La Chronique Agora

Plein le dos !

▪ Nous répétons toujours la même chose, à la Chronique Agora. Non parce que nous manquons d’imagination… mais parce que les choses sont toujours les mêmes.

"Les perspectives s’assombrissent pour les prix de l’immobilier", annonce le Wall Street Journal. Pour le moins, oui. Elles s’assombrissent notablement.

Bloomberg : "les achats de maisons neuves aux Etats-Unis ont chuté en mai après l’expiration d’un crédit d’impôts, pour atteindre leur niveau le plus bas jamais enregistré, montrant que le marché reste dépendant du soutien gouvernemental".

"Les ventes ont subi une chute sans précédent de 33% depuis avril, à un rythme annuel de 300 000, moins que les estimations médianes des économistes interrogés par Bloomberg News, et le chiffre le plus bas depuis 1963, selon des chiffres publiés par le département du Commerce US à Washington. La demande des mois précédents a été révisée à la baisse".

"On s’attend à ce que les ventes chutent de 19%, au taux annuel de 410 000, selon l’estimation médiane des 76 économistes interrogés. Les prévisions se situaient entre 300 000 et 530 000. Le gouvernement a révisé le taux d’achat d’avril à la baisse, de 504 000 annoncés autrefois à 446 000".

Eh bien, qu’est-il arrivé aux 12 000 milliards de dollars de dépenses de relance, garanties et renflouages ? Nous avions dit dès le début que tout ça ne marcherait pas. Ils ont dit "si", nous avons dit "non". Pouvons-nous être remboursés ?

La semaine dernière, les chiffres montraient que les maisons d’occasion ou existantes ne se vendaient pas. Nous découvrons à présent que les maisons neuves se vendent encore moins bien. Le crédit d’impôt n’expire pas vraiment avant la fin du mois. Mais on ne peut construire une maison en quatre semaines, si bien que les données de mai pour les nouvelles maisons prennent déjà en compte la fin du crédit.

▪ Avez-vous déjà entendu l’expression "jeter du mauvais argent après le bon ?" Eh bien, les plans de relances étaient du mauvais argent dès le départ. Il a filé tout droit dans les égouts dès l’instant où il a quitté la banque. Des milliers de milliards de dollars gâchés. Et pour quoi ?

C’est là que ça devient intéressant. Les autorités ne pouvaient pas vraiment stopper le processus de désendettement. Elles pouvaient faire semblant… avec des projets de dépenses fédérales qui ressemblaient un peu à du vrai travail… et des allocations qui ressemblaient à des vrais revenus.

Mais tout ce qu’elles pouvaient vraiment faire, c’était voler Pierre pour payer Paul… ou les escroquer tous les deux avec des dettes qu’elles ne pouvaient pas payer et de l’argent bidon qu’ils ne pouvaient appuyer sur rien de solide.

Tout ce qu’elles ont fait, c’était s’assurer que certaines personnes souffrent plus que d’autres. Les actionnaires, par exemple, on perdu des milliers de milliards de dollars pendant que les actions chutaient. Le marché a repris une bonne partie de cette baisse, mais les investisseurs boursiers américains en sont encore pour plus de 3 000 milliards de dollars de leur poche. Les propriétaires immobiliers ont eux aussi perdu gros. Otez entre 20% et 50% de la valeur du stock immobilier américain, et on a effacé jusqu’à 10 000 milliards de dollars. Rien n’est encore certain. Le marché de l’immobilier évolue lentement. Il découvre ce que valent les choses… mais de manière irrégulière.

Après ces nouvelles, nous pensons que les acheteurs immobiliers serreront encore plus les cordons de la bourse. Les vendeurs deviendront encore plus désespérés. Entre l’hésitation des acheteurs et la hâte des vendeurs, les prix de l’immobilier baisseront probablement de 10% à 20% supplémentaires — peut-être plus — avant de finalement atteindre leur plancher.

▪ Mais grâce à la générosité — ou à la stupidité — du gouvernement américain, les investisseurs obligataires s’en sont plutôt bien sorti. Au lieu de laisser s’effondrer toute la structure du capital, pour qu’elle puisse être rebâtie sur des fondations plus solides, les autorités ont renfloué les grands investisseurs obligataires… qui se trouvent être très amis avec les grandes banques et les autorités fédérales.

Ensuite, bien entendu, les autorités se sont félicitées. Elles avaient évité un désastre. Elles avaient sauvé le monde. Elles avaient tiré l’économie mondiale de la catastrophe. Enfin, c’est comme ça qu’elles ont présenté l’histoire.

En ce qui nous concerne, nous aurions préféré voir le tout passer par-dessus bord. Non que nous sachions quel genre de catastrophe en aurait résulté. Mais nous voulions le découvrir. Et quel qu’elle ait été, nous doutons qu’elle aurait coûté 12 000 milliards de dollars.

En fait, le prix aurait probablement été une fraction de cette somme… Pour chaque investisseur obligataire enregistrant une perte, on trouvait quelque part un débiteur qui aurait été soulagé d’un fardeau qu’il ne pouvait payer. Dans le cas présent, le débiteur a été débarrassé de son fardeau. Les autorités l’ont pris pour lui. Maintenant, il est sur notre dos à tous !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile