▪ Malgré l’envolée du VIX — le baromètre du stress à Wall Street — vers le seuil des 30 vendredi dernier, nous ne cautionnons pas les commentaires alarmistes des amateurs de sensationnalisme.
Car il ne se passe encore rien de vraiment sensationnel. Certes, les taux longs américains se détendent au contact des 2%, mais nous sommes loin d’assister à une « fuite massive vers la sécurité ».
Pas d’arbitrage sectoriel à grande échelle en faveur des T-Bonds, pas non plus de signes de capitulation sur les actions, l’accélération des ventes en volumes étant assez comparable à l’accélération du glissement des cours.
Les gérants s’abstiennent quant à eux d’alléger activement les portefeuilles de peur de voir émerger un marché baissier |
Cela signifie simplement que les « algos » se contentent d’ajuster le volume des portefeuilles à l’ampleur du repli indiciel. Les gérants s’abstiennent quant à eux d’alléger activement les portefeuilles de peur de voir émerger un marché baissier — ce que symbolise pourtant une baisse de 20% sur les sommets pour de nombreux indices US (Russell 2000 à -24% et Dow Transport à -28%).
La principale référence, le S&P 500, ne cède que 11% depuis ses sommets de fin octobre/fin novembre et -12% depuis les 2 135 points de la mi-mai 2015.
Cela devient un peu plus chaud pour le Dow Jones qui perd 13,5% sur ses sommets — mais il en terminait largement au-dessus de son plancher du 24 août dernier.
▪ Ce qu’en pense Paris
Cette résilience des grands indices de référence américains nous amène à évoquer les pronostics des stratèges de la place de Paris. Cette fois-ci, il n’y a plus cette obnubilation pour un « alignement des planètes » mais un nouveau refrain unanime : « à Wall Street, y’a plus rien à gagner, les émergents sont à fuir, par défaut, y’a plus que l’Europe ».
Imaginez que nous puissions vaincre la malédiction du vieillissement et éliminer tous risques de maladie de notre existence… … en les supprimant directement de notre ADN Impossible ? Pas selon cette petite biotech de Boston, dont la découverte stupéfiante pourrait bouleverser le paysage médical et pharmaceutique dans les années qui viennent… |
A part peut-être Didier Saint Georges chez Carmignac et pour le plus baissier de tous les baissiers, Albert Edwards, global strategist à la Société Générale (basé à New York !)… la recommandation incontournable pour 2016 était à fond sur les actions européennes « où il y a tant de dossiers sous-évalués » (impossible de leur faire avouer lesquels, c’est un secret !).
Pour les gérants les plus subversifs, 2016 pourrait être l’année de l’amorce du début d’un commencement de rebond pour les matières premières.
Quelle audace intellectuelle, quel pari fou !
Ce qui signifie — en creux — que beaucoup de leurs collègues voient le cuivre, le palladium, le nickel redescendre plus bas que le fond des puits de mine dont ils ont été extraits.
Ils considèrent donc que les principaux producteurs vont continuer de creuser à perte la croûte terrestre… Mais aussi à financer des couvertures sur les marchés à terme pour des quantités de minerais qui ne vont pas trouver preneur puisque la Chine a spectaculairement réduit ses importations (de l’ordre de -15% en 2015).
Deux paragraphes plus loin, les mêmes stratèges nous assènent leur confiance dans la vigueur de la croissance mondiale et invoquent la Chine dont la croissance de « presque » 7% a encore de quoi nous faire rêver.
La hausse du PIB français est attendue entre 1,6% pour l’INSEE et moins de la moitié (0,7%) pour Marc Touati |
Il y a de quoi en effet fantasmer lorsque la hausse du PIB français est attendue entre 1,6% pour l’INSEE et moins de la moitié (0,7%) pour Marc Touati.
▪ Combien de barils/jour ?
Il y aussi de quoi s’étonner de la conviction que le cours du pétrole va continuer de s’effondrer… alors que la Chine afficherait toujours « autour de » 7% de croissance.
En effet, si c’est bien la réalité, une hausse annuelle de 7% des importations de pétrole par un pays qui importe l’équivalent de 7,5 millions de barils par jour… même si c’est loin des 10% annuels de 2012… cela représente encore un sacré paquet de barils de plus — plus précisément, de l’ordre d’un demi-million/jour.
Sachant que les excédents de production actuels sont estimés à 1,5 millions de barils/jour… sachant que le pétrole offshore vénézuélien revient à plus de 40 $ sorti du puits et coûte bien plus cher à raffiner que le WTI… sachant qu’avec un cours inférieur à 50 $, quatre millions de barils/jour sont produits à perte aux Etats-Unis — ainsi que la totalité du pétrole bitumineux au Canada –, la théorie des surplus ne tient pas vraiment la route.
Ce qui s’effondre, c’est le pétrole papier, le cuivre papier, le platine papier… Autrement dit tout ce en quoi l’argent des QE a été converti, sans aucune considération pour les fondamentaux… lesquels commencent à se rappeler à notre bon souvenir.
Il s’agit de la réminiscence de la bulle des subprime de 2007/2008 mais avec, cette fois-ci, 10 000 milliards de dollars de mauvais investissements dans le casino financier à désintégrer.