Madoff restera dans l’Histoire comme un escroc « de légende ». Pourtant il n’arrive pas à la cheville de certains autres, qui restent impunis, eux…
Bernie Madoff n’était pas un saint, comme nous l’avons vu hier. Mais il n’a jamais forcé personne à lui donner de l’argent… ne s’est jamais lancé dans la contrefaçon pour rembourser ses créditeurs… n’a pas essayé de dévaluer l’argent de ses clients… et n’a jamais falsifié le monde financier tout entier pour faire en sorte que son escroquerie puisse se poursuivre.
Il n’a jamais causé d’inflation qui hantera des pays entiers, y compris des passants innocents qui n’avaient jamais entendu parler de lui.
L’équipe menée par la secrétaire au Trésor US Janet Yellen a élaboré quelques « modèles » et en est arrivée à la conclusion que plus d’impression monétaire ne serait pas un problème.
Ils pouvaient ajouter 1 900 Mds$ de nouvelles dépenses pour combattre le malaise du Covid-19, et 2 300 Mds$ supplémentaires de dépenses d’infrastructures pour vacciner le patient – et ils auraient quand mêmes des niveaux d’inflation « gérables ».
Si cette débauche d’infrastructures est approuvée, cela portera le total des dépenses de relance – 2020 + 2021 – à plus de 7 000 Mds$, près de deux fois les dépenses totales du gouvernement fédéral en 2016.
Ces chiffres inquiéteraient toute personne saine d’esprit. Un homme honnête serait horrifié.
Mais imaginez l’envie et l’admiration envahissant le cœur d’un escroc ! Les autorités forcent leurs victimes à leur refiler autant d’argent qu’elles pensent pouvoir leur faire accepter… suite à quoi elles impriment plus d’argent – autant qu’elles le souhaitent – et le distribuent un peu partout.
La presse chante leurs louanges. Et leurs « modèles » leur démontrent qu’ils peuvent continuer presque indéfiniment.
Regrets
Au moins Madoff avait-il des regrets :
« J’ai laissé la honte en héritage, comme l’on dit certaines de mes victimes, à ma famille et à mes petits-enfants. C’est une chose avec laquelle je vivrai pour le reste de mes jours. Je suis désolé. »
Oui, cher lecteur… il y a des choses dont il est difficile de se distancer – la honte, par exemple. Ou l’inflation, quoi qu’en disent « les modèles ».
On peut réaliser, une fois qu’on a attrapé 80 ans, qu’on aurait dû épouser cette petite rousse du village voisin, il y a 50 ans. Mais il est trop tard. On ne peut pas revenir en arrière.
Lorsqu’on fait du ciment, on met le sable et le ciment dans la brouette. Ensuite, lorsqu’on ajoute l’eau… le processus chimique commence, qu’on le veuille ou non. Inutile de se poser des questions.
De même lorsqu’on dégoupille une grenade : on ne peut pas changer d’avis. Mieux vaut jeter l’objet, sans quoi vous vous ferez exploser bêtement la tête.
Une fois l’arnaque en cours, il était presque impossible, pour Madoff, d’y mettre fin – même s’il l’avait voulu. Il lui fallait engranger du nouvel argent pour continuer à rémunérer l’ancien argent. Il en avait aussi besoin pour financer le style de vie auquel sa famille s’était habituée.
De même, à mesure que les autorités alimentent le système en fausse monnaie nouvellement imprimée, une part croissante de l’économie en dépend. De plus en plus de gens en veulent.
Les politiciens qui s’opposent à l’impression monétaire et aux chèques de relance sont bien vite escortés hors du bâtiment.
Ceux qui restent ne peuvent pas réduire les dépenses. Ils ne peuvent pas cesser d’imprimer. Ils ne peuvent remettre la goupille dans la grenade… Ils ne peuvent empêcher la bombe d’exploser.
Mais la déflagration ne se produira pas avant des mois… ou peut-être des années.
A ce moment-là, le bruit et le tourbillon de débris voileront tout le monde ou presque d’un nuage d’oubli. Les accusations voleront dans toutes les directions – les riches… les républicains… les démocrates…
Et les véritables coupables s’en sortiront probablement indemnes.
En ce sens aussi, Bernie devrait être considéré comme un modèle. Il a commis un crime, il a fait de la prison.
Bernie, nous ne vous connaissions pas. Mais vous avez mis en place une saine escroquerie à l’ancienne. RIP.