La Chronique Agora

Pétrole et énergie bon marché, les vraies limites de la croissance

▪ Le pétrole a beaucoup de chemin à parcourir avant de revenir à son sommet de 2008. Mais il est toujours trois fois supérieur à ce qu’il était en 2005, et vaut cinq fois son prix de 2001.

Nous ne sommes pas certain de qui gagne la bataille entre l’inflation et la déflation. Les prix grimpent, mais dans le contexte d’un ralentissement déflationniste général. Elles ont beau essayer, les autorités n’arrivent pas à se débarrasser de la Grande Correction. Cette dernière les force à lutter pour assouplir la politique monétaire afin de libérer l’économie… en ne réussissant qu’à resserrer le noeud coulant autour du cou des consommateurs.

Evidemment, ça déclenche un cercle vicieux. Les classes moyennes et inférieures ont moins à dépenser. L’économie sombre avec eux. Mais nous n’allons pas nous en inquiéter. Nous les avions prévenus !

Consacrons-nous plutôt à un autre sujet.

▪ Nous nous demandons depuis quelque temps si les taux de croissance réels des pays développés — en particulier l’Angleterre et les Etats-Unis — ne sont pas revenus à leurs niveaux pré-Révolution industrielle. Est-il possible que la croissance réelle régresse aux niveaux très bas du Moyen Age, voire avant ?

Pourquoi est-ce que cela se produirait ?

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Des mensonges, encore des mensonges, toujours des mensonges !

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Ce n’est pas une question de politique de la Fed. Ou de taux d’imposition. Ni même de dette. C’est plus profond que ça. Plus basique. Plus important.

Chaque fois que les humains font une découverte révolutionnaire, leur taux de croissance s’accélère. Ils peuvent ensuite en tirer parti. Ils remplissent le créneau économique que leur découverte a ouvert… aussi pleinement que le permet cette nouvelle technologie. Et ensuite ? La croissance revient alors à la « normale ». Mais qu’est-ce qui est normal ? Apparemment, ce sont des taux de croissance très bas, voire négligeables — c’est en tout cas ce qui était le cas avant que la Révolution industrielle ne commence.

Tout cela fait bien entendu naître toute une série de nouvelles questions.

La première : est-ce vrai ? L’histoire humaine est-elle bien une longue période de stagnation ou de  croissance basse… ponctuée de soudaines poussées au-dessus de la moyenne ?

Si c’est vrai, est-il également vrai que les économies développées ont atteint les limites de l’énergie bon marché… qui a commencé avec l’exploitation à grande échelle du charbon au XVIIIe siècle, suivie par l’utilisation du pétrole aux XIXe et XXe siècles ?

Et si cela est vrai, que va-t-il se passer ensuite ? N’y a-t-il pas de nouvelles sources d’énergie bon marché ?

Le nucléaire ?

Eh bien… c’est une possibilité… mais récemment, l’énergie nucléaire a connu un gigantesque revers. Elle n’est pas bon marché — pas quand on y additionne tous les aspects liés à la sécurité… et le coût des urgences occasionnelles. De nombreux pays réexaminent désormais leurs politiques énergétiques pour décider si le nucléaire a un rôle à y jouer.

Qu’en est-il de la conservation… des mesures d’économie d’énergie ?

Bon, certes… on peut faire durer l’énergie. Sans doute qu’on peut même augmenter le niveau de vie en l’utilisant plus efficacement. Mais on n’obtient pas une croissance économique hors norme en réduisant la consommation énergétique. Il semble qu’on obtienne une croissance rapide uniquement grâce à de grandes découvertes qui libèrent une nouvelle énergie… que l’on exploite ensuite.

Alors à quoi s’attendre maintenant ? La composante essentielle de la croissance est soudain devenue trois fois plus chère qu’elle l’était il y a cinq ans. L’économie peut probablement continuer à « croître »… mais de combien ? Sans nouvelle découverte, que peut-elle espérer ? A peu près le même niveau de croissance qu’avant l’arrivée de la nouvelle technologie — une croissance négligeable, en d’autres termes.

▪ Et si c’est vrai, comment les investisseurs gagneront-ils de l’argent ?

Réponse : ils n’en gagneront pas.

Hmmm… voilà qui devient intéressant.

« Bill, que les choses soient claires. Vous dites que le genre de croissance enregistrée en Occident aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles n’était qu’une anomalie… c’est bien ça ? »

Eh bien, c’est ce que nous impliquons, oui.

« Vous dites que lorsque le monde exploite une nouvelle technologie — même si elle est aussi énorme que le pétrole –, il se développe jusqu’à la limite permise par cette technologie… puis s’arrête ».

Oui, c’est ce que suggère cette analyse. Revenons par exemple à l’époque où l’arc et les flèches ont été inventés. Ils ont probablement permis aux chasseurs primitifs d’abattre plus de gibier. Ils pouvaient nourrir plus de gens. La population humaine s’est donc développée. Mais une fois les arcs et les flèches adoptés par tous, la population a probablement cessé de se développer. Nous avions tiré tout le bénéfice possible de cette innovation.

« Et vous dites que les rendements sur investissements des dernières centaines d’années pourraient en fait refléter cette anomalie… si bien que les investisseurs pourraient ne jamais plus réaliser quoi que ce soit de similaire ? »

Eh bien… oui. Ou du moins pas dans les économies développées et matures.

« Eh bien, on dirait que je devrais oublier l’investissement tout court ».

Absolument pas. D’abord, de gigantesques parties du monde ne sont pas encore « construites ». L’utilisation d’énergie y est encore très basse. Ces régions peuvent encore faire des progrès rapides à mesure qu’elles rattrapent leur retard. Elles sont comme des tribus n’ayant pas encore adopté l’arc et les flèches. Une fois que c’était fait, le progrès était possible.

Vous devriez pouvoir participer à leur croissance aussi, simplement en achetant des entreprises fonctionnant dans ces zones. D’autant que ce ne sont pas toutes des entreprises étrangères. Des sociétés européennes, américaines ou japonaises tirent toutes parti de l’ascension des pays en voie de développement.

Ensuite, il y a toujours l’occasion de gagner de l’argent à l’ancienne — par le biais des intérêts composés, plutôt que des plus-values. Nous sommes si habitués à une hausse permanente des actions et de l’immobilier qu’il nous est difficile d’imaginer un monde où les prix stagneraient. C’est pourtant ce à quoi nous pourrions être confrontés. Un taux de croissance bas devrait entraîner une appréciation très limitée, voire négative, des cours. Les dividendes deviendront plus importants. Et les gens qui s’enrichissent le feront probablement comme ils l’ont fait durant des siècles avant la Révolution industrielle — soit en épargnant et en faisant jouer les intérêts composés pendant de nombreuses années… soit en prenant l’argent à d’autres.

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