La Chronique Agora

Les peuples réclameront bientôt le retour de la création monétaire

fiscalité, inflation, création monétaire

L’auteur et fondateur d’Agora, Bill Bonner, a répondu aux questions de son équipe irlandaise, avec laquelle nous travaillons, au mois de mai dernier. Ses commentaires sur comment un pays perd sa « civilité » expliquent pourquoi la France pourrait connaître à la fois plus de violence… mais aussi plus d’inflation via la planche à billets.

L’humeur d’un pays avant une Révolution

Bill explique :

« Je n’étais pas né en 1789. Mais je lis. À certaines époques les évènements ont tendance à gonfler, à s’emballer. Avant 1789, la France avait connu des mauvaises récoltes successives, l’équivalent de ce qui est qualifié de nos jours de récessions ou, pire, de dépressions, lorsque les gens commencent à avoir faim.

Je ne pense pas que beaucoup de gens soient réellement morts de faim en cette période prérévolutionnaire mais ils avaient certainement faim et étaient mûrs pour un changement. Les idées de démocratie, de liberté, d’identité nationale étaient dans l’air du temps…

Puis tout a mal tourné, de façon tragique, car ce genre d’événement est très difficile à freiner. Les aristocrates ne voulaient pas renoncer à leurs privilèges. Ils ne payaient pas d’impôt (en dehors de l’impôt du sang en cas de guerre). Les pauvres bien sûr ne payaient pas d’impôts puisqu’ils n’avaient pas d’argent. Les classes moyennes supportaient toute la pression fiscale.

Les mouvements révolutionnaires, malheureusement, semblent toujours être récupérés par les plus mauvais éléments, les groupes les plus brutaux qui n’ont aucun scrupule, et qui sont prêts à tout pour arriver à leurs fins, même à tuer. C’est ce qui est arrivé durant la Révolution française, c’est ce qui est arrivé durant la Révolution russe. »

Calculs des politiciens, désastres pour les nations

« Mais ce ne fut pas le cas en Argentine. Juan Perón n’est pas un personnage épouvantable, mais un homme intelligent qui a très bien compris comment l’arithmétique de la démocratie fonctionne.

L’Argentine avait accordé le suffrage universel à tous les hommes en 1912, puis, quelques années plus tard, à tout le monde. À l’époque, les élites ont prévenu ‘attendez… cela va mal tourner’. Nous savons très bien comment la foule fonctionne. De nombreuses personnes de Buenos Aires ont averti que ‘les gens ne se doutent pas qu’ils vont voter pour un démagogue’. Et ils avaient raison.

C’est exactement ce qui s’est passé et ce qu’avait conclu les philosophes de l’Antiquité : ‘La démocratie va toujours dans ce sens. Vous donnez le droit de vote au peuple et ils votent pour des démagogues qui font des promesses qu’ils ne tiendront pas.’ C’est donc ce qui s’est passé en Argentine. C’est la logique arithmétique qui prévaut lorsqu’il y a beaucoup plus de pauvres que de riches. Vous pouvez être élu en promettant de donner aux pauvres quelque chose que vous prendrez aux riches. »

Promesses de campagne

« Il y a un tas de gens désireux de voter pour des trucs qui ne leur coûtent rien ; si vous pouvez obtenir leurs voix, vous pouvez vous maintenir au pouvoir, puis vous devez trouver un moyen de fournir les trucs gratuits que vous leur avez promis. Comment faire ?

Au début, vous commencez par taxer tout le monde. Bien sûr, assez vite, les gens apprennent à esquiver les taxes ou le simple fait de taxer trop fort réduit vos recettes fiscales. Alors, vous décidez d’emprunter, et l’Argentine a excellé à ce jeu. Ce pays a déjà fait neuf fois défaut tout au long de son histoire. Récemment, en 2017, ils ont émis une obligation à 100 ans, ce qui statistiquement signifie que le pays fera défaut cinq fois avant la date de maturité.

Mais peu importe. Dès que vous avez beaucoup de gens qui dépendent de subsides du gouvernement, ces gens deviennent des électeurs fiables pour voter pour plus de subsides. Donc vous devez augmenter les allocations. Une fois que vous avez taxé tout le monde et emprunté tout ce qui était possible, que faire ?

Vous devez créer de la monnaie. C’est toujours comme cela que ça se termine. Les populistes finissent toujours par imprimer de la monnaie, puis l’inflation fait des ravages et le cycle continue. »

Mépris pour l’argent public

« Il y a beaucoup de gens qui obtiennent quelque chose du gouvernement en l’échange de rien. Ces gens méprisent le gouvernement. Et comment leur donner tort ? L’argent tombe quoiqu’il arrive.

L’ensemble du système est devenu corrompu. Vous le voyez au journal TV. Quand vous allez dans un magasin vous souriez, dites s’il vous plait et merci. Mais des bandes d’adolescents cassent les portent, volent et partent en courant.

Ce n’est pas civilisé. Et plus nous voyons ces sortes de transactions plus nous percevons que la civilisation elle-même est en train de se dissoudre ce qui signifie que nous allons tous devenir plus pauvres et probablement moins en sécurité que nous l’avons été. »


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