La Chronique Agora

Pas de solution en vue pour la falaise fiscale aux Etats-Unis

▪ Les Etats-Unis sont au bord de la falaise, désormais… du précipice… de l’escarpement…

Et ils y sont accrochés seulement du bout des ongles.

Selon les médias grand public, s’ils glissent, ils tomberont à coup sûr dans les tréfonds de l’Enfer.

Reuters nous en dit plus :

« … les optimistes supposaient que le Congrès US et le président Barack Obama reviendraient après les élections avec un plan — peut-être une solution temporaire — pour éviter les 600 milliards de dollars d’augmentations d’impôts et de réductions de budget censées commencer en janvier qui menacent de remettre l’économie dans la récession ».

« Cela n’a pas été le cas ».

« Certains supposaient aussi que l’élection donnerait à un parti ou l’autre un avantage qui mettrait fin à l’impasse sur la manière de réduire le déficit national ».

« Cela n’a pas été le cas ».

« Le Bureau du budget du Congrès US (CBO), un organisme non-partisan, a répété la semaine dernière que faire sauter la falaise fiscale ferait grimper le taux de chômage de 7,9% à 9% ».

Les marchés boursiers ont déjà manifesté leur nervosité. Le Dow a perdu plus de 400 points sur les deux jours qui ont suivi la victoire d’Obama. Il n’y a pas eu de vrai rebond depuis. Les investisseurs sont inquiets…

Vous connaissez notre point de vue. Ce n’est pas une falaise… c’est un toboggan aquatique. Il y aura des cris de peur et d’excitation pendant la glissade. Et ensuite, tout le monde finira trempé jusqu’aux os !

▪ Faisons payer les riches
Le président Obama est sur les dents. On a appris ce week-end qu’il avait tiré la première salve de ce qui devrait être la « Bataille de la Falaise Fiscale ». Il a commencé en portant un coup direct aux 1%… les riches. Hé, ils peuvent payer plus d’impôts, a dit le président de tous les Américains. Dans le Economic Times of India :

« Le président Barack Obama a dit vendredi qu’il insisterait pour que les augmentations d’impôts concernant les Américains les plus aisés fassent partie des accords pour éviter une crise budgétaire à la fin de l’année, déclenchant une confrontation possible avec les républicains du Congrès qui déclarent qu’ils s’opposeront à toute augmentation de la fiscalité pour les riches ».

« Dans ses premières remarques de la Maison Blanche depuis sa réélection, Obama a clairement fait comprendre qu’il pensait que sa victoire avait validé sa campagne sans relâche pour que les Américains les plus riches paient plus, et qu’il s’attendait à ce que les républicains prennent ce message en compte ».

Nous n’avons pas d’argument à lui opposer. Certes, les riches peuvent payer plus d’impôts. Mais selon l’association que nous dirigions autrefois (dans les années 70 !) — la National Taxpayers Union (Union américaine des contribuables) –, les 1% de contribuables les plus aisés paient déjà 36% de tous les impôts fédéraux. En d’autres termes, ils paient 36 fois plus, proportionnellement, qu’ils le devraient. Reçoivent-ils plus d’avantages de la part de la SEC, de la FDA, de la CIA et de toutes les autres agences gouvernementales ? Reçoivent-ils plus de bons alimentaires ? Plus d’indemnités chômage ? Plus de remboursements de la Sécurité sociale ? Non ? Alors pourquoi devraient-ils payer plus ?

Peu importe. Les 1% de contribuables les plus aisés paient en moyenne 343 927 $ d’impôts. Cela semble plus qu’assez pour pas mal de monde.

▪ … Mais est-ce que ce serait vraiment utile ?
Oublions toute notion d’équité. Regardons simplement ce qui se passe quand les riches paient plus. Ce sont là des gens qui ont sans doute déjà accompli toutes leurs ambitions. Ils n’ont pas besoin d’acheter une plus grosse voiture ou une plus grosse maison — ils ont déjà tout ça. Alors si les autorités ne prenaient pas ces 343 927  , qu’arriverait-il à cet argent ?Il serait investi, bien entendu. C’est du capital, en d’autres termes. Ce dont on a besoin si l’on veut construire une nouvelle usine… inventer une nouvelle application… ou quoi que ce soit d’autre.

Parfois, les riches prennent de bonnes décisions d’investissement, parfois ils en prennent de mauvaises. Quoi qu’il en soit, ces capitaux — l’épargne des gens qui peuvent se permettre d’épargner — sont ce qui finance les nouveaux emplois, les nouvelles technologies et les nouvelles industries. C’est ce qui pousse une économie vers la croissance réelle, avec des salaires plus élevés… et une plus grande prospérité.

Au lieu de ça, que se passe-t-il quand les autorités prennent cet argent ? Il est consommé. Il permet d’acheter des drones. Ou de donner plus de médicaments aux personnes âgées. Ou peut-être est-il utilisé pour embaucher plus de régulateurs et d’administrateurs afin d’engluer plus encore l’économie.

Il vaudrait mieux — en termes de résultat final — laisser l’économie tomber de la falaise. Au moins les dépenses iraient-elles dans la bonne direction — vers le bas. Attendez… est-ce vrai ? Non ! Même ainsi, les autorités dépenseraient plus d’argent… simplement, elles n’en dépenseraient pas autant qu’elles l’avaient prévu. Cela laisserait toujours les Etats-Unis avec 8 300 milliards de déficits supplémentaires au cours des 10 prochaines années. Vous parlez d’une falaise !

En l’état actuel des choses, le Congrès US se tient au bord du précipice. Les politiciens se battent entre eux. Un groupe veut taxer les riches. L’autre veut réduire les dépenses. Ils se livrent bataille au bord du gouffre… chaque côté essayant de forcer l’autre à payer… chacun essayant de protéger ses propres clients zombie et électeurs zombie.

Qu’on leur administre une bonne poussée, à tous autant qu’ils sont !

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