La Chronique Agora

Le plan fiscal des républicains va plumer la classe moyenne

Les allègements d’impôts prévus favorisent les riches. Faute de réduction des dépenses de l’Etat fédéral, la classe moyenne paiera pour combler le manque de recettes.

La semaine dernière, les sénateurs républicains ont communiqué leur projet de mesures concernant la réforme fiscale.

Au lieu de supprimer les droits de succession – comme dans la version de la Chambre des Représentants – la proposition du Sénat augmenterait simplement le plafond d’exonération de 5 M$ par personne. Et au lieu de baisser tout de suite l’impôt sur les sociétés, elle ne le ferait pas avant 2019.

Nous n’avons jamais craché sur une baisse des impôts. Mais nous n’avons jamais vu quelque chose qui ressemble de près ou de loin à la dernière proposition des républicains.

Un impôt pour les riches cadavres

Depuis quelques temps, nous abordons le futur dans la Chronique. Nous avons vu que les technologies n’améliorent pas toujours les choses… et, comme nous l’avons vu vendredi, même si le PIB augmente, ce n’est pas forcément une bonne chose (d’un autre côté, un PIB qui chute, ce n’est pas très bien non plus… Regardez ce qui se passe au Venezuela !).

Bien que l’on ne puisse savoir avec certitude ce que réserve l’avenir, on peut presque garantir qu’il sera sombre à tous les coups : il suffit de dire à son conjoint qu’il prend du poids. Ou de s’endetter un peu plus.

Personne ne sait laquelle de ces nouvelles propositions fiscales passera, si elles passent. Certaines d’entre elles sont très séduisantes… pour nous. La proposition fiscale du Sénat ferait économiser 4 M$ aux riches, rien que sur la fiscalité du patrimoine. La version de la Chambre des Représentants leur ferait économiser encore plus.

La suppression de « l’impôt minimum de remplacement » [NDLR : Alternative Minimum Tax, un taux d’imposition de base pour certains individus et entreprises], la diminution du taux de l’impôt sur les sociétés… et un taux d’imposition de 25% sur les revenus dits « pass-through » [NDLR : Aux Etats-Unis, revenu transmis par une entité intermédiaire, fiscalement transparente, à ses propriétaires. Ainsi, le revenu n’est pas imposé au niveau de l’entreprise, mais uniquement au niveau de la personne, ce qui évite une double imposition] seraient toutes des mesures bienvenues.

L’impôt sur la succession (ou la mort) menace particulièrement les propriétaires de petites entreprises. Actuellement, on paye un impôt de 40% sur tout ce que l’on laisse à nos enfants, au-delà de l’exonération de 5 M$.

Donc, cet impôt n’affecte réellement que les riches cadavres.
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Un culot éhonté

Mais que se passe-t-il si le cadavre vaut plus de 5 M$ ?

Il se peut qu’il n’ait pas les moyens de mourir !

Imaginez qu’une entreprise familiale ait une valeur de 10 M$. Vous êtes peut-être « riche » techniquement, mais est-ce que cela veut dire que vous avez 2 M$ sous la main pour payer le fisc ?

Vos enfants devront emprunter… ou vendre une partie de l’entreprise… uniquement pour payer les droits de succession.

Les gens n’aiment pas prendre une participation minoritaire dans une petite entreprise, alors il faut leur offrir un tiers, ou bien la moitié (et peut-être perdre le contrôle), uniquement pour obtenir l’argent nécessaire au paiement de cet impôt.

En tant que propriétaire d’une petite entreprise… et titulaire de la carte du club des 1% les plus riches… nous soutenons à fond le projet des républicains. Nous serions largement gagnant.

Nous prenons également un malin plaisir à observer l’injustice de ce projet… et le culot éhonté de la Team Trump/Deep State.

Après avoir plumé la classe moyenne sur toute une génération… en détournant des milliers de milliards de dollars lui appartenant au profit des riches et de ceux qui bénéficient des bonnes relations… au lieu de s’excuser et de rectifier le tir… ils la plument encore plus !

Car… c’est bien beau de baisser les impôts (merci !), mais l’état et ses compères ne vont en aucun cas réduire leurs revenus.

Au contraire, ils vont se servir encore plus.

Quels citrons presser ?

Je vous explique brièvement de quelle manière la classe moyenne va se faire plumer :

Les pauvres n’ont pas d’argent.

La classe moyenne ne dispose pas de lobbyistes.

Le nouvel amendement « Brady » sur le projet de réforme fiscale des républicains plaide en faveur de baisses d’impôts s’élevant à 2 000 Mds$ pour les entreprises et ceux qui pratiquent le fameux pass-through.

Il faudra bien compenser la perte de cette somme quelque part.

Oui, mais où ?

Nous l’ignorons. Mais nous sommes sûr que les lobbyistes de Washington vont faire en sorte de mériter leurs honoraires et que leurs clients – les riches, les initiés, l’establishment, les bestioles du Marigot – ne payent rien.

L’Etat n’aura pas le choix : il devra trouver des citrons à presser au sein de la population lambda.

Mais comment ?

Dans les années 1980, nous dirigions le National Taxpayer Union, une association de contribuables. Nous pensions que si l’on baissait les impôts, cela « affamerait la bête de Washington« , et permettrait de maîtriser le Deep State.

Cela ne s’est pas produit. Au contraire, l’état a appris à se servir du crédit et de l’argent falsifié pour financer son expansion.

Ensuite, les partisans de la prudence se sont tournés vers le Plafond de la Dette pour tenter de ralentir les dépenses de Washington, financées par le déficit.

Cela n’a pas fonctionné, non plus. Les politiciens ont simplement relevé ce plafond.

Il y a deux mois par exemple, le président Trump s’est entendu avec les dirigeants démocrates afin de relever le plafond de la dette pour la 74ème fois depuis 1962.

Depuis, la dette américaine augmente au rythme de 80 Mds$ par semaine.

Cette dette empiète sur la production future… le travail qui n’a pas encore été accompli… les produits qui n’ont pas encore été fabriqués ni vendus… les bénéfices qui n’ont pas encore été réalisés et les impôts qui n’ont pas encore été collectés.

La dette n’efface pas les coûts… elle ne les fait pas disparaître. Elle ne fait que les reporter.

Pour un temps.

Et ensuite… qui paye ?

Pas les riches, ni les pauvres. Là encore, regardez ce qui se passe au Venezuela.

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