La Chronique Agora

Pétrole brésilien, l'importance de l'offshore

▪ Parler d’Eldorado brésilien n’est plus une surprise. Depuis 20 ans, le pétrole brésilien compte parmi les rares découvertes de champs géants, aux côtés de la mer Caspienne et de la Russie. L’enjeu est réellement gigantesque. C’est plus de 14 milliards de barils qui restent inexploités ! Pourtant, l’Eldorado est encore difficile d’accès.

Ces ressources sont avant tout des ressources offshore. Désormais, les nouvelles découvertes sont à faire en pleine mer. Pour preuve, 50% des dernières découvertes de pétrole l’ont été au large de côtes. Sur ces découvertes, plus d’un tiers l’ont été au Brésil.

Surtout, ces ressources sont profondes.

Elles sont enfermées sous une couche dure de sel à plus de 3 000 mètres de profondeur. Mais grâce aux capacités technologiques de son géant Petrobras, le pays va devenir bientôt un Etat pétrolier. Depuis 20 ans, le Brésil est monté en gamme et est désormais capable de financer ces technologies performantes.

Ainsi, la célébration qui a accompagné la découverte de pétrole au Brésil a été autant une manière de célébrer cette nouvelle richesse, que de féliciter l’exploit technique de Petrobras.

Car le nouveau marché de l’offshore est très compétitif, basé sur la technologie. En pleine naissance, le marché va devenir hyper-compétitif. Ses acteurs les plus performants seront assis sur un tas d’or.

Et pour l’instant, la bataille ne fait que s’engager.

▪ L’épuisement des champs onshore relance la compétition
Le pétrole du Moyen-Orient est en train de décliner. Que ce soit en Arabie Saoudite, au Koweït ou à Abu Dhabi, les productions s’essoufflent. Aucune nouvelle découverte n’est venue remplacer l’épuisement de ces champs autrefois prolifiques.

C’est pourquoi l’offshore profond est devenu une nouvelle corne d’abondance. C’est de la mer Caspienne, puis du Brésil, et probablement de l’Arctique que proviendront les dernières gouttes de pétrole que nous consommerons. Ces lieux constituent les dernières frontières des ressources pétrolières.

Mais pour développer ces ressources, il faut développer de nouvelles technologies. Ces lieux sont difficiles d’accès. Vous vous rendez compte que les ressources repérer au Kazakhstan ont été découvertes il y a plus de 10 ans. Et le Kazakhstan ne produit toujours pas de pétrole offshore !

Cette lenteur s’explique. Ces forages sont d’un genre nouveau. C’est pourquoi il a fallu d’abord développer et maîtriser des technologies nouvelles. La R&D a donc dû être relancée. Aujourd’hui, les quelques acteurs du secteur se livrent une bataille terrible autour de la solidité de leur tube et autres pipelines résistants à la pression.

Cette rivalité s’explique par la taille impressionnante du marché à conquérir.

▪ Un marché appelé à devenir international
Les enjeux des technologies offshore sont mondiaux. Le Brésil est un laboratoire pour les plus grandes technologies de l’offshore profond.

Mais après l’offshore brésilien, de nombreux autres marchés restent à découvrir. Ainsi la côte africaine reste encore largement inexplorée. Après le Nigeria et le Mozambique, les côtes de Namibie restent à découvrir.

Le golfe du Mexique est à nouveau en train de redevenir un marché prometteur. Devant l’épuisement des gigantesques champs mexicains, comme celui de Cantarell, Mexico a décidé de relancer l’exploration. Les ressources à découvrir seront plus profondes. L’Etat mexicain le sait, et a décidé de faire appel aux technologies étrangères… et françaises !

De plus, le golfe du Mexique va être soumis à de nouvelles contraintes de sûreté. Les produits technologiques seront les plus valorisés sur ce marché de la sécurité pétrolière.

Les parapétroliers qui travaillent sur l’offshore savent que le Brésil constitue le premier essai à cette échelle de forage. Celui qui arrivera à être reconnu comme le champion de l’offshore verra donc s’ouvrir à lui les portes de l’Amérique, de l’Afrique australe, du Canada, et de l’océan Arctique.

▪ Le marché des flexibles en hausse
Le marché des tuyaux flexibles, alpha et oméga du forage offshore, est déjà un marché en pleine progression. Il croît de 10% par an en moyenne. Dans un contexte où la production de pétrole tend à ralentir, cette performance est exceptionnelle.

Or c’est le Brésil qui est le responsable de cette croissance. Ainsi tous les groupes commencent à y installer leurs équipements de R&D.

Ainsi Vallourec, le fabricant de tubes, vient d’annoncer la création d’un centre de R&D basé à Rio. Son objectif : développer les technologies pré-salifères. La compagnie s’est également associée avec l’Allemand Butting pour installer un centre de production au Brésil.

De même, Technip concentre 80% de ses investissements sur le subsea, l’offshore profond. Déjà installée au Brésil, la compagnie a l’intention de construire une deuxième usine de production en 2014 dans le pays.

Enfin les compagnies Subsea 7 et Saipem sont sur les rangs pour conquérir ce secteur, et convoitent le marché brésilien.

Mon conseil : en ces temps mouvementés, il est rare de trouver un secteur qui surnage. Le secteur des parapétroliers a été largement enfoncé en septembre. Pourtant, le secteur de l’énergie dans son ensemble apparaît désormais comme un secteur défensif. Il suffit de regarder la bonne résistance des prix du pétrole. L’or noir reste une bonne affaire.

Investir maintenant pourrait être une bonne façon d’anticiper le retour des valeurs « énergie ». Car oui, le secteur des parapétroliers, malgré ses mauvaises performances en Bourse, réfléchit à long terme. Et d’autant plus lorsqu’il s’agit de projets en offshore, qui nécessitent au moins 10 ans à se mettre en place.

Ainsi, les groupes spécialisés dans les équipements de forages pourraient être une bonne opportunité, car l’offshore profond amènera les plus belles performances.

Un groupe comme Vallourec présente ainsi un grand intérêt. Ses cours ont très largement subit les assauts du mois de septembre. La compagnie est largement survendue. Or celle-ci a organisé une vaste réorientation de ses activités, pour construire un « nouveau Vallourec ». Les effets de la réorientation pourraient rebooster la valeur en Bourse.

A regarder de très près.

Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 12/10/2011.

 

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