Sur l’ensemble de la semaine passée, le Dow a grimpé de 1,8%, le S&P 500 de 1,3% et le Nasdaq de 1%… Exactement ce qu’il fallait pour que Wall Street passe du rouge au vert sur le millésime 2016.
Les six premières semaines de l’année n’avaient qu’un unique équivalent depuis 15 ans : celles de l’année 2008… la ressemblance étant poussée jusqu’à l’inscription d’un plancher vers le 20 janvier puis le 11 février.
La copie restera parfaitement conforme jusqu’au 26 février (rebond de 10% en deux semaines) avant que le facteur « banques centrales » n’apporte sa touche de magie. En 2008, une rechute de 20% avait eu lieu entre le 27 février et le 17 mars. Cette année, la plupart des indices — dont le CAC 40 — ont engrangé de 5% à 7% de plus sur la même période, totalisant au minimum +13% et jusqu’à +17% par rapport au nadir du 11 février 2016.
Ce jour-là, le désarroi des opérateurs était à son comble. Le baril de pétrole flirtait avec les 27 $ (mais c’était déjà son deuxième flirt avec ce plancher depuis le 1er janvier). L’angoissante « nouveauté », c’était l’envolée de l’euro face au dollar — avec un test des 1,1320 qui portait un coup au consensus hégémonique prévoyant une parité euro/dollar avant la fin du premier trimestre.
Imaginez que nous puissions vaincre la malédiction du vieillissement et éliminer tous risques de maladie de notre existence… … en les supprimant directement de notre ADN Impossible ?Pas selon cette petite biotech de Boston, dont la découverte stupéfiante pourrait bouleverser le paysage médical et pharmaceutique dans les années qui viennent…Cliquez ici pour tout savoir. |
Le soudain rebond de l’euro menaçait d’éradiquer tout le bénéfice de son repli depuis la mi-octobre 2014 et le 24 août 2015, lorsqu’il effectua une incursion vers 1,17 qui fit souffler un vent de panique sur les indices boursiers européens.
Mais le 18 mars, voici le dollar retombé sous les 1,13, au même niveau que ce 11 février 2016 de sinistre mémoire… et ce second dérapage est salué par un retour du CAC 40 au contact des 4 500 et de l’EuroStoxx 50 vers 3 100 points.
Le pétrole, l’élément qui change tout…
N’importe quel gérant chargé de dispenser la bonne parole dans les médias financiers aurait déjà interrompu mon exposé pour abattre l’argument massue de la remontée du pétrole (+50% en cinq semaines), qui dissipe toutes angoisses du marché.
Le rally de +3,5% de l’euro depuis le 26 février n’a en rien entamé l’enthousiasme apparent du « marché » |
Je suis le premier à reconnaître qu’il existe bien une corrélation entre le rebond du baril et celle des indices boursiers. Je conviens tout aussi aisément que le rally de +3,5% de l’euro depuis le 26 février n’a en rien entamé l’enthousiasme apparent du « marché » — une parodie de marché, dois-je le répéter, avec un acheteur unique doté de sa planche à billets et qui administre aussi bien le cours des actions que le rendement des obligations.
Mais partager un constat ne signifie pas adhérer aux explications mécanistes ni à la béatitude générale… car nous atteignons des sommets d’incohérence et d’enfumage.
Il y a un an jour pour jour, nous étions en plein « alignement des planètes » avec un baril à 42,5 $ et surtout un euro tombé à 1,05 $.
365 jours plus tard, nous nous retrouvons avec un pétrole à peine moins cher (mettons 5% en-deçà de ses planchers de la mi-mars 2015)… et un euro qui vaut 7,5% de plus.
Souvenez-vous du formidable avantage que devait nous procurer un pétrole pas cher. Marges des entreprises mettant le turbo, PIB dopé par des consommateurs profitant d’un pouvoir d’achat gonflé à bloc par la baisse du fioul et des carburants, sans parler d’un crédit plus abondant et quasi-gratuit. Tout le monde a gobé ce discours, même parmi les plus grands « penseurs » de la sphère financière.
… Ou pas
Pourtant, la baisse du pétrole ne rajoute pas un euro sur le compte en banque du consommateur — surtout s’il ne possède pas de voiture et se chauffe à l’électricité. Quant à ceux qui ont pu « économiser » 150 à 200 euros par an sur leur plein de carburant, cela permet juste de s’offrir un week-end dans une maison d’hôtes… ou deux paires de baskets neuves pour ceux qui préfèrent la marche à pied aux longs trajets en voiture.
Nous avons juste un transfert de dépenses… et cela ne rajoute pas un euro de PIB |
Autrement dit, nous avons juste un transfert de dépenses… et cela ne rajoute pas un euro de PIB. Les stations-service ont vu leur chiffre d’affaires baisser, le restaurateur du coin a fait quelques couverts en plus… mais globalement, c’est exactement la même somme d’argent qui a été dépensée.
Pour que le pouvoir d’achat progresse et que notre PIB augmente, il faudrait que les gains de productivité des entreprises réalisés grâce au pétrole soient redistribués aux salariés… et non majoritairement aux actionnaires institutionnels (à 50% étrangers) qui stockent ou exportent les dividendes au lieu de les dépenser sur notre sol.
La baisse du pétrole a surtout contribué à réduire notre déficit commercial en 2015 ; si les entreprises ont pu accroître effectivement leurs bénéfices, notre PIB n’en a que très peu profité.
Si le baril poursuit son rebond vers 50 $ tandis que l’euro repasse les 1,15 $, ce sera alors le retour à la case départ… et c’est comme si l’alignement des planètes n’avait jamais existé.
Le plus saisissant, cependant, ce n’est pas le désalignement des planètes mais bien le désalignement de la trajectoire des actions depuis la mi-février avec les bénéfices anticipés.
C’est particulièrement vertigineux à Wall Street : même après des rachats massifs de titres (plus de 1 000 milliards de dollars en 2015), le montant des dividendes versés poursuit sa contraction.
Et ne parlons pas des véritables profits (provenant d’une hausse de l’activité et de la marge opérationnelle, pas des dividendes achetés à crédit) ; ils vont continuer de s’étioler, comme le préfigure un abaissement des anticipations de la croissance mondiale par la Fed, la Banque du Japon, la BCE, le FMI, l’OCDE, la BRI, etc.