La Chronique Agora

Les politiciens nous prennent-ils vraiment au sérieux ? La palme revient à François Hollande

François Hollande

La semaine dernière je vous parlais des séquelles de la « hontectomie » chez les politiciens. Le président sortant François Hollande se hisse à la première place dans ce domaine. Fin juin, la Cour des Comptes déclarait « insincère » le budget 2017 présenté par Michel Sapin. En cause, la projection selon laquelle le déficit ne sera pas de 2,8% mais 3,2%, suite aux cadeaux électoraux faits par François Hollande à la fin de son quinquennat. Bref, en clair, il s’agit d’un « faux en budget public », une spécialité bien française selon l’IREF.

Accrochez-vous cher lecteur, car il se trouve encore des politiciens – et pas n’importe lesquels – pour défendre ce genre de pratique ! Ainsi, Didier Guillaume, président du groupe socialiste au Sénat et membre de la Commission des Finances, déclarait le 6 juillet sur Public Sénat : « il faut un peu surestimer les recettes et sous-estimer les dépenses pour équilibrer un budget ».

On aimerait pouvoir crier « bon débarras » à propos de ce Prince des tartuffes qui n’hésitait pas à déclarer le 31 mars : « le pays s’est redressé, ses comptes publics sont équilibrés ». Mais François « après moi, le déluge » Hollande coûtera encore 8,5 M€ par an au contribuable au travers de la fondation La France s’engage.

Nous arrivons au travers qui me semble le plus inexcusable au sein de la caste politico-médiatique : se servir de la vérité comme d’un paillasson.

« Prendre des précautions avec la vérité », une expression d’idéologue qui passera à la postérité ?

Le 18 août dernier, au lendemain de l’attaque de Barcelone, BFMTV recevait Alain Marsaud, ancien chef du service central de lutte antiterroriste au parquet de Paris et ancien député LR. Ce dernier a réagi à une question de l’un des journalistes qui l’interviewait en s’offusquant de la pusillanimité des journalistes en général et du personnel politique à caractériser l’ennemi, alors que l’attentat en question avait été revendiqué par l’Etat islamique. « Je peux vous assurer que si on a peur de nommer l’ennemi, on ne risque pas de gagner cette guerre », déclarait-il.

Était également présent sur le plateau Anthony Bellanger, journaliste de France Inter. Ce personnage est un homonyme du secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ).

Plutôt que de répondre à Alain Marsaud sur la carence qu’il identifiait comme l’une des racines du mal, cet éminent personnage n’a pas tardé à venir à la rescousse de ses confrères en jouant le donneur de leçons politiquement correctes de service, déclarant à l’attention d’Alain Marsaud : « vous pouvez dire, si vous voulez, qu’il s’agit d’un attentat islamiste et c’est, de toute façon, le cas. Leur travail [des journalistes de BFMTV] est de prendre des précautions avec la vérité. Et donc de dire qui a revendiqué, combien il y a de victimes et pas de dire ce que vous voudriez qu’ils disent. »

Ingrid Riocreux, agrégée de Lettres modernes, spécialiste de grammaire, rhétorique et stylistique, auteur de La Langue des medias, explique :

« En réalité, un vrai journaliste doit prendre des précautions avec l’information, ou plutôt les informations qu’il rassemble au sujet de l’événement, c’est-à-dire avec des discours dont certains, précisément, ne correspondent pas à la vérité. Mais son but est bien de dire la vérité, une fois qu’il l’a établie ou pense l’avoir établie. Sans le vouloir, par un acte manqué fort drôle, Anthony Bellanger formule exactement la conception du journalisme qui prédomine au sein de la profession (plus pour trop longtemps, je veux le croire). Le devoir du journaliste est de ne pas dire une vérité, s’il estime qu’elle est dangereuse à dire. »

On peut faire encore pire.

Sibeth Ndiaye :

« J’assume parfaitement de mentir pour protéger le président. »

Sibeth Ndiaye est chargée des relations de presse et communication d’Emmanuel Macron depuis que ce dernier a succédé à Arnaud Montebourg à Bercy. Dans un article de l’Express en date du 12 juillet, Stéphanie Marteau raconte : « sur cette question comme sur d’autres relatives aux relations avec la presse, nous nous sommes fait recevoir avec une volée de bois vert par Sibeth Ndiaye. De toute façon, nous a-t-elle affirmé à un moment, ‘j’assume parfaitement de mentir pour protéger le président’. »

Tiens, ça me fait penser à ce qu’on enseignait dans les écoles du bloc soviétique : « le Parti a toujours raison. Le Parti dit toujours la vérité, notamment par ses organes de presse. Le Parti agit toujours pour le bien du peuple. Ceux qui le contestent sont des ennemis du peuple. Si des situations ou des événements vous conduisent à avoir des doutes sur les principes précédents, parlez-en d’abord à un membre du Parti qui saura vous expliquer la réalité des faits, et pourquoi vous faites une erreur de jugement. »

Alors, les politiciens nous prennent-ils vraiment au sérieux ? Je crois que les choses sont claires !

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