Dans son dernier rapport trimestriel, la Banque des règlements internationaux a lancé une alerte rouge à la prolifération de zombies engendrée par les parasites bancaires.
Les zombies sont des entreprises non-viables mais qui parviennent à survivre grâce à des taux d’intérêt anormalement bas.
Selon l’analyse de la BRI, les zombies détournent des ressources qui autrement iraient à des projets rentables ce qui conduit à ralentir la croissance économique.
Le terme de zombie est apparu lors de la crise du Japon et sa décennie perdue de 1990 à 2000. Techniquement, un zombie désigne :
« Une entreprise qui est incapable d’acquitter les intérêts de sa dette avec ses bénéfices courants sur une longue période ».
Plus précisément, la « longue période » retenue est de trois ans. Le zombie doit aussi être une entreprise âgée de plus de 10 ans dont les perspectives de croissance sont faibles. C’est ce que la BRI appelle la définition étroite.
Comme vous le montre ce graphique, les zombies représentaient moins de 1% de toutes les entreprises non financières cotées de 14 pays développés en 1990, elles en représentent désormais 12% et elles ont 85% de chance de rester en vie.
Pour la BRI, cette prolifération est due « à une réduction de la pression financière » qui elle-même résulte de la baisse des taux d’intérêt. Effectivement, comme nous le répétons souvent dans ces colonnes, cela fait 35 ans que les taux d’intérêt baissent.
Un exemple concret de zombie ? En voilà un sur un plateau, cher lecteur : les entreprises du gaz et du pétrole de schiste qui devaient « rendre sa grandeur à l’Amérique » en les consacrant à nouveau rois du pétrole. Encore un boom bidon, remarquait récemment Bill Bonner. Ce que nous anticipions dès 2014 est enfin révélé au grand jour.
Le New York Times :
« Les 60 entreprises d’exploration et de production ne génèrent pas assez de cash pour couvrir leurs dépenses de fonctionnement et d’investissement. En global, de mi-2012 à mi-2017, elles avaient un manque de trésorerie de neuf milliards de dollars par trimestre.
Ces sociétés ont survécu parce que, malgré les sceptiques, nombreux sont ceux qui, dans l’industrie financière, sont prêts à continuer à les alimenter en capitaux et à accepter leurs commissions. Entre 2001 et 2012, Chesapeake Energy, une pionnière du fracking, a vendu pour 16 milliards de dollars d’actions et 15,5 milliards de dollars d’obligations, versant à l’industrie financière plus d’1,1 milliard de dollars de commissions, selon Thomson Reuters Deals Intelligence.
Tout cela, c’est la partie officielle. Plus discrètement, Chesapeake a levé au moins 30 milliards de dollars supplémentaires en vendant des actifs et en passant des accords ‘à la Enron’, dans le cadre desquels l’entreprise obtenait ce qui était, dans les faits, des prêts remboursés par les futures ventes de gaz naturel.
Mais la Chesapeake était en pleine hémorragie de cash. Entre 2002 et la fin 2012, elle n’a jamais enregistré de flux de trésorerie positif avant ses ventes d’actifs ».
Mais où sont passés ce crédit subprime et ces obligations pourries ?
Le rapport de la BRI nous met sur la piste. Il identifie une autre cause de reproduction des zombies : la faiblesse des banques.
En effet, les banques qui survivent malgré leurs montagnes de créances douteuses entretiennent en vie les zombies qui sinon disparaîtraient avec elles.
Les « prêts non performants », au lieu de causer la faillite des banques, s’entassent dans les banques centrales, dans les bad banks ou « structures de défaisance ». Or comme nous le répétons inlassablement, le capitalisme sans la faillite est comme le christianisme sans l’enfer ou le communisme sans le goulag, un système boiteux et incomplet qui ne peut fonctionner correctement.
Ce sont les parasites qui protègent les zombies.
Comme le dit Jim Rickards, « le parasite suce le sang de son hôte pour survivre, mais ne contribue en rien à son bien-être ». Le système bancaire financier conçu en 1971 est parasite. Les banques ne sont plus des intermédiaires d’argent prêtable. Elles prêtent de l’argent qui n’existe pas et ne leur a rien coûté et se payent sur les bénéfices de la bête. Lorsqu’il n’y a pas de bénéfice, elles ne perdent pas d’argent et ne font pas faillite. Un banquier central compatissant baisse les taux et les zombies survivent.
Ainsi, le sang de l’économie productive est sucé par les parasites et partiellement transfusé aux zombies.
C’est tout le secret de la « croissance molle » et de l’anémie de votre pouvoir d’achat. Le futur est déjà hypothéqué depuis belle lurette. Nous travaillons pour rembourser ce qui a déjà été gaspillé par d’autres.