La Chronique Agora

Particuliers : que faut-il retenir de la loi de finances pour 2024 ?

Ces évolutions seront à prendre en compte lors de vos prochaines déclarations d’impôts. 

Voici les principales mesures de la loi de finances à retenir pour 2024 pour les particuliers.

Le barème de l’impôt sur le revenu et le prélèvement à la source

Afin de tenir compte de l’inflation, le barème de l’impôt sur le revenu et des tranches des grilles de taux est revalorisé par défaut de 4,8%. En revanche, le barème de l’IFI n’est pas revalorisé.

La logique du prélèvement à la source pour les couples mariés et pacsés sera inversée à compter du 1er septembre 2025 par l’application du taux individualisé par défaut. Pour l’année 2024, le principe reste par défaut l’application d’un taux commun.

Cette évolution est à mettre en parallèle avec les changements concernant la solidarité fiscale et le projet de loi en cours de discussion.

Les réductions et crédits d’impôt

La réduction d’impôt pour dons aux organismes d’aide aux plus démunis (réduction au taux de 75% dans la limite de 1 000 €) est prorogée jusqu’au 31 décembre 2026. De plus, on relève l’extension du champ d’application du plafond de 1 000 € avec une réduction d’impôt à 75% aux dons à la Fondation du patrimoine, dans le but de financer les travaux de restauration des édifices religieux.

Création du PEAC (plan d’épargne avenir climat) destiné aux personnes de moins de 21 ans. Le plafond de versements est identique à celui du Livret A, soit 22 950 € actuellement. L’épargne constituée doit être affectée principalement au financement de la transition écologique. Les produits et plus-values de placements effectués dans un PEAC sont exonérés d’impôt sur le revenu et également de prélèvements sociaux. A noter que l’ensemble du dispositif entrera en vigueur à une date fixée par décret, et au plus tard le 1er juillet 2024.

Réduction d’impôt IR-PME. Prorogation jusqu’au 31 décembre 2025 de la réduction d’impôt pour souscriptions au capital de PME au taux majoré de 25% (taux également applicable pour les souscriptions au capital d’entreprises solidaires d’utilité sociale et aux foncières solidaires). La réduction d’impôt sur le revenu pour souscription au capital de PME est élargie aux souscriptions au capital de JEI et JEIC (réduction d’impôt de 30%) et au JEIR (JEI de rupture, réduction d’impôt de 50%).

Alignement du régime fiscal micro des locations de meublés de tourisme sur le régime microfoncier (abattement de 30% au lieu de 71% dans la limite de 15 000 € de chiffre d’affaires au lieu de 188 700 €), sauf en zone rurale (abattement de 51% dans la limite de 15 000 € de chiffre d’affaires). Le gouvernement a précisé qu’il s’agissait d’un amendement repris par erreur, et sur lequel il reviendrait l’an prochain. Ces aménagements s’appliquent à compter de l’imposition des revenus de 2023, donc en mai/juin 2024 pour déclarer les revenus 2023. Dès lors, il faudra être vigilants au moment des déclarations de revenus en 2024, et vérifier les dispositions dans les millésimes normalement disponibles en avril 2024… 

Les plus-values des particuliers

Une mesure notable concerne le dispositif du report d’imposition des plus-values prévu à l’article 150-0 B ter du CGI dit « d’apport-cession », dans l’hypothèse où le réinvestissement est réalisé via certaines structures de capital-investissement.

Un article de la loi de finances modifie la composition du quota d’investissement de 75% que ces structures sont tenues de respecter, en l’alignant sur celle des fonds « fiscaux » et des sociétés de capital-risque, tout en limitant les investissements pris en compte.

Pour rappel, l’article 150-0 B ter du CGI prévoit un report d’imposition de plein droit des plus-values d’apport de titres réalisées par les personnes physiques directement ou par personne interposée lorsque l’apport est fait à une société soumise à l’impôt sur les sociétés (IS) contrôlée par l’apporteur. Le report d’imposition prend fin, notamment, lorsque la société bénéficiaire de l’apport procède à la cession à titre onéreux, au rachat, au remboursement ou à l’annulation des titres apportés dans un délai de trois ans à compter de l’apport, sauf si elle prend l’engagement de réinvestir dans un délai de deux ans à compter de la cession au moins 60% du produit de la cession dans une activité économique.

Les prélèvements sociaux afférents aux plus-values latentes constatées lors du départ à l’étranger seront restitués, sous réserve de pouvoir justifier avoir toujours été en possession de leurs titres à l’expiration d’un délai de huit ans. Les contribuables visés sont ceux ayant transféré leur domicile fiscal hors de France entre le 3 mars 2011 et le 31 décembre 2013. Il est donc possible de présenter une réclamation en vue d’obtenir le dégrèvement.

Pacte Dutreil et activités éligibles

Le dispositif appelé « Dutreil-transmission » prévoit que les transmissions par décès et les donations de parts ou actions de sociétés ayant fait l’objet d’un engagement de conservation sont, sous certaines conditions, exonérées de droits de mutation à titre gratuit à concurrence des trois quarts de leur valeur (CGI art. 787 B).

Cette exonération est subordonnée entre autres conditions à l’exercice d’une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale. La loi de finances pour 2024 a apporté des précisions sur les activités non éligibles et celles qui le sont légalement.

IFI et déduction des dettes

Pour la détermination de la valeur taxable à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) des parts ou actions de sociétés, l’article 27 de la loi de finances pour 2024 interdit, dans une certaine limite, la prise en compte des dettes contractées par la société qui ne sont pas afférentes à des actifs imposables.

Ces dispositions visent à assurer l’application uniforme des règles de déductibilité des dettes tant pour l’évaluation de la fraction imposable des titres de société que pour celle des biens et droits immobiliers imposables, l’objectif étant d’harmoniser l’assiette de l’IFI, que les redevables possèdent un patrimoine immobilier en direct ou via une société.

En pratique, il convient donc de distinguer deux cas.

Ces dispositions s’appliquent à l’IFI dû à compter de 2024. La mise en place de cette mesure devrait nécessiter un changement dans les formulaires déclaratifs afin de permettre de détailler le passif déduit.

Contrôle fiscal et investigations sur Internet

Depuis février 2021, la DGFIP est autorisée à collecter et à exploiter aux moyens de traitements informatisés et automatisés les contenus librement accessibles par les utilisateurs des plateformes en ligne, sans toutefois échanger avec les internautes.

La loi de finances pour 2024 a prorogé et étendu cette expérimentation. Sur habilitation, les agents peuvent mener des enquêtes actives sous pseudonymes (identité d’emprunt ou faux comptes pour nourrir des échanges électroniques) en cas d’activités occultes, d’insuffisances de déclarations, comptes à l’étranger, activités illicites (art L 10 O AD du LPF). Entrée en vigueur : publication du décret sur les modalités d’application.

[NDLR : Retrouvez plus d’informations et des conseils en fiscalité des particuliers comme des entreprises sur le site de Céline Granier : https://www.granier-avocat.com/]

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