▪ Si on pouvait vraiment assurer la prospérité d’une société simplement en gonflant sa devise, le Zimbabwe serait plus riche que la Suisse… et les Argentins rouleraient tous en Mercedes. Ils ont une inflation de 25%, actuellement. Mais ils ne s’enrichissent pas. Ils ne conduisent pas de Mercedes. Ils cherchent simplement des moyens d’éviter de se faire dépouiller, en achetant des appartements et en ouvrant des comptes en banque offshore.
Pourtant, tout le monde semble prêt à croire que l’inflation monétaire arrangera les choses. Même les penseurs les plus illustres du monde financier.
George Soros, dans le Financial Times :
"Ce dont les Etats-Unis ont besoin, c’est de stimulants"…
"Sans renflouage", dit-il, revenant sur un terrain familier, "le système financier serait resté paralysé".
Vraiment ? Pourquoi pense-t-il une telle chose ? A notre avis, les renflouages eux-mêmes sont la source de la paralysie. Plutôt que de laisser les choses suivre leur cours, les renflouages les ont laissées à peu près là où elles étaient. Des banquiers ratés gèrent encore des banques en faillites. Des cadres ratés dirigent encore des constructeurs automobiles en faillite. Des régulateurs et des politiciens ratés font encore plus de règlements… et quant à la politique… eh bien, nous avons l’assouplissement quantitatif, maintenant !
Imprimer de l’argent supplémentaire — sans rien pour le soutenir –, c’est le genre de choses que seuls les faussaires avaient l’habitude de faire. A présent, les banquiers centraux et les secrétaires au Trésor s’y mettent aussi. Ils ne s’en excusent pas. Ils ne baissent pas la tête en envisageant de mettre fin à leurs jours. Ils en sont plutôt fiers… ils annoncent qu’ils ont "sauvé la civilisation", ou autres sottises équivalentes.
▪ Tout ça est si stupéfiant… que nous en avons le souffle coupé. Tout le monde semble persuadé de mieux savoir ce que les gens devraient faire avec leur argent que les gens à qui appartient l’argent en question. Les entreprises accumulent des liquidités, dit Soros ; elles devraient investir. Les consommateurs remboursent leurs dettes ; ils devraient dépenser, dit Krugman.
Quoi ? Ils ne veulent pas dépenser ou investir ? Nous allons devoir leur voler l’argent, par l’inflation, et faire en sorte qu’ils veuillent s’en débarrasser.
Tout ça n’a aucun sens en théorie. Pourquoi les gens devraient-ils faire autre chose que ce qu’ils veulent faire avec leur argent ? A quoi est bonne une économie, sinon à servir les intérêts des gens qui y résident ?
Mais les empêcheurs de tourner en rond pensent qu’ils en savent plus long. Ils pensent qu’une économie est censée les servir, eux — en faisant ce qu’ils exigent. Ils veulent qu’elle produise le plein emploi, des augmentations de prix à la consommation et des chiffres positifs pour le PIB — en permanence. Et ils pensent pouvoir obtenir toutes ces choses en augmentant la masse de "devise" notionnelle.
En théorie, c’est du vent… mais peut-être que ça fonctionne en pratique ? Dans ce cas, où sont les preuves ? Quand est-ce que ça a fonctionné ?
Jamais. Et ça ne fonctionnera jamais.
Mais ça peut sans aucun doute déclencher un feu d’artifice sur les marchés… avant de faire entièrement exploser l’économie.