La Chronique Agora

Pays émergents : la Birmanie, nouvelle star de l’investissement en Asie du Sud-Est

▪ « C’est la Thaïlande il y a 50 ans », a dit Alexandre de Lesseps. Nous parlions du prochain grand marché émergent d’Asie. Cela va peut-être vous surprendre, mais c’est une sacrée histoire… et une belle opportunité. Le pays dont je parle est le Myanmar (ou Birmanie, comme semblent l’appeler la plupart des gens).

J’ai repris contact avec Alex parce que je me rappelais son enthousiasme pour le pays. C’est un investisseur accompli sur les marchés « frontière » — ces royaumes à moitié oubliés en marge du monde de l’investissement. Alex investit en Birmanie depuis 15 ans en tant que partenaire chez SPA Capital Partners, travaillant avec Serge Pun & Associates, une compagnie d’investissement présente en Birmanie depuis 1991. (Eh oui, Alex est l’arrière-petit-fils de Ferdinand de Lesseps, le constructeur du Canal de Suez, qui a également supervisé les débuts de la construction du Canal de Panama).

J’ai rencontré Alex pour la première fois dans un joli restaurant au bord de la rivière à Phnom Penh, au Cambodge. Mon ami Doug Clayton, de Leopard Capital, avait organisé ce dîner (nous reparlerons de Doug dans quelques minutes). J’étais au milieu d’un voyage en Thaïlande, au Cambodge et au Vietnam, et j’avais demandé aux investisseurs que je croisais quelle serait la prochaine star de l’Asie du Sud-Est ; à chaque fois, la réponse était la même : la Birmanie.

La Birmanie commence — enfin — à bouger. La mainmise de la junte militaire se desserre d’elle-même. (« C’est très important », m’a dit Alex. « Le changement est venu de l’intérieur. C’est significatif de la profondeur et de l’ampleur du mouvement »). Le marché commence à s’ouvrir. Des prisonniers politiques ont été libérés. Les règles de censure de la presse ont été assouplies. Les choses se passent rapidement. Même Hillary Clinton est venue en visite en fin d’année dernière, la première Secrétaire d’Etat américaine à le faire en 50 ans.

Alex m’a déclaré n’avoir jamais rien vu de pareil depuis son arrivée en Birmanie il y a des années. Les hôtels sont pleins. Nombre d’entre eux sont déjà complets sur les premiers mois de l’année. Et la Birmanie attire de plus en plus l’attention du grand public au fil des semaines. En quoi la Birmanie est-elle importante ?

▪ Des atouts difficiles à ignorer
En bref, elle a tout ce dont le monde a besoin — en quantité. Le Wall Street Journal rapportait récemment : « le potentiel du Myanmar est trop important pour être ignoré de certains investisseurs. C’est l’un des derniers grands marchés frontière en Asie, il est riche en pétrole, gaz, bois et pierres précieuses, et a tout pour devenir un exportateur majeur de riz et de fruits de mer ». Les estimations de réserves de gaz naturel, par exemple, feraient des champs birmans les dixièmes plus grands du monde. Les coûts de main-d’oeuvre sont bas, ce qui pourrait soutenir le secteur industriel de base.

Doug Clayton s’est rendu à Rangoon (Yangon) et en a rendu compte dans sa lettre d’information (disponible sur www.leopardasia.com — un site en anglais qui vaut le détour). Doug note que la Birmanie a les plus grandes terres émergées de l’Asie du Sud-Est continentale, et de grands deltas de rivières très fertiles. Elle a près de 2 000 km de côtes ininterrompues, des sites portuaires en eaux profondes sur l’océan Indien, très stratégique, ainsi que 600 îles tropicales peu utilisées.

Comptant plus de 2 000 pagodes et temples ainsi que des kilomètres de plages immaculées, la Birmanie pourrait accueillir une activité touristique plus intense. « De mes tribulations dans les deux pays », conclut Doug, « je dirais que le potentiel touristique à long terme de la Birmanie est tout aussi solide que celui de la Thaïlande — qui attire 14 millions de touristes par an, contre les 300 000 de la Birmanie ».

Il est difficile de ne pas faire de comparaison avec la Thaïlande, et Doug continue : « pour comprendre le potentiel de Myanmar, regardez de l’autre côté de la frontière, en Thaïlande, un pays à la population et à la taille comparables », continue Doug. « Aux environs de la Deuxième Guerre mondiale, l’économie et le développement de la Birmanie coloniale étaient plus rapides que ceux de la Thaïlande ». Depuis, cependant, l’économie thaïlandaise est devenue 10 fois plus importante que celle du Myanmar. Doug est d’avis que « le fossé va vraisemblablement se combler à mesure que le Myanmar met un place un système politique plus similaire à celui de la Thaïlande ».

▪ Une plaque tournante entre la Chine et l’Inde
L’un des livres que j’ai lu durant les vacances était Where China Meets India: Burma and the New Crossroads of Asia [« Là où l’Inde et la Chine se rencontrent : la Birmanie et les nouveaux carrefours de l’Asie », N.R.L.R.], de Thant Myint-U. Selon Thant, Rangoon était autrefois la riche capitale de la Birmanie britannique. Elle exportait du riz, du bois et du pétrole. « A la fin des années 20 », écrit Thant, « Rangoon dépassait New York en tant que plus grand port d’immigration au monde… La ville de Rangoon était devenue un point de passage pour toute l’Asie ». Dans les années 30, l’économie birmane per capita valait au moins deux fois celle de la Chine. De nos jours, la Chine est six fois plus importante. C’est un écart qui devrait se réduire à mesure que la Birmanie se développe.

La géographie elle-même joue en faveur de la Birmanie. Cette dernière est située entre la Chine et l’Inde, comme une charnière. C’est un grand pays, de la taille de la France, avec ses 60 millions d’habitants.

C’est aussi un carrefour naturel. Les travaux ont déjà commencé sur un réseau de pipe-line, d’autoroutes et de voies de chemin de fer — faisant de la Birmanie un pont vers les deux plus grands marchés potentiels de la planète, la Chine et l’Inde.

« Il y aura des opportunités d’investissement », m’a dit Alex. En fait, il voit déjà les investisseurs arriver. Au cours des prochains mois, de nouveaux fonds d’investissement seront lancés. La Bourse de Tokyo a annoncé qu’elle aiderait le Myanmar à développer son marché boursier. De nombreuses entreprises essaient de se frayer un chemin en Birmanie. Ce sont en très grande partie des entreprises asiatiques, dans la mesure où elles ne sont pas concernées par les sanctions imposées par les Etats-Unis et l’Europe. Ceci dit, certaines entreprises occidentales font déjà des progrès. Unilever y vend du savon et de la soupe. Caterpillar aussi a des activités sur place. Et quelques-unes sont là en tant qu’exception aux sanctions, comme le géant pétrolier français Total.

Les investissements étrangers se sont concentrés en majeure partie sur le pétrole et le gaz, les mines et l’énergie. Le plus grand investisseur en Birmanie a été la Chine. (L’un des hommes d’affaires chinois cité dans le livre de Thant déclare : « j’espère que les sanctions dureront éternellement ». Et pourquoi pas ? Elles leur évitent toute concurrence…). Il y a d’abondantes opportunités dans des secteurs de base comme le ciment, les automobiles et les hôtels.

Tout ça n’est qu’un début… et nous continuerons de surveiller les opportunités apparaissant en Birmanie.
[NDLR : Intéressé par les « nouveaux émergents » ? Alors suivez le guide vers des opportunités d’investissement pleines de potentiel…]

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile