▪ Quand on entend parler de « métaux précieux » on pense d’abord à l’or et à l’argent. C’est ce que les conquistadors espagnols avaient à l’esprit, bien entendu, lorsqu’ils ont commencé leur long chemin vers l’intérieur des terres, quittant leurs bateaux amarrés au large des plages du Nouveau Monde.
Mais l’or et l’argent ne sont pas les seuls métaux de valeur. Au cours des deux siècles qui ont suivi l’arrivée de Christophe Colomb au Nouveau Monde, les Espagnols se sont emparés de l’or des Aztèques là où se situe le Mexique aujourd’hui, ainsi que de celui des Incas, un peu plus au sud dans les Andes. Mais ce n’était que le point de départ, car les Ibères avaient développé une forme sérieuse de fièvre de l’or. Ils en voulaient toujours plus.
En cherchant de l’or et de l’argent, les Espagnols trouvèrent aussi une autre substance, une substance qui était à l’époque considérée comme nuisible : de petites pépites blanches et denses, mélangées aux pépites et aux paillettes d’or.
__________________________
L’Etat-Providence a signé son propre arrêt de mort ! A présent, c’est chacun pour soi
Mais dans cette nouvelle donne, une poignée de Français pourrait être jusqu’à quatre fois plus riche d’ici deuxans.
Comment en faire partie ? Il suffit de suivre le guide…
__________________________
Ces petites particules étaient difficiles à séparer. Elles ne s’oxydaient pas, elles étaient denses et, dans l’eau, elles tombaient au fond avec l’or. Elles avaient également un point de fusion plus élevé, et ne se séparaient pas — même dans les creusets dans lesquels les forgerons coulaient les lingots d’or, au sein des raffineries qui parsemaient le paysage andin. Quelques chimistes avant l’heure essayèrent même de dissoudre les particules blanches dans de l’acide, en vain.
Après quelque temps, les Espagnols baptisèrent ces pépites blanches « platina« , un diminutif du mot espagnol plata, qui signifie « argent ». Les métallurgistes de l’époque — les alchimistes, comme on les a appelés pendant de nombreux siècles — pensaient que ce métal dense était une sorte d’or « en herbe ».
Pourtant, cette substance n’était pas de l’or. Ce n’était pas non plus de l’argent-métal, et personne ne savait vraiment que faire de cet agaçant contaminant… Pendant bien des années, le « platina » n’avait pas la moindre valeur.
Au milieu du VXIIIe siècle, des scientifiques européens utilisèrent une forme primitive de méthode scientifique pour déterminer la nature de plusieurs métaux et d’autres éléments. En 1751, Henrik Scheffer, chimiste suédois, effectua une expérience avec une petite quantité de platine. Au début, son objectif était de faire « mûrir » le platine, pour le transformer en or véritable. Se basant sur ce qu’il connaissait de l’or, le Pr Scheffer ajouta de l’arsenic au mélange.
Et abracadabra ! Le professeur Scheffer fit fondre le « platina« , que l’on appela d’abord « or blanc. » Après quelques tests simples basés sur la densité et la dureté, cependant, le professeur Scheffer réalisa bien vite qu’il se trouvait en fait face à un élément entièrement nouveau. Il le baptisa platine.
En 1802, ce fut au tour d’un Anglais, William Wollaston, docteur en médecine devenu chimiste, de mettre au point un processus pour récupérer du platine en quantités commerciales. Pendant ses recherches sur le platine, utilisant des méthodes électriques primitives mises au point par le grand chercheur américain Benjamin Franklin, le Dr Wollaston et ses collaborateurs découvrirent le palladium, nouvel élément, suivi en 1803 et en 1804 par le rhodium, l’iridium et l’osmium.
En 1879, à la demande de l’Académie française de Sciences, Johnson et Matthey mirent au point une barre en alliage platine-iridium, qui devint le mètre standard et le resta pendant près de 80 ans. Avant cela, en 1799, le mètre international était défini comme étant un dix-millionième de la distance entre le pôle nord et l’équateur, à la longitude de Paris (bien entendu). Plus tard, dans les années 1880, la barre de Johnson et Matthey redéfinit la longueur d’un mètre sur la base de la distance entre des marqueurs de précision positionnés sur une nouvelle barre en forme de X, composée à 90% de platine et à 10% d’iridium refroidie à 0 degré Celsius.
L’Académie française de Sciences choisit d’utiliser un alliage de platine et d’iridium car celui-ci ne s’oxyde pas, est suffisamment dur, peut être hautement poli et ne s’étend et ne se contracte que très peu avec les changements de température. Cette barre en particulier servit comme standard international de mesure jusqu’en 1960 lorsque le mètre fut redéfini comme étant la longueur d’onde lumineuse d’une radiation émise par l’isotope 86 du krypton.
Au cours des décennies qui suivirent, de nombreux scientifiques venus d’Europe, de Russie et d’Amérique du Nord étudièrent la nature de ce que l’on connaît aujourd’hui comme les « métaux du groupe du platine » (MGP).
Il est important de mentionner Percival Norton Johnson, un métallurgiste anglais. Il était à la tête d’une entreprise d’analyse minérale. Il reçut un jour une cargaison de minerai de fer exotique venu de Russie et se mit à travailler sur le raffinage des MGP. En 1838, M. Johnson fit équipe avec un autre métallurgiste nommé George Matthey, ce qui finit par donner naissance au célèbre partenariat Johnson & Matthey.
Avec le temps, le groupe Johnson & Matthey mit au point et perfectionna de nombreuses techniques de séparation et de raffinage des MGP. A terme, Johnson & Matthey développa une méthode de fonte et de coulage de lingots de platine purs et homogènes. Johnson & Matthey est aujourd’hui encore un nom célèbre dans le monde des métaux.
▪ Vous en savez maintenant un peu plus sur l’histoire moderne du platine… mais observons maintenant les choses sous un autre angle. Qu’est-ce que le platine, au fond ? Pourquoi lui accorder tant d’importance ? Pourquoi est-il si intéressant ? Pourquoi le platine pourrait-il être une bonne idée d’investissement ?
A la base, le platine est un métal mou, dense et ductile. Comme nous l’avons déjà vu, le platine est très résistant à la corrosion. Ces jours-ci, vous trouverez du platine dans la bijouterie de luxe, dans des formes rares de câblage, dans des contacts électriques et dans du matériel de laboratoire.
Le platine joue aussi un rôle clé dans divers secteurs allant des produits chimiques au plastique en passant par les raffineries de pétrole, le contrôle de la pollution, et j’en oublie. Au-delà de la demande provenant de l’industrie, il existe également un important marché pour le platine dans le domaine de la bijouterie, ainsi que sous forme de lingots pour l’investissement. La demande de bijoux en platine a connu une forte augmentation en raison de sa pureté, de son prestige, de sa couleur et de sa valeur.
Pendant ce temps, le déclin actuel de la valeur du dollar a nourri une demande élevée de platine en tant qu’investissement, notamment sous forme de barres, de pièces ou d’autres objets de collection.
En ce qui concerne l’avenir, on constate qu’il existe de nouveaux domaines d’utilisation pour le platine dans la technologie médicale, les alliages rares et d’autres formes de technologie et de nanotechnologie.
Pas mal, hein ? Alors quel est l’envers de la médaille ? Le problème, pour les futurs utilisateurs de platine, c’est que l’offre mondiale est en diminution : le platine est une substance chère à extraire, à séparer et à raffiner. Pendant un voyage que j’ai effectué récemment en Afrique du Sud, j’ai entendu énormément d’anecdotes de la part de chefs d’entreprises minières, qui me parlaient de la difficulté d’étendre la production.
Selon l’un d’entre eux, un ingénieur des mines à la carrière florissante, « lorsque l’on observe les tendances de la demande et que l’on pense à la difficulté et au coût de l’extension de la production, on se rend vite compte qu’il sera impossible d’éviter la pénurie au cours des deux années qui viennent et plus. Il n’y aura pas suffisamment de platine, quel qu’en soit la source, pour satisfaire la demande. Je pense que les prix augmenteront en flèche en 2012 et au-delà. »