La Chronique Agora

Peak Oil : l'envers du décor

** Mon collègue Kevin Kerr observait que la Chine établit des relations serrées avec la plupart des grands producteurs pétroliers de la planète.

– Ce n’est pas le cas des Etats-Unis.

– Les Chinois investissent des milliards de dollars dans diverses opérations étrangères, tout en négociant des contrats de ravitaillement de long terme avec des pays comme le Canada, la Russie et le Venezuela.

– L’expansion agressive de la Chine dans les champs pétroliers du Canada, de l’Amérique du Sud et d’ailleurs peut mettre en danger le futur ravitaillement énergétique de l’Occident… ou au moins le PRIX de ce ravitaillement. Parallèlement, plusieurs pays producteurs de pétrole sont devenus de plus en plus hostiles à l’égard des Américains et des entreprises privées… plus particulièrement à l’égard des Américains possédant des entreprises privées dans le secteur de l’extraction pétrolière.

** "On assiste à la mondialisation des investissements, mais pas des ressources naturelles", déclarait Bernard Mommer, député et ministre de l’Energie du Venezuela, il y a quelques jours.

– "Les ressources naturelles appartiennent au peuple, et je ne connais pas une seule personne qui pense autrement", a-t-il ajouté. Mommer, mathématicien de formation, est largement reconnu comme étant l’architecte du vaste plan mis en place par le président vénézuélien, Hugo Chavez, visant à nationaliser de larges segments de l’économie du Venezuela.

– A ce jour, le gouvernement vénézuélien a beaucoup avancé dans la nationalisation de terrains, de parties du secteur bancaire, et de secteurs industriels comme la génération d’électricité, les télécommunications, les mines et la production pétrolière.

– En septembre dernier, le président Chavez a annulé toutes les concessions minières et a annoncé un moratoire sur les nouveaux accords avec des sociétés transnationales — tout cela faisant partie d’une restructuration plus large du secteur. Chavez notait : "Récemment… nous avons décidé, après avoir examiné ceci et cela, d’annuler toutes les concessions minières. Nous n’accorderons plus de concessions aux [entreprises] transnationales". Ce n’était qu’un avant-goût de ce qui allait suivre pour le secteur des matières premières.

– Peu de temps après, Chavez se lança une révision complète de tous les contrats énergétiques et minéraux signé par le Venezuela avant qu’il ne soit élu président en 1998. Chavez a déclaré que selon lui, bon nombre des accords précédents "dépouillaient" le Venezuela de ses ressources naturelles. Au sujet de ses efforts de nationalisation, Chavez a déclaré qu’"[ils] visent à récupérer le pouvoir national et la souveraineté en matière de gestion de nos ressources".

– Bernard Mommer a amplifié les déclarations de son chef en décrivant ces mesures comme étant "une nouvelle image" du Venezuela. "Nous nous comportons simplement comme n’importe quel pays développé", a déclaré Mommer. "Nous disons ‘non’ aux arrangements coloniaux" — terme qui faisait référence aux récentes annonces du Venezuela sur le fait qu’il ne participerait plus aux d’arbitrages internationaux intervenant dans des conflits concernant des accords économiques.

– Selon Mommer, le système légal du Venezuela offre "une sécurité suffisante" à tout investisseur potentiel. "Si une entreprise insiste pour obtenir [un tel arbitrage], elle devra partir. Point à la ligne", a-t-il dit.

– Parlant de la récente saisie par le Venezuela de 60% de plusieurs gros projets pétroliers dans la région de l’Orénoque, Mommer a déclaré que le pétrole signifiait plus pour le pays que "juste du cash". Il a déclaré : "soyons clairs sur le fait que nous parlons d’une ressource naturelle qui est aussi propriété nationale ; je ne peux pas trouver une seule communauté qui ne soit pas d’avis qu’elle ne devrait pas profiter de ces richesses".

– Résumant les derniers rachats de champs pétroliers, Mommer a déclaré : "la loi a établi clairement que l’entreprise pétrolière nationale doit avoir le contrôle de ces opérations… Nous avions expliqué tout cela en détails, et nous avons agi. C’est écrit dans la loi. Il n’y a rien à négocier". – Tout est dit. Il n’y a rien à négocier. Bienvenue dans l’envers du décor du Peak Oil.
[NDLR : Pour en savoir plus sur la "nouvelle donne" pétrolière et les moyens d’en profiter, continuez votre lecture…]

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