La Chronique Agora

Pays difficile, argent facile

Si les ventes diminuent, les prix baissent et les taux d’intérêt réels augmentent… Il y a récession.

Depuis quelques jours, nous nous interrogeons sur les difficultés auxquelles doivent faire face les Etats-Unis. Le complexe militaro-industriel contrôle le gouvernement. Cherchez dans ses poches, et vous y trouverez presque tous les membres du Congrès – républicains ou démocrates. Consultez la liste des donateurs des principaux groupes de réflexion américains… vous y trouverez nos plus importantes « entreprises de défense ».

Les médias et les universités sont également dans le coup, convaincus que chaque clou a besoin d’un marteau. Aux Etats-Unis comme ailleurs dans le monde, nous nous acharnons à cibler les « terroristes » en fauteuil roulant et à enfermer les imbéciles qui ont visité sans autorisation le Capitole.

La façon dont tout cela s’inscrit dans les courants profonds de l’histoire et dans les schémas narratifs des marchés est notre principale préoccupation. Voyons donc cela.

La Fed fait une pause… comme le rapporte le Stansberry Wire :

« Après 15 mois de hausses consécutives des taux d’intérêt, les responsables de la Réserve fédérale ont décidé de faire une pause dans le cycle de hausse lors de leur dernière réunion.

Ils ont toutefois indiqué qu’ils pourraient reprendre rapidement des mesures de resserrement pour répondre aux inquiétudes concernant l’inflation. Dans un communiqué publié par le Federal Open Market Committee, ils expliquent que le maintien des taux actuels leur permettrait d’évaluer des informations supplémentaires et leur impact sur la politique monétaire. »

Dans le rétroviseur

Quelles sont ces « informations supplémentaires » que la Fed est susceptible de recevoir ? L’idée que l’on est « tributaire de données » est une escroquerie. Les « données », c’est l’Histoire. La Fed ne peut influencer que l’avenir. Et jusqu’à présent, ses experts se sont révélés très mauvais en matière de prévisions.

C’est pourquoi nous avons une inflation de 5%… parce que les 1 000 économistes de la Fed ne l’ont pas vue venir.  Anticipant une inflation de 2%, ils ont maintenu leur taux directeur beaucoup trop bas pendant beaucoup trop longtemps… ce qui a entraîné un endettement beaucoup trop important… et une économie beaucoup trop fragile pour survivre à des taux d’intérêt plus justes.

La Fed fait donc une pause, son taux directeur étant à peine égal à l’inflation, le rendement réel de l’obligation du Trésor à 10 ans étant toujours négatif et le S&P 500 étant toujours plus cher qu’il ne l’était en 1929.

En d’autres termes, la Fed continue d’encourager les gens – en particulier le gouvernement et son complexe militaro-industriel mentionné précédemment – à emprunter, à dépenser et à investir. Et elle espère que le taux d’inflation continuera à baisser afin de pouvoir repasser en mode « inflation maximale ».

Mais aujourd’hui, nous allons tenter de deviner ce que la Fed n’a pas vu venir cette fois-ci.

Voici ce que rapporte Fortune :

« La Deutsche Bank estime que les risques de récession aux Etats-Unis sont proches de 100%.

‘Eviter un atterrissage brutal serait sans précédent dans l’histoire’, a averti David Folkerts-Landau, économiste en chef du groupe, dans un rapport de recherche intitulé The Clock is Ticking [NDLR : l’horloge tourne] publié mercredi. »

La fin de l’argent facile

Que se passe-t-il en cas de récession ? Les ventes diminuent. Les prix baissent. Et les taux d’intérêt réels (après inflation) augmentent. La hausse des taux réels, conjuguée à la baisse des ventes et des bénéfices, fait qu’il est plus difficile pour les entreprises de payer leurs factures. Zerohedge nous explique ce qui va suivre :

« La fin de l’argent facile : les dépôts de bilan s’accumulent au rythme le plus rapide depuis 2010.    

Un processus de nettoyage, attendu depuis longtemps, pour réduire le surendettement des entreprises et jeter les feuilles mortes, aux dépens des investisseurs…    

L’année devient remarquable pour des records de dépôts de bilan par les entreprises, après des années d’argent facile qui ont entraîné toutes sortes d’excès, alimentés par des investisseurs en quête de rendement. Ces investisseurs ont permis aux entreprises zombies les plus surendettées de recevoir toujours plus d’argent frais. Mais cette époque est révolue. Les taux d’intérêt sont beaucoup plus élevés, les investisseurs deviennent un peu plus prudents et l’argent facile n’existe plus. »

Les entreprises qui n’arrivaient pas à joindre les deux bouts lorsqu’elles pouvaient emprunter à 3%, explique Wolf Richter, sont aujourd’hui contraintes d’emprunter à 7%. Incapables de se refinancer… ou de s’endetter plus… elles font faillite.

Nombre de ces entreprises doivent de l’argent aux banques ainsi qu’aux détenteurs d’obligations. Beaucoup de ces créanciers ont leurs propres créanciers. Quant au gouvernement américain, récemment libéré de son bracelet de cheville du plafond de la dette, et désireux de continuer à verser de l’argent à ses comparses fantaisistes et incompétents préférés, il a désormais besoin de près de 1 000 Mds$ de financement supplémentaires.

Hélas, « l’argent facile n’existe plus ».

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