La Chronique Agora

Ouragan en Floride et rafale de records à Wall Street

Hurricane, tornado view from space. Elements of this image furnished by NASA. High quality photo

La hausse forcenée des cours de Bourse est tout sauf une coïncidence.

Après des « stats » de créations d’emplois aux antipodes des attentes (qui ont provoqué une brusque remontée des taux de 35 points en une semaine sur le dix ans), un risque d’embrasement imminent du Proche-Orient, rien ne vaut apparemment un bon ouragan de catégorie 5 pour raviver l’optimisme de Wall Street.

Chute des T-Bonds (et flambée symétrique des rendements), guerre impliquant plusieurs pays producteurs de pétrole (Syrie/Iran), puis catastrophes naturelles et dévastations à grande échelle… Voilà, semblerait-il, le triptyque gagnant qui propulse Wall Street vers de nouveaux sommets.

Alors que l’ouragan Milton vient balayer la côte ouest de la Floride et submerger le front de mer de Tampa Bay, les vents haussiers soufflent en rafale sur le sud de Manhattan, avec un déluge de records à la clé : le Dow Jones grimpe de +1,05% à 42 512 points (l’indice pulvérise le précédent record de clôture de 42 353 points du 4 octobre), le S&P500 réalise le doublé intraday/clôture (5 796 points/5 791 points), et le Nasdaq 100 repasse les 20 250 points et termine à 2% de son record absolu.

Plus le soir des présidentielles américaines se rapproche, plus Wall Street semble déconnecté du réel, bien aidé – il est vrai – par une Fed qui fournit toujours la paire de lunettes roses pour réinterpréter positivement les données économiques, qui semblent repousser la perspective d’un assouplissement plus vigoureux de la politique monétaire au 4e trimestre (avec pourquoi pas encore deux fois -50 points de base)… Cet espoir constitua du 11 au 30 septembre le principal moteur d’une envolée de 5%.

Et voilà que Wall Street se déconnecte de ses propres fondamentaux : enterré le scénario des -50 points à chaque meeting, on sera bien heureux si la Fed consent seulement à retrancher 25 points dans quatre semaines, au lendemain des présidentielles, dont le résultat apparaît pour le moins incertain.

Les T-Bonds se retendent vers 4,055%, le deux ans repasse la barre des 4,000%, le trente ans se stabilise péniblement vers 4,3250%, son pire score depuis le 31 juillet dernier (et c’est également le cas du dix ans).

A n’importe quel moment d’un cycle haussier des indices US, un surgissement de +30 à +35 points des rendements obligataires en moins de trois semaines aurait occasionné l’effacement de tous les gains depuis la fin du mois de juillet.

Mais pas cette année, pas à quatre semaines du scrutin : il est inutile de « raisonner le marché », et même de trouver une logique qui sous-tend le raisonnement du marché, parce qu’à mon avis, il n’est pas question de « marché », ni de raisonnement – mais principalement de manoeuvre politique.

La Fed et la plupart des multinationales du S&P 500 (80% d’entre elles) se cachent à peine de soutenir le camp démocrate, il n’a qu’à faire l’inventaire des dons au profit de Kamala Harris des géants de Wall Street (et la disproportion côté firmes de la Silicon Valley est vertigineuse, au détriment de Donald Trump qui ne collecte pratiquement aucun fonds).

Aussi artificiel que soit le niveau des indices US et la hausse depuis début septembre, « l’effet de richesse » qu’il entretient a toujours assuré la réélection du camp au pouvoir depuis 1984… sans exception.

Coïncidence – certes parfaite – n’est pas causalité… Mais la hausse forcenée des cours de Bourse dans les circonstances que nous avons décrites est tout sauf une coïncidence, et c’est la causalité à peine dissimulée du rallye en cours.

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