La Chronique Agora

Le « plan de Chicago » pour sauver le monde, entre chimères et réalité

Face à l’endettement croissant des Etats-Unis, certains économistes ressortent le « plan de Chicago » des tiroirs. Un plan qui date de 1930 et consiste à remplacer des dettes par du cash, mais qui supprime aussi le principe des réserves fractionnaires. Un plan qui ferait grincer beaucoup de dents au gouvernement et dans les banques…

Félicitations —si je puis l’exprimer ainsi — à ce cher Oncle Sam…

Le vieux fou a signé un nouveau record en août dernier. Le gouvernement fédéral a ajouté 151,5 milliards de dollars de dettes le mois dernier — la progression de dette la plus importante jamais enregistrée aux Etats-Unis.

Et l’orgie de dettes de 1 360 milliards de dollars de cette année, est en passe de devenir la troisième plus importante augmentation annuelle de l’histoire des Etats-Unis. Les deux seules années ayant enregistré une plus forte croissance de la dette ont été les années de crise de 2009 et 2010.

La dette fédérale croît à son rythme le plus rapide depuis la crise financière, et à l’un des rythmes les plus rapides de toute l’histoire des Etats-Unis.

Acheter la prospérité par la dette ?

Si l’idée est d’entrer dans la prospérité grâce à l’emprunt, c’est un mauvais calcul. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a abaissé ses prévisions de croissance économique des Etats-Unis, à 1,4% pour cette année et à seulement 2,1% pour l’année suivante.

Entre temps, la dette fédérale culmine à 19 500 milliards de dollars et continue de croître rapidement. Cela met bien dans l’embarras Janet Yellen et compagnie…

« Nous faisons actuellement face à un dilemme monumental », se plaint l’économiste Frank Hollenbeck, »comment nous sortir de toute cette dette excessive sans que l’économie mondiale ne s’effondre ? »

Selon Jim Rickards, les élites désespérées auront recours à un mix sauvage d’helicopter money, de taux d’intérêt négatifs et/ou de prix de l’or beaucoup plus élevés pour ranimer le cadavre.


Oui, l’or pourrait retrouver un rôle important sous l’impulsion même du Fonds monétaire international. Lisez le livre de Jim Rickards, Le nouveau plaidoyer pour l’or, pour vous en convaincre et surtout, sortir gagnant du grand bouleversement monétaire qui s’annonce.

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Mais Hollenbeck prescrit un tout autre remède, une potion que les intérêts particuliers n’avaleront pas facilement…

La grande « remise à zéro » de 15 000 milliards de dollars de dettes

Il le résume comme « une réinitialisation géante de l’économie mondiale. » Selon lui, cela annulerait toutes les dettes gouvernementales détenues par les banques… et plus de 15 000 milliards de dollars de dettes privées. Cela pousserait aussi 10% du PIB dans le marché— ce que réclame le FMI.

On l’appelle le Plan de Chicago

Initialement conçu à l’Université de Chicago dans les années 1930, le Plan de Chicago est, à en croire Hollenbeck, la réponse au « dilemme monumental » auquel nous devons faire face.

Le gouvernement échangerait du cash contre pratiquement toutes les dettes privées et publiques des banques. La plupart des dettes sur les cartes de crédit, des dettes hypothécaires, des dettes étudiantes et des dettes automobiles disparaîtraient d’un coup.

On balaie la dette, autrement dit. On fait table rase. On recommence à zéro. Et, plus important… on ne laisse jamais cela se reproduire :

« D’un simple coup de crayon, l’argent pourrait remplacer la dette, sans les conséquences négatives de la planche à billets. Le système bancaire serait restructuré afin qu’il ne conduise plus jamais à des cycles d’expansion/récession, et la plupart des dettes, publiques comme privées, pourraient être annulées. En gros, il s’agit pour l’économie mondiale d’une carte ‘sortez de prison’ valable une seule fois. »

Le retour au principe des prêts adossés à de l’épargne existante

La partie essentielle de ce plan exigerait que les banques détiennent des réserves en quantité égale à leurs dépôts. Actuellement, l’obligation des banques sur leurs réserves se limite à moins de 10% de leurs dépôts [chiffre valable pour les Etats-Unis, car en Europe c’est 1% depuis 2012, NDLR]. Par conséquent, les prêts sont adossés à du sable. Or le sable n’est parfois pas très stable, comme en 1929… et en 2008.

Le Plan de Chicago ferait reposer les prêts sur une base en béton. Fini le système de réserves fractionnaires. Avec le Plan de Chicago, les dépôts bancaires seraient séparés des prêts et les banques agiraient enfin comme les véritables intermédiaires financiers qu’elles sont censées être, et pas comme les « fraudeuses qu’elles sont aujourd’hui », affirme Hollenbeck.

Irving Fisher, grand économiste de Yale, « a déclaré que le plan réduirait fortement la sévérité des cycles économiques, éliminant sans doute les récessions/expansions. Les paniques bancaires seraient impossibles, ce qui rendrait inutiles les assurances dépôt et réduirait fortement la quantité de dettes publiques et privées. »

Selon Hollenbeck, le plan, s’il est correctement organisé, « mettrait enfin l’économie mondiale dans la stabilité. »

Il « empêcherait enfin les gouvernements de truquer la valeur la plus importante de l’économie : le taux d’intérêt. »

Hollenbeck ajoute qu’un étalon or devrait être mis en place pour lier les poings des gouvernements parce que sans cela ils ne réduiront jamais les dépenses. C’est vrai, mais a-t-on jamais vu un gouvernement se menotter volontairement ?

On continue à s’enfoncer dans le fantasque… Sous le Plan de Chicago, les gouvernements seraient obligés de dépendre entièrement de l’imposition directe pour financer les dépenses : « Le gouvernement devra expliquer au contribuable pourquoi il devra renoncer à sa télé à écran plat à Noël pour payer pour des soldats en Afghanistan ou des avions sur la Libye. Le citoyen moyen se rendrait finalement compte qu’il n’y a pas de repas gratuit et que les services de l’Etat nécessitent de réels sacrifices. »

Un plan déjà refusé par les banques en 1930

Mais Hollenbeck oublie son Bastiat : « Le gouvernement est la grande fiction par laquelle tout le monde tente de vivre aux dépends de tout le monde. » Le jour où l’Etat déchirera sa carte de crédit, les poules auront des dents.

Le Plan de Chicago n’a jamais vu le jour dans les années 1930 parce que les banques le refusèrent. Pourquoi alors en irait-il autrement aujourd’hui ? Après tout, les grandes banques sont encore plus grandes qu’elles ne l’étaient avant 2008.

Bien sûr, nous nous méfions du Plan de Chicago, comme nous nous méfions de tous les plans. Nous préférons goûter du bout des lèvres les idées avant d’ingurgiter le plat entier. Ce Plan de Chicago présente certainement des bouchées amères qui nécessiteraient d’être adoucies.

Mais à en croire Hollenbeck :

« L’inaction n’est pas une option. Aujourd’hui, nous sommes acculés et il n’y a pas de bon choix. Nous devons faire face à une probabilité de plus en plus grande de dépressions sévères et d’hyperinflations… Il est essentiel de commencer une révolution bancaire avant qu’il ne soit trop tard. Le Plan de Chicago restructurerait le système bancaire, ce qui laisserait à nos enfants un monde stable, sans les périodes d’expansions et de récessions qui sont à l’origine de tant de difficultés pour beaucoup« .

N’oubliez pas de nous réveiller lorsque cela arrivera.

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