La Chronique Agora

Polémique à la rédaction !

** Les débats font rage à la Chronique Agora, cher lecteur. Les e-mails fusent, les arguments volent, les esprits s’échauffent. En cause : l’investissement… ou plutôt, « quel investissement ».

Je vous livre quelques extraits du courrier d’un lecteur, R.T., qui résume parfaitement bien la situation :

** « J’apprécie votre chronique internet pour deux raisons », nous dit-il. « 1- Elle est écrite par des gens qui ont un vrai talent d’écriture et qui connaissent bien les flaques du marais (Bonner, Béchade notamment). 2 – Elle est gratuite… »

« Le seul problème avec vous, vraiment, c’est que, lorsque je lis M. Béchade ou M. Bonner, puis, juste derrière, M. Duhamel ou M. Golovine, je me dis que la Chronique souffre de schizophrénie. D’un côté on dénonce, avec talent, les errements du capitalisme financier et les marchés qui ‘font n’importe quoi’ (Béchade, Bonner) et, de l’autre, on propose au lecteur des rendements à 210% avec le détachement de l’animal à sang froid (Duhamel, Golovine) (rendement à trois chiffres sur une activité non productive, voire nuisible !) ».

« […] La schizophrénie est une maladie grave. Combien de temps M. Béchade et M. Bonner, par exemple, dont j’apprécie la fibre humaniste, puisqu’ils sont à peu près lucides sur les effets catastrophiques du secteur financier sur la ***vie réelle de gens réels***, combien de temps, donc, ces Messieurs pourront-ils tenir sans tomber dans un état dépressif grave ? »

« C’est que je me fais du soucis pour eux… et surtout pour les pauvres crétins à l’autre bout de la chaîne de prédation humaine qui n’arrivent plus à se nourrir parce qu’un fléau appelé spéculation les prive de nourriture ! »

« […] Logiquement, il faudrait choisir votre camp, Chronique Agora, mais vous ne le pouvez pas puisque vous vivez de ce que vous condamnez dans quelques éclairs de lucidité trop rares ».

Pour commencer, je remercie R.T. de sa sollicitude quant à la santé mentale de Philippe Béchade et Bill Bonner. Ils sont aussi sains d’esprit qu’on peut l’être quand on travaille dans la finance. Et aux Publications Agora, qui plus est.

Et pour ce qui est de « choisir notre camp »… je dirais que votre point de vue rejoint les vives réactions provoquées par l’essai de Jean-Claude Périvier, rédacteur en chef de Défis & Profits, sur le thème « géopolitique et économie« .

** Mon collègue Olivier Cros, de L’Edito Matières Premières, par exemple, n’est pas du tout d’accord avec les idées développées par Jean-Claude — et me le faisait savoir avec vigueur : « Je veux dire que J.C. Périvier ne fait pas un tour d’horizon, il se réapproprie l’histoire, en fait une approximation orientée vers sa thèse : ‘c’est comme ça depuis l’Antiquité et puis c’est tout’. […] Mais se payer une tranche sur le dos des enfants qui vont payer de leur vie en Irak (1 200 000 morts pour le moment — pas du tout évoqués par J.C. Périvier) ou ailleurs, c’est une autre paire de manches, je trouve ».

Alors, pour détourner le très regretté Pierre Desproges, peut-on dire qu’on peut « investir partout… mais pas avec n’importe qui » ?

** A quoi ma collègue Nathalie Boneil, du Billet du Trader, répond sans détours : « moi, ça me choque pas plus que ça. La finance, le capitalisme, le monde est comme ça ; d’un point de vue investissement, ce serait une erreur de passer à côté ».

« Et d’ailleurs, c’est pareil pour toutes les valeurs du CAC 40 et cotées : on investit sur Carrefour qui bouffe les marges des producteurs, qui font faillite, n’ont jamais de vacances et finissent par lâcher l’affaire, lessivés et dégoutés ? On investit sur Total qui exploite les guerres et conflits au Nigeria ? On investit sur LVMH qui sacrifie des petits animaux pour des tests dermatologiques ? On investit sur Air France qui licencie à tour de bras ?… la liste est longue ».

Quand je vous disais que les esprits s’échauffaient… (Rassurez-vous, personne n’en est venu aux mains. Pour l’instant.)

Mais tout cela me permet d’en venir à ma réponse à R.T. (qui doit s’impatienter, depuis le temps !)… Les Publications Agora sont une maison d’édition financière. Notre but est très clair : dénicher pour vous les meilleures idées d’investissement — où qu’elles se trouvent. Semi-conducteurs, pharmaceutiques, matières premières, warrants, infrastructures, énergies renouvelables, petites valeurs, or, vente à découvert… nous avons l’immense chance de travailler avec des rédacteurs aux idées aussi variées que leurs méthodes d’investissement : devrions-nous en priver nos lecteurs au motif qu’ils ne sont pas forcément d’accord les uns avec les autres ?

Pire encore, devrions-nous vous en priver au motif que leurs idées ne « font pas respectables » ?

Je pense, cher lecteur, que vous avez votre propre opinion, et assez de jugeote, pour savoir dans quoi vous voulez — ou ne voulez pas — investir. Notre rôle, à nous, est de vous donner la liberté de pouvoir choisir.

Et puis tiens, puisqu’on est dans les débats, ne nous arrêtons pas en si bon chemin : n’hésitez pas à nous donner votre avis ! L’investissement responsable, c’est quoi, pour vous ? En ce moment, où mettriez-vous votre argent sans que vos scrupules ne vous réveillent la nuit ? Envoyez-nous votre point de vue à la-redaction@publications-agora.fr  — peut-être réussirons-nous à trancher le noeud gordien…

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