La Chronique Agora

Pas de nouvel assouplissement quantitatif en vue de la part de la Fed

▪ « Les commentaires de Bernanke maintiennent les actions sous contrôle », titrait le Financial Times.

Bien sûr. Les actions baissent, mais pour l’instant, personne ne s’inquiète trop.

Qu’a dit Ben Bernanke ? Pas grand-chose, en fait. Il a concédé que l’économie n’était pas aussi vigoureuse qu’il l’espérait. Il a dit que les choses s’amélioraient, toutefois. Et il n’a pas parlé d’un QE3.

Alors pourquoi les marchés sont-ils malheureux ? Quelle différence font les paroles de Bernanke ?

Ah… c’est là que les choses deviennent bizarres. Les prix des actions ne sont désormais plus la responsabilité des acheteurs et des vendeurs, ni des haussiers et des baissiers… mais de la banque centrale américaine.

Bernanke a dit qu’il voulait des cours boursiers plus élevés. Il a utilisé le QE2 pour stimuler les marchés. Selon lui, « l’effet de richesse » pousserait les gens à se sentir plus fortunés. Ils dépenseraient donc plus d’argent — si bien qu’ils seraient plus fortunés.

Evidemment, vous voyez où est le problème. S’il était si facile de rendre les gens plus riches, pourquoi ne pas leur donner de l’assouplissement quantitatif tous les jours de la semaine ?

Sauf que les investisseurs savent comment les choses fonctionnent. Ils savent qu’on ne lutte pas contre la Fed. Si cette dernière essaie de pousser les prix des actions avec du cash et du crédit, on suit le mouvement. On achète des actions, confiant dans le fait que la Fed vous soutient.

L’économie empire, en fait… La hausse des prix pèse sur les budgets familiaux comme un cow-boy obèse sur un canasson étique.

Si bien que le marché boursier en vient à ne plus refléter ni l’économie ni ce que valent les actions. Il montre plutôt ce que les spéculateurs pensent pouvoir gagner en anticipant la prochaine manoeuvre de Ben Bernanke. Ils observent la Fed. S’il semble que Bernanke va injecter plus d’argent, ils achètent. S’ils ne sont pas sûrs, ils attendent. S’ils pensent que la Fed se retire du marché boursier, ils vendent.

Pour l’instant, ils vendent… parce qu’ils voient le QE2 prendre fin… et pas de QE3 à l’horizon.

▪ « Attendez une minute, Bill. Etes-vous en train de dire que la Fed manipule les marchés boursiers ? »

Ouaip.

« Mais c’est illégal ! »

Ouaip.

« Comment la Fed peut-elle le faire, alors ? Pourquoi les régulateurs n’y mettent pas le holà ? »

Oh là là, malheureux. Arrêtez de poser des questions idiotes. Le marché est truqué. Les organismes de contrôle font partie du montage. Tout ça est caractéristique du système financier zombie. Le dollar fait semblant d’être de l’argent réel. La dette fait semblant d’être du capital. Et les régulateurs font semblant d’être plus intelligents que les capitalistes.

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