La Chronique Agora

Pétrole, Chine et politique

▪ Deux sujets importants prennent forment en Chine au moment où nous écrivons cette chronique pékinoise. Ces deux sujets en disent long sur la Chine, les Etats-Unis et leurs positions financières et politiques dans le monde.

Par exemple, nous ne sommes pas les seuls à chercher des façons d’investir en Chine cette semaine. Les représentants des trois Etats canadiens les plus à l’ouest sont là aussi.

"Nous avons ce dont ces pays [asiatiques] ont besoin", a affirmé Brad Wall, le représentant de la province de Saskatchewan, "dans des proportions bibliques".

Les homologues de M. Wall, venus d’Alberta et de Colombie Britannique, sont là aussi. L’Alberta est bien évidemment le pays des sables bitumineux… et d’une réserve de pétrole aussi importante que difficile à exploiter. Si le pétrole n’atteint pas 70-90 $ le baril, les sables bitumineux ne sont pas très économiques.

Ce n’est pas un problème pour les Chinois, qui ont déjà signé deux contrats sur des sables bitumineux ce trimestre…

• Le producteur de pétrole national Sinopec a payé 4,65 milliards de dollars pour acheter une part de 9% du plus gros projet canadien sur les sables bitumineux, à ConocoPhillips.
• Le fond souverain China Investment Corp. a payé 801 millions de dollars pour acheter 45% d’un projet de production de pétrole à partir de sables bitumineux.

Le Canada est plus que satisfait d’ouvrir les sables bitumineux à la Chine plutôt qu’à ses voisins du sud. C’est en partie parce que produire du pétrole dans la région entraîne des rejets de carbone importants, et que l’administration Obama fronce les sourcils à cause de ça. Mais c’est également du "bon sens économique" pour les Canadiens, affirme Jeff Rubin, ancien économiste en chef chez CIBC World Markets.

"La consommation de pétrole de la Chine est passée d’à peine plus de deux millions de barils par jour au début des années 1980 à près de neuf millions de barils par jour cette année", déclare Rubin. "Et à la vitesse à laquelle son marché automobile croît, le pays pourrait doubler sa consommation de pétrole au cours de la décennie à venir".

"Par comparaison… cette année, il y avait quatre millions de véhicules en moins que l’année dernière sur les routes américaines".

Le pétrole n’est d’ailleurs pas le seul enjeu ici. La région produit également beaucoup d’uranium et de potasse, un ingrédient clé des fertilisants. Sylvain Mathon, expert ès matières premières, a déjà identifié un acteur clé dans ce secteur : pour en savoir plus, continuez votre lecture

▪ Après le départ des Canadiens, les délégations américaines arrivent. Ces gars-là sont convaincus d’impressionner. La secrétaire d’Etat Clinton et le ministre du Trésor Geithner sont en route pour Pékin. Leur programme pourrait difficilement être plus éloigné de celui des Canadiens. Au menu…

• Des sanctions plus radicales à l’encontre de l’Iran pour son programme nucléaire…
• La montée des tensions dans la péninsule coréenne, puisque le Sud accuse le Nord d’avoir torpillé un de ses navires de guerre et d’avoir tué 46 marins…
• Le taux de change dollar-yuan…

Pour le plaisir de la comparaison : les Canadiens sont là pour faire des affaires. Les Américains sont là pour quoi, se montrer ?

Par nature, nous doutons que la politique puisse faire mieux que les affaires. Mais il est clair que nous sommes en minorité dans notre pays.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile