La Chronique Agora

Pétrole et gaz de schiste : il reste beaucoup de choses à découvrir

▪ Dernièrement j’ai passé deux jours à Austin, à l’université du Texas, pour assister à une conférence sur le pétrole, le gaz naturel et les problèmes énergétiques.

Alors que je rentrais dans la salle des conférences je suis tombé nez à nez avec Scott Tinker, le géologue de l’état du Texas. J’ai fait la connaissance de Scott il y a quelques années, au Cap, en Afrique du Sud, lors d’une autre conférence sur l’énergie.

Entre autres, Scott est un spécialiste des hydrocarbures de troisième génération. Il a travaillé pour l’industrie pétrolière avant de rejoindre le monde universitaire en tant que professeur en sciences de la terre à l’université du Texas. Il a présidé l’American Association of Petroleum Geologists (AAPG) et siège au National Petroleum Council. Et il est une mine d’informations à propos de tout ce qui a trait aux hydrocarbures.

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Faillite de la Grèce, possibilités d’éclatement de la Zone euro, reprise de la récession…
… NOTRE SPECIALISTE AVAIT VU VENIR TOUT CELA

Aujourd’hui rien n’est réglé, et des bruits inquiétants se font entendre au sujet de la France : que va-t-il se passer ensuite — et surtout comment vous y préparer ?

Tout est expliqué ici…

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Dans son exposé, Scott a commencé par un point très simple. Il a montré un graphique présentant la croissance de la population mondiale et celle de la consommation d’énergie. La figure montrait un lien absolument étonnant. « L’énergie est liée à la population », a-t-il constaté en préambule de son exposé. C’est-à-dire qu’une hausse de la demande en énergie est et restera une réalité de la vie. La question est : d’où le monde tirera-t-il toute cette énergie ?

Parlons un peu technique…
Ensuite, Scott est passé au volet technique. Il a expliqué comment récupérer des molécules d’hydrocarbures à partir de formations « compactes » — par exemple le schiste argileux — via la fracturation hydraulique (ou fracking). Il a également abordé un domaine appelé « la pétrophysique » ou comment les fluides se comportent à l’intérieur des roches. Scott a également projeté une série de clichés avec un grossissement très avancé pour faire constater la véritable dimension — ou, plus exactement, l’absence de dimension — des pores de ces roches compactes.

Lorsqu’on fracture une formation et qu’on tente de récupérer du gaz ou du pétrole du schiste argileux, on a affaire à des pores ultra-minuscules à l’intérieur de la roche — en comparaison, un cheveu humain ressemble au Golden Gate Bridge. Dans le domaine de la chimie et de la physique, le pétrole ou le gaz de schiste évoluent à une échelle où les molécules d’hydrocarbure se comportent de manière imprévisible, parce qu’elles agissent à un niveau légèrement au-dessus du niveau atomique.

Le comportement des molécules d’hydrocarbure à cette échelle quasi atomique soulève de nombreuses questions, totalement nouvelles. Au fond, les anciennes lois classiques de l’ingénierie pétrolière et gazière s’appliquent-elles encore ?

En d’autres termes, la loi de Darcy — qui décrit le passage d’un fluide à travers un milieu poreux — est-elle encore valide ? Remarque : impossible de se laisser aller à rêvasser pendant ces explications techniques. Ce dernier point, à propos de la loi de Darcy, est la clé pour comprendre ce qui se passe dans le secteur pétrolier en ce moment. Il est essentiel de comprendre la tournure que prendront les choses — aux niveaux micro et macro.

En effet, « il ne s’agit plus du même secteur énergétique que celui du temps de nos parents », a expliqué Scott Tinker, qui s’y connaît pas mal dans ce domaine. « Il ne s’agit certainement plus du secteur énergétique dans lequel vous et moi avons grandi », a-t-il ajouté — à un public composé principalement de gens… hum… plus âgés.

« Ici, à l’université du Texas », a ajouté Scott, « nous ne savons pas vraiment mieux que nos étudiants ce qui est en train de se passer dans ces roches compactes. Ca nous dépasse aussi ».

Ce qui n’empêche pas beaucoup de gens de forer ou de fracturer beaucoup de puits dans beaucoup de formations à travers le pays pour produire beaucoup de pétrole et beaucoup de gaz. Cela veut dire que tout ce qui relève des techniques nouvelles — même dans une institution merveilleuse, historique et centrée sur les questions d’énergie comme l’université du Texas — doit encore être appris.

Cela signifie également que « nous » — les Etats-Unis et le reste du monde qui consomme de l’énergie — sommes bien loin de pouvoir établir une politique énergétique et prendre des décisions d’investissements lucides et long terme. Il nous manque une véritable compréhension du bouleversement qu’apporte la technologie de la fracturation.
[NDLR : Pour suivre l’évolution du secteur de l’énergie — et vous positionner à temps sur les valeurs ayant un vrai potentiel — suivez notre spécialiste : il vous en dit plus dans cette vidéo exclusive…]

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