** L’inflation fait grimper les matières premières, l’or et le pétrole… tandis que la déflation fait des ravages sur les actions. Le prix du pétrole a atteint de nouveaux records… tandis que les marchés boursiers dégringolaient. Il est surprenant de voir qu’ils n’ont pas chuté plus encore.
* Comme le dit Richard Russell :
* "Tout le monde sait que ce marché sanglant est censé baisser. Le dollar est malade, les déficits américains continuent — et ils sont gigantesques –, les consommateurs réduisent leurs dépenses, le marché de l’immobilier est désastreux, la guerre en Irak est atrocement chère, les banques vacillent et l’inflation prend de la vitesse".
* "Alors pourquoi le marché ne s’est-il pas déjà effondré ?"
* "Les consommateurs sont soumis à plusieurs pressions", déclarait Frederick Mischkin, gouverneur de la Fed, dans un discours la semaine dernière. La richesse réduite des ménages, associée à un marché de l’emploi déclinant et des prix du carburant frôlant des records "vont probablement freiner la croissance des dépenses dans la période à venir".
* Sur Bloomberg : "la valeur des propriétaires en tant que part de leurs détentions immobilières totales a chuté à 47,9% — au plus bas depuis que les chiffres trimestriels ont commencé à être enregistrés en 1951 –, contre 48,9% durant la période précédente".
* Les saisies viennent d’atteindre un nouveau record, tandis que les propriétaires "abandonnent" l’idée d’essayer de verser leurs remboursements sur des maisons qui ne valent plus ce qu’ils les ont payées. Et on apprend maintenant que la valeur nette des ménages a décliné lors du quatrième trimestre 2008. Avec la perte de valeur de leurs maisons, les Américains ont perdu 532,4 milliards de dollars.
* Et alors que le citoyen lambda mange la poussière, les grandes pointures ne vont pas mieux. Merrill a dû fermer son unité de prêts subprime, rapporte TheStreet. Le fonds de prêts hypothécaires de Carlyle a fait faillite. Les investisseurs de Peloton ne récupéreront pas un sou de leurs investissements, aux dernières nouvelles. UBS, HSBC, Credit Suisse, Société Générale… tous comptent leurs pertes.
** Jusqu’à présent, les investisseurs avaient une vision plutôt positive de la situation. Ils voyaient venir les problèmes… mais pensaient qu’ils seraient faciles à résoudre. Ils ont applaudi la réaction rapide de la Fed, pensant qu’elle ne tarderait pas à remettre l’économie sur pied. Quasiment toutes les prédictions parlaient d’une "reprise au second semestre". A présent, les commentateurs commencent à douter.
* Martin Barnes, du Bank Credit Analyst, déclare : "la reprise sera sans doute inhabituellement légère, étant donné les vents contraires du cycle de désendettement". Même la Kiplinger Letter voit arriver une crise qui "pourrait être courte, un trimestre ou deux de croissance négative. Mais la reprise prendra bien plus de temps, avec des effets secondaires durant jusqu’en 2010 au moins. Il n’y aura pas de remontée rapide de la croissance des emplois, pas de hausse vigoureuse des revenus, des dépenses ou des profits".
* Et contre ces perspectives moroses… nous avons une mince ligne de défense : les autorités économiques et monétaires. Elles baissent les taux, offrent des réductions d’impôt, conseillent aux banques de laisser tomber des prêts, et préparent un sauvetage de plusieurs milliards de dollars — oui, les autorités vont "faire quelque chose". Mais que peuvent-elles vraiment faire ? Ah… c’est bien le problème. Ces flics n’ont pas de bouclier… pas de matraques… pas de gaz lacrymogènes… et pas d’armes à feu. Comment peuvent-ils empêcher la foule de faire ce qu’elle veut ?
* Nous nous rappelons les mots de Paul Volcker à l’automne dernier : "la Fed a perdu le contrôle de la situation", disait-il. Comme une ligne de CRS essayant de contrôler une foule, la Fed est repoussée par les événements. En dépit de ses baisses de taux, plus personne ne s’endette.
* Mais l’inflation continue aussi. Et plus les fédéraux luttent contre le processus de désendettement — avec la seule chose qu’ils ont sous la main… plus de papier monnaie — plus le taux d’inflation grimpe.
* Ce n’est qu’une question de temps, déclare notre vieil ami Marc Faber, avant que la Fed ne "détruise le dollar US". Les Etats-Unis sont désormais dans "une phase de ‘désendettement’, où les banques accordent moins de prêts, freinant la croissance économique", a-t-il dit, ajoutant qu’il pensait que la récession américaine avait commencé voilà deux ou trois mois.
* "Aux Etats-Unis, on applique essentiellement des politiques économiques ciblant la consommation, ce qui est malavisé, selon moi", déclarait Faber durant un entretien accordé à Bloomberg Television. "Ils devraient mettre en place des politiques économiques stimulant le placement de capitaux et la formation de capital".
* L’article de Bloomberg continue : "l’indice Standard & Poor’s 500 a baissé de 9,7% depuis le 18 septembre, date où la Fed a commencé à baisser son taux directeur de 5,25% à 3%. Le dollar a perdu 9,2% de sa valeur par rapport à l’euro, les futures sur le brut ont gagné plus de 29%, et l’or a grimpé de 34% durant cette période".
* "De nouvelles baisses de taux pourraient stimuler l’inflation et réduire la valeur des bons du Trésor US à 10 et 30 ans", a affirmé Faber, en appelant les obligations "un désastre en attente". Les T-Bonds à 10 ans ont chuté à un plus bas de quatre ans de 3,44, le 22 janvier dernier.