapporte le Wall Street Journal.

 
Note : Cet article vous a plu ? Pour recevoir tous les jours l’édition complète de La Chronique Agora par e-mail, il suffit de vous inscrire.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile