La Chronique Agora

Où stocker votre or ? Un « bon tuyau » méconnu

Deux spécialistes de l’or vous confient leurs recommandations pour stocker vos métaux précieux dans de bonnes conditions – à commencer par un endroit qui ne manque pas d’atouts (ce n’est pas la Suisse !).

La 15ème mouture du rapport In Gold We Trust a été publiée le 27 mai 2021. Depuis l’édition 2019, Ronald-Peter Stöferle et Mark J. Valek (S&V) procèdent à un audit détaillé des meilleures destinations pour stocker ses métaux précieux physiques.

Stratégie de stockage à l’international : quelques rappels

En deux mots, je rappellerai que l’idée est d’accroître le niveau de sécurité de vos avoirs en optant pour un pays ou des pays qui présentent de bien meilleures garanties que la France sur un certain nombre de critères :

– stabilité politique, économique et fiscale ;

– respect des libertés financières individuelles (des ressortissants domestiques mais également des étrangers) ;

– respect du droit de propriété (idem) ;

– culture domestique vis-à-vis des métaux précieux.

Eh oui car, comme l’écrit Jim Rogers, « le capital est agnostique. […] Tout ce qui l’intéresse, c’est la sécurité et l’obtention du meilleur rendement ».

Avec la pandémie, les mesures étatiques restrictives de libertés et le changement de braquet intervenu au niveau du couple politique budgétaire/politique monétaire, la question du stockage est « plus importante que jamais », écrivent S&V.

Comme S&V le relevaient dans leur rapport IGWT 2020 :

« Dans la tourmente actuelle autour de la Covid-19, les lois et protections normales sont suspendues. La répression financière et les contrôles des capitaux ne feront que s’intensifier, parallèlement à l’émission de plus en plus importante de dettes par les Etats. »

N’imaginez pas que le contrôle des capitaux soit une technique de répression financière réservée aux Chinois ou aux Vénézuéliens. S’il n’est urgent d’agir pour stocker vos métaux à l’abri des mains gloutonnes de l’Etat, il est en tout cas pressant d’y réfléchir.

En 2019, je vous avais restitué l’audit que les deux analystes d’Incrementum avaient fait du Liechtenstein, de la Suisse et de Singapour. En 2020, S&V nous avaient fait voyager dans des contrées un peu plus ensoleillées puisque c’était en Nouvelle-Zélande, en Australie et à Dubaï que nous nous étions rendus avec eux.

Cette année, nous allons explorer des territoires qui nous sont pour la plupart assez familiers puisque ce sont l’Autriche, les Etats-Unis et les îles Caïmans que nous allons « fact checker » en compagnie de nos deux guides. Une fois encore, S&V nous offrent une lecture pleine de surprises…

Honneur au pays dont sont originaires les deux associés d’Incrementum !

Zoom sur l’Autriche, « le bon tuyau des initiés au cœur de l’Europe » qui pâtit de l’ombre de la Suisse

Je ne connais pas grand-chose de l’Autriche. En 37 ans d’existence, je n’ai passé qu’un week-end à Vienne.

Si je n’avais pas lu la présentation qu’en ont fait S&V, je n’aurais pas eu grand-chose à vous raconter de ce pays qui se situe pourtant au cœur de l’Europe, hormis le calme qui se dégage de Vienne, sa production industrielle de skieurs et la renommée mondiale de l’orchestre philarmonique de sa capitale.

Cependant, dans le microcosme des métaux précieux, l’Autriche est considérée comme un « bon tuyau » que se refilent les insiders, nous confient S&V. Un « bon tuyau » assez méconnu du grand public puisque le pays évolue en la matière dans l’ombre de son voisin suisse.


S’il est bien un aspect de l’Histoire autrichienne qu’il est important d’avoir à l’esprit en tant qu’épargnant, c’est sans doute la neutralité perpétuelle de ce pays dans les relations internationales.

Adopté par le Conseil national de l’Autriche le 26 octobre 1955, ce principe était la condition imposée par l’URSS pour que le pays recouvre son indépendance après 10 ans de tutelle militaire des Alliés. Cette concession a évité à l’Autriche un destin similaire à celui de l’Allemagne, divisée en 1949 entre RFA et RDA, le chancelier Adenauer ayant strictement refusé cette option, lui préférant celle du Westbindung (l’« attache à l’ouest ») de la RFA.

Concrètement, la dernière version de la Constitution fédérale autrichienne dispose ceci :

« L’Autriche s’engage à une défense nationale globale. Le devoir de celle-ci est de préserver l’indépendance de l’extérieur ainsi que l’inviolabilité et l’unité du territoire national, en particulier pour le maintien et la défense de la neutralité permanente. Elle protège et défend également les institutions constitutionnelles et leur fonctionnement ainsi que les libertés démocratiques des habitants contre les attaques violentes de l’extérieur. »

Comme la Suisse, l’Autriche est donc un pays neutre, ce qui garantit en théorie l’intégrité et l’inviolabilité de son territoire. Etabli dès 1815 chez les Helvètes (Congrès de Vienne et Traité de Paris), ce principe avait permis à ces derniers de traverser en particulier deux guerres mondiales sans être trop inquiétés, ce qui en fait une caractéristique très appréciable du point de vue de l’épargnant en métaux précieux.

L’Union européenne ne devrait pas changer grand-chose à la situation dans les années à venir puisque, s’il y a un domaine dans lequel Bruxelles peine à intégrer les Etats membres, c’est bien le militaire !

Discrétion et secret bancaire

Au-delà de cette règle diplomatique, il est un autre point qui rapproche Vienne de Berne. Comme le relèvent S&V au sujet du premier :

« Il s’agit de l’un des rares pays où le secret bancaire et la discrétion financière répondent aux normes les plus élevées. Néanmoins, l’Autriche ne pâtit pas de la notoriété et de la mauvaise image médiatique propre à de nombreux paradis fiscaux. »

Il existe donc des pays où l’épargnant dispose encore d’un haut niveau de confidentialité vis-à-vis de l’Etat, et ce au sein même de l’Union européenne.

Sur le plan économique, l’Autriche n’a pas grand-chose à envier à la France puisque le PIB par habitant s’y monte à presque 54 000 $ (contre 45 000 $ chez nous), avec une dette publique qui ne se montait « qu’à » 70% du PIB avant la pandémie, et à environ 80% aujourd’hui (contre environ 100% et 120% chez nous).

Sans pour autant que l’on se situe au niveau de l’Estonie ou du Luxembourg, l’expression « conservatisme budgétaire » a encore un sens dans ce pays. C’est un aspect crucial de la question, puisque les privations de libertés ont une vilaine tendance à augmenter avec le taux d’endettement des Etats.

Sur le plan des métaux précieux, au moins deux choses doivent être dites. Tout d’abord, si l’Autriche est tout sauf un grand producteur d’or (25 kilos extraits de terre en 2003…), ce pays bénéficie d’une longue tradition en matière de frappe de monnaies.

Comme le rappellent S&V :

« L’Autriche abrite l’une des fabriques de monnaies parmi les plus anciennes et les plus prestigieux d’Europe, la Monnaie autrichienne, qui peut se prévaloir de près de 1 000 ans d’histoire. »

Fondée à la fin du XIIème siècle, ce qui est devenu la Münze Österreich frappe comme vous le savez « la magnifique ‘pièce philharmonique’ [a.k.a. Philarmonique de Vienne], qui est non seulement la pièce d’or la plus vendue en Europe, mais également la seule libellée en euros ».

Dans un prochain billet, nous verrons que l’attrait de l’Autriche pour les investisseurs en or physique est loin d’être une relique du passé !

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