▪ « Est-ce qu’il y a des choses de Londres qui vous manquent ? » nous a demandé un chauffeur de taxi.
« Eh bien… »
A ce moment précis, rien ne nous venait — pas la moindre chose qui nous manquait depuis notre départ de Londres. Nous avions « fait » Londres.
Mais… « Quand un homme s’est lassé de Londres », a écrit de Docteur Johnson, « il s’est lassé de la vie ». Nous ne nous sentons pas lassé de la vie… ou de Londres. Simplement, la ville ne nous manque pas.
« Eh bien… j’imagine que l’activité de la ville me manque… Il y a tant de choses à faire à Londres. Baltimore n’est qu’une petite ville, en comparaison ».
Chaque mot de cette phrase était vrai. Mais ce n’était pas entièrement ce que nous pensions. Nous étions d’avis qu’il vaut mieux vivre à Baltimore ! Moins de trafic. Plus gérable. Plus vivable.
Nous nous sommes interrompu, incrédule. Nous avons pris une grande respiration. Que disions-nous là ? Impossible ! Comment Baltimore pourrait-elle être un meilleur endroit où vivre que Londres ? Il y a 10 ans, nous n’aurions jamais imaginé une chose pareille.
Mais les villes sont comme les femmes. On cherche différentes choses à différentes étapes de la vie. Si on a de la chance, on les trouve toutes dans la même femme. Le Washington Post contribue au débat avec une carte montrant « les meilleurs pays où naître ».
Données provenant de l’Economist Intelligence Unit (Max Fisher/Washington Post)
« Si vous veniez au monde aujourd’hui en pouvant choisir votre nationalité, il y a au moins 15 meilleurs choix que naître Américain, selon une étude de l’Economist Intelligence Unit. […] Si l’on regarde la carte, on constate que les pays les plus riches du monde sont bien classés, sans toutefois figurer parmi les meilleures places. Les Etats-Unis et l’Allemagne, deux des locomotives économiques mondiales, sont seizièmes ex-aequo ; le Japon est vingt-cinquième. La France et la Grande-Bretagne sont pires encore ».
« Fait surprenant, les pays les mieux classés comprennent aussi deux villes-Etat super-riches, Hong Kong et Singapour, en plus de Taiwan. J’admets avoir été surpris par les données suggérant qu’un nouveau-né aujourd’hui s’en sort mieux en étant taïwanais qu’américain ou allemand, notamment parce que la population vieillissante et la natalité en déclin à Taïwan pourraient mener à un ralentissement de l’économie. Mais il est vrai que Taïwan profite d’une bonne liberté politique, tandis que les niveau de vie et la santé vont en s’améliorant ».
Trop tard pour nous ! Nous sommes né il y a longtemps. De toute façon, cette étude ne veut pas dire grand-chose. Parce que le meilleur endroit où vivre, c’est celui où se trouve votre famille. Et elle n’est pas « en Allemagne » ou « aux Etats-Unis ». Elle est dans un endroit spécifique… avec des amis bien particuliers, des idées, des parents, des emplois et de la richesse. Une personne née dans la bonne famille au Mexique ou au Liban a une belle longueur d’avance sur quelqu’un qui serait né dans la mauvaise famille aux Etats-Unis. En fait, on trouve aux Etats-Unis certains des gens les plus misérables de la planète — il suffit de regarder la télévision pour s’en convaincre.
Ces études essaient de définir une « personne moyenne ». Mais personne n’est une « moyenne ». Nous sommes tous particuliers et uniques. Et nous vivons de manière spécifique… dans des endroits spécifiques. Nous ne vivons pas dans des pays. Nous vivons dans des villes… des zones… des quartiers.
Où vaut-il mieux être ? Tout dépend. Et l’une des choses dont cela dépend, c’est où l’on en est dans la vie.