La Chronique Agora

Plus dure sera la chute

** Tout le monde est occupé à compter… mais le résultat n’est jamais satisfaisant.

– Les Chinois comptent sur les Américains pour ne pas rogner leurs pièces ; les Américains comptent sur les Chinois pour continuer à les accepter. Les Chinois comptent sur les Américains pour acheter leurs gadgets ; les Américains comptent sur les Chinois pour leur prêter l’argent nécessaire pour les acheter.

– Les Chinois demandent aux Américains de leur donner des chiffres, de "l’arithmétique". Les Américains ont beau tirer ça dans tous les sens, refaire les équations avec leurs ordinateurs, les chiffres en sortent toujours de la même façon : précédés par le signe "moins".

– Mais parfois, les mauvais chiffres peuvent être bons — c’est du moins ce que le marché essaye de nous faire croire. Ce qui aurait été autrefois considéré comme des chiffres terribles est aujourd’hui une raison de faire la fête et de pousser des soupirs de soulagement. Si on reste en dessous d’un demi-million, par exemple, c’est apparemment un excellent nombre d’emplois à perdre en un mois. Nous devrions peut-être inviter quelques uns de ces nouveaux chômeurs à nous rejoindre pour fêter ça. Ils doivent être vraiment enchantés de faire partie de ces statistiques "moins graves".

– "L’économie la plus puissante du monde a perdu six millions d’emplois depuis le début de la récession en décembre 2007", rapporte Bloomberg, "ce qui dépasse tous les records, de n’importe quelle catastrophe économique depuis l’après-Seconde Guerre mondiale".

– Hmmm… bons chiffres ou mauvais chiffres ?

– L’article continue ainsi :

– "Si l’on compte ceux qui ont cessé de chercher un emploi parce qu’ils sont découragés par le peu de perspectives et ceux qui travaillent à temps partiel mais préfèreraient travailler à temps plein, le taux de chômage aurait grimpé à 16,4% en mai — le taux le plus élevé depuis que de tels chiffres ont presque été atteints en 1994 — alors qu’il était à 15,8% en avril".

– Bons chiffres ou mauvais chiffres ?

– Eh bien, les marchés semblent les apprécier, quoi qu’ils puissent signifier. Le Dow Jones est remonté à son niveau de début d’année et le S&P a gagné quelques points de pourcentage. Les autres indices, de Dubaï à Tokyo, sont loin devant (même si ce dernier a chuté de près de 4%… ce qui prouve notre idée). Les Bourses, de par leur nature, souffrent d’un grave syndrome de personnalités multiples. Elles regroupent les espoirs, les peurs, les illusions de millions de personnes… le tout bien emballé dans une publication quotidienne. Et, à cause de ces millions d’opinions contraires, les Bourses ont tendance à se tirer dans le pied.

– En d’autres termes, plus ce rebond montera haut, plus dure sera la chute au prochain choc.

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