La Chronique Agora

Or : pile, on gagne… face, on ne perd pas (2/2)

Le marché obligataire et l’inflation semblent donner des signaux contradictoires pour l’or – mais le fait est que le potentiel haussier reste intact pour le métal jaune. Démonstration…

Ce que nous observons sur l’obligataire US est une figure technique classique faite de plus hauts toujours plus bas et de plus bas toujours plus bas, comme nous le disions hier.

Si l’on se base sur ce schéma, je pense que les rendements sont proches de leurs plus hauts, sur ce cycle, et qu’ils vont bientôt battre en retraite vers de nouveaux plus bas se situant aux alentours de 0,50%, voire moins.

Je sais que cela me situe en dehors du consensus. En ce moment, on ne parle que de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt. Mais c’est quelque chose que j’ai déjà vécu.

Le seul et unique joker

Le seul choc qui briserait ce cycle et ferait grimpe les taux à 3% ou plus, ce serait l’inflation réelle. Il est toutefois peu probable qu’une inflation réelle et soutenue se matérialise bientôt. Les mêmes dynamiques qui ont réprimé l’inflation ces dix dernières années, voire plus, sont toujours à l’œuvre. Nous finirons par avoir de l’inflation, mais pas tout de suite.

On ne peut prendre les récentes augmentations de prix comme une preuve d’inflation soutenue. Les hausses de prix temporaires du bois de construction, par exemple, sont le produit des pénuries provoquées par la pandémie. Il ne s’agit pas d’une hausse générale de l’ensemble des prix.

La flambée de l’IPC (indice des prix à la consommation) publié le 12 mai a surtout été motivée par des effets de base (les confinements ayant généré des valeurs très faibles, les chiffres d’une année sur l’autre ne pouvaient être que plus élevés).

Le mois d’avril 2020 a marqué la chute de rendement économique la plus abrupte de toute l’histoire des États-Unis. Les prix ont plongé.

Beaucoup de ces prix se redressent, surtout dans les domaines du transport de voyageurs, des tarifs des billets d’avion, des hôtels, des restaurants et d’autres secteurs de services presque totalement fermés au premier semestre 2020.

D’une année sur l’autre, les hausses de prix sont normales, dans la mesure où elles partent des plus bas de 2020. Elles sont également transitoires car l’effondrement du rendement économique de 2020 a été lui-même transitoire.

A mesure que nous nous approcherons du troisième trimestre 2021, la nouvelle base reflètera la forte croissance du troisième trimestre 2020, période où beaucoup de confinements ont été levés. Cette base est plus élevée. Cela veut dire que la pente sera plus ardue à grimper, pour les indicateurs d’inflation.

Voilà pourquoi je pense que l’inflation va nettement baisser, et que le taux obligataire américain à 10 ans baissera avec elle.

Voilà également pourquoi cette performance morfondante de l’or est une bonne chose.

Rally à prévoir sur l’or

Fondamentalement, l’or est retombé mais il n’a pas du tout atteint de nouveaux plus bas (il ne cotait encore que 1 184 $ l’once le 12 août 2018).

Le marché haussier (« bull ») de l’or est donc totalement intact…

L’or évolue au sein d’un range (« fourchette ») étroit, entre 1 700 $ et 1 900 $, à quelques rares exceptions, depuis l’été dernier. C’est un range d’environ 10%, et seulement 5% au-dessus ou en-dessous d’une tendance intermédiaire à 1 800 $.

Dans un contexte de volatilité des actions, du prix des matières premières et des taux de change, le cours de l’or s’est bien comporté.

Et c’est la bonne nouvelle.

Étant donné la hausse des taux d’intérêt, on pourrait argumenter que le cours de l’or devrait être bien plus bas. Mais l’or a tenu bon face aux actions et aux autres titres à revenu fixe (sans parler du bitcoin et d’autres spéculations surévaluées qui concurrencent l’or, en termes d’investissements).

Si l’inflation n’apparaît pas et que les taux battent en retraite, l’or opèrera un rebond. Si l’inflation apparaît vraiment, les taux grimperont peut-être mais l’or opèrera également un rally sur les craintes d’inflation.

Nous sommes coincés dans une ornière où les anticipations d’inflation font grimper les taux mais aucune inflation soutenue n’est apparue. C’est un environnement difficile, pour l’or. Mais il a tout de même tenu bon.

Techniquement, c’est ce que l’on appelle un « trade asymétrique ».

Le potentiel de baisse est limité à cause des craintes d’inflation résiduelles, mais le potentiel de hausse est énorme car les cours de l’or ont évolué à l’inverse des taux d’intérêt, et il est probable que les taux plongent.

On peut donc dire : « Face, je gagne… pile, je ne perds pas ». Dans le domaine de l’investissement, il n’y a pas mieux.

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