La Chronique Agora

Les politiciens nous prennent-ils vraiment au sérieux ? (2/6)

opinion

Le défi de la semaine : trouver un lien de cause à effet entre l’égalité des sexes et le changement climatique.

Pour être élu, il vaut mieux être du côté de tout le monde. Un autre moyen de ne se mettre personne à dos consiste à exprimer une opinion dans laquelle il est impossible de ne pas se reconnaître. Agrégé de Lettres classiques et expert ès bisous, François Bayrou est un spécialiste en la matière :

Moi aussi, comme ma boulangère et son chien, je partage l’avis de François Bayrou.

Mais comment procède-t-on ? Diminue-t-on drastiquement le niveau des charges en changeant de modèle social ? Pas sûr que tout le monde soit d’accord… Bref, si on ne dit que ça, on n’a rien dit. Déclaration à classer au rayon des accessoires inutiles.

Je connais en revanche quelques figures politiques qui se faisaient une toute autre idée de ce que devait être un programme politique :

Malheureusement, je n’en distingue guère dans le paysage français contemporain…

Connaissez-vous le résultat des réflexions estivales de Stéphane Le Foll ?

On souhaite bien du courage à l’ancien ministre de l’Agriculture et à ses amis socialistes pour se refaire une virginité.

Critiqué pour son « égo démesuré », son « arrogance » et l’esprit de courtisanerie qu’il entretient, Emmanuel Macron a hérité du sobriquet de « Jupiter ».

Mais cela serait être bien injuste vis-à-vis des porte-parole de La France insoumise de ne pas rappeler que ces derniers mettent la barre très haut :

La politique a un côté désespérant en cela qu’elle donne l’impression d’un éternel recommencement. A chaque alternance, c’est la même ritournelle : le nouveau gouvernement fait mine de s’étonner de l’ampleur des dégâts générés par le gouvernement précédent.

Cette mystification a le mérite de permettre de retarder la mise en place des réformes budgétaires annoncées ou d’en diminuer la portée.

Ainsi le Premier ministre Edouard Philippe a-t-il tenu le propos suivant :

On s’étonnera de cette déclaration d’Edouard Philippe puisque son N+1 était aux avant-postes de l’équipe Hollande et que le Premier ministre lui-même est un haut fonctionnaire et un politicien de carrière…

Valérie Pécresse a confirmé qu’elle a un problème avec l’Angleterre. L’ancienne ministre du Budget, qui estimait au mois de février que la Grande-Bretagne était en Zone euro, lançait en juillet Libres!, son mouvement au sein des Républicains, en reprenant la cocarde anglaise plutôt que la cocarde française.

Mais on pardonnera Mme Pécresse, l’intitulé de son mouvement la posant en pourfendeuse de l’étatisme chez Les Républicains, à moins bien sûr qu’il ne s’agisse d’une énième mystification politicienne.

L’incompétence est-elle normale ?

Je ne m’appesantirai pas sur les prestations publiques désastreuses de nombre de députés LREM. Risée du web pendant plusieurs semaines.

Je préfère vous parler de Yaël Braun-Pivet, la députée LREM nouvelle présidente de la commission des Lois de l’Assemblée nationale. Pourtant avocate de formation, c’est sans gêne qu’elle a demandé à des fonctionnaires ébahis : « je ne suis pas constitutionnaliste. Pouvez-vous me dire comment il faut présenter le texte sur l’état d’urgence ? Et surtout, quand vote-t-on les décrets ? ». Sauf que voilà, un décret, ça ne se « vote » pas, c’est « pris » par le gouvernement.

Mais on comptera à l’actif de Mme Braun-Pivet d’avoir fait savoir en fin de séance – quoi qu’à son insu alors que son micro, qu’elle pensait coupé, ne l’était pas encore – qu’elle n’est pas pleinement satisfaite du comportement des députés LREM : « on a une responsable de texte qui est inexistante, c’est comme si elle était à Nouméa sur une chaise longue… Naïma, elle fait ce qu’elle peut, et on a un groupe qui dort, qui ne sait pas monter au créneau, qui est vautré ! »

Yaël Braun-Privet n’est donc pas la personnalité politique la plus pernicieuse du paysage…

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