Pedro, François, Tchang et les autres
Si vous vous promenez dans La Havane ou ses alentours, vous sentez parfois une drôle d’odeur d’oeuf pourri : ce sont les gaz d’échappement des centrales électriques brûlant du pétrole local. 95% du pétrole cubain (85 000 barils par jour) comme du gaz naturel sont issus de la côte nord de l’île. Mais ce pétrole est chargé de soufre. Outre son odeur, il corrode les métaux des turbines bien plus vite que le brut de bonne qualité. Le gouvernement espère trouver des réserves plus importantes au large de cette côte. Une étude américaine a estimé les réserves entre 4,6 et 9,3 milliards de barils, sans compter 280 à 620 milliards de m3 de gaz naturel.
L’exploration pétrolière, dont les résultats semblent en effet prometteurs, est menée par des entreprises étrangères ayant passé des accords de partage de la production avec Cuba. Elles y ont investi 1,5 milliards de dollars en recherche/exploration. Ces entreprises sont indiennes, norvégiennes, vénézuéliennes, malaisiennes, espagnoles, mais évidemment pas américaines. Ainsi s’affairent l’Espagnol Repsol, les Canadiens Sheritt et Pebercan, mais aussi le Chinois Sinopec, la compagnie nationale de Malaisie, et le Norvégien Norsk Hydro, par ailleurs spécialisé dans le forage en eaux profondes.
Le golfe du Mexique est tout proche avec ses réserves d’or noir géopolitiquement sûres. Il y a donc de bonnes raisons de penser que des gisements de pétrole et de gaz sont disponibles à Cuba ou dans ses eaux territoriales. Le gouvernement américain vient de lever une ancienne interdiction de forage off-shore sur son plateau continental. Comment pourrait-il supporter longtemps que des réserves significatives échappent aux Etats-Unis à seulement 100 mètres de leurs côtes ?
Une libéralisation lente, progressive mais irréversible est en cours dans la grande île. Intérêt géopolitique pour les Etats-Unis, intérêts économique et énergétique, changements politiques inéluctables… tout cela milite, vous l’aurez compris, pour de profonds changements à venir. Ce qui pour vous, investisseur, veut dire de grandes opportunités.
Pariez sur le Cuba post-Castro
Tenez-vous prêt à oublier momentanément la Chine, l’Inde et les dragons du Sud-Est asiatique. L’un des prochains endroits où investir est Cuba. Dès que les "Castro brothers" auront fait leur dernier tour de piste et passé la main, les opportunités d’investissement vont littéralement exploser ! Cuba est moins à la mode depuis quelques années ; les visites tapageuses des intellectuels ou des stars engagées ne sont plus de mise. Et puis Fidel n’est plus ce qu’il était… Aujourd’hui, l’île revendique une croissance de 10%.
Mais réellement, de quoi vit Cuba ? Eh bien, l’exploitation du nickel est l’industrie numéro un du pays. Et devinez qui achète principalement ce nickel ? Les Chinois bien sûr… Ensuite, on trouve la fabrication de médicaments, le tabac bien évidemment, la canne à sucre. Et le tourisme, enfin, qui rapporte environ 2,1 milliards de dollars par an. Mais ça ne suffit pas pour assurer l’indépendance économique de l’île.
Les 11,2 millions d’habitants n’ont pour la plupart connu que le régime castriste. Hugo Chavez n’en finit pas d’aider La Havane à coups de pétrodollars. Ces échanges représentent plus de sept milliards de dollars. La Chine est aussi très présente à Cuba : deuxième partenaire de l’île, la Chine a accordé des crédits préférentiels permettant aux Cubains d’acheter du matériel électronique ou des autobus, tandis que Cuba lui vendait du nickel, du sucre et des médicaments.
Pourquoi commencer à vous intéresser maintenant à Cuba en tant qu’investisseur ? Parce que ça va bouger…
La fin d’une époque
Le peuple commence à prendre la parole et réclame sans crainte ces évolutions : liberté de voyager, liberté d’accès à Internet, fin des pesos non-convertibles. Cela sent la fin d’une époque et sans doute d’un régime, un peu comme ce qui s’est passé dans les pays de l’Est à la fin des années 80.
Pour soulager la pression, je vous disais par exemple que Raul Castro avait autorisé les Cubains à acheter des téléphones portables. Tout cela n’est pas rien (un nouveau marché s’ouvre) mais il y a plus significatif. Le pays a annoncé qu’il ratifiait le pacte des Nations unies sur les droits de l’Homme, ce qui entraîne dès 2009 un contrôle par un rapporteur de l’ONU sur cette question.
Dans la foulée, l’Union européenne, au grand dam des Américains, a décidé ce même mois de lever les sanctions prises à l’encontre de Cuba en 2003, bien que purement théoriques ; c’est un message fort envoyé aux dirigeants cubains alors que l’embargo de Washington continue. Mais c’est aussi une marque d’intérêt économique pour l’île.
Cuba a des besoins immenses en infrastructures, en logements ; elle doit réformer son agriculture et la moderniser, optimiser son industrie, développer son tourisme (qui a régressé l’année dernière). Il suffira que les Castro quittent le pouvoir, et que l’embargo américain s’allège (Obama pourrait bien le décréter s’il est élu), et ce sera la ruée des investisseurs américains. L’Europe entend jouer sa carte, n’oublions pas que Cuba était autrefois espagnol…
Il faut vous positionner AVANT les autres
Tout cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais une fois le processus enclenché, il peut aller vite. Et si cette fois les Américains sont aux premières loges, ce sont les compagnies américaines qui en profiteront le plus. Il vous faudra donc y être préparé.
N’oubliez pas que Cuba restera un petit marché, avec ses 11 millions d’habitants. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’opportunités réelles et par conséquent des profits substantiels pour ceux qui se seront placés assez tôt.
Certains sont déjà dans les starting-blocks
Lorsque l’embargo sera levé, la contrepartie non-négociable sera la restitution totale ou partielle des avoirs qui ont été saisis. Cela devrait rapporter gros à des sociétés comme Starwood Hotels ou Officemax, cette dernière ayant possédé la Cuban Electric Co., saisie en 1959.
Cuba aura besoin de reconstruire ses infrastructures, notamment en eau et en électricité. Il faudra livrer des matériaux de toutes sortes pour reconstruire le pays, par air et par mer. Mais Cuba ne possède pas de port capable d’accueillir les bateaux modernes de type porte-container, il faudra donc utiliser les compagnies disposant de bateaux à faible jauge, une compagnie comme Trailer Bridge par exemple qui en tirera de substantiels profits.
Le tourisme bien sûr, sera au premier rang des investissements. En profiteront des spécialistes en croisière, comme Royal Caribbean, ou des groupes hôteliers comme le Français Accor.
Ce sont, pour ce qui est de l’impact apporté par Cuba, des investissements de très long terme. Nous n’en sommes pas encore là. En attendant, vous pouvez dès maintenant vous intéresser à Cuba en utilisant deux vecteurs, que je détaille ce mois-ci dans le dernier numéro de ma lettre d’information, Défis & Profits.
Meilleures salutations,
Jean-Claude Périvier
Pour la Chronique Agora
(*) Parallèlement à sa carrière dans le conseil aux entreprises et l’intelligence économique, Jean-Claude Périvier s’intéresse à la Bourse et à l’investissement depuis 1986. Analyste de talent, il excelle à détecter et anticiper les tendances futures… pour en déduire les meilleures opportunités de gain dans sa toute nouvelle lettre d’information, Défis &Profits.